Parallèlement, chaque fois qu'elle en avait l'occasion, elle critiquait le gouvernement, y compris dans les journaux. Et ces propos étaient au risque de sa vie. En dépit de cette manière d'être, peu commune vu ses fonctions, elle n'était pas mise à l'écart. Il faut comprendre que, meilleure danseuse du moment, elle apparaissait comme l'une des artistes les plus aptes à exporter à l'étranger l'image du communisme à travers la danse. C'est pour cette raison qu'elle a pu continuer à partir en tournée, alors que ses propos auraient pu la conduire en prison.
Si je suis en mesure de réaliser ce livre, vibrant témoignage d'admiration, presque message d'amour, c'est en raison des liens d'amitié vieux de plus de vingt ans qui me lient à Maïa Plissetskaïa. Maïa la danseuse, qui m'émut tant la première fois que je la vis sur scène. Maïa la femme, face à laquelle une spontanéité réciproque a toujours été de mise. Maïa l'artiste enfin, pour qui je réalisai des costumes de scène chaque fois qu'elle me le demandait, à une époque où introduire un créateur capitaliste à Moscou était une gageure.
On la dit distante, elle est simplement secrète. Le fait de ne parler ni français ni anglais n'est sans doute pas étranger à l'impression qu'elle peut donner. Ce qui n'échappe à personne en revanche, c'est que cette femme est simple, discrète, et d'une sensibilité à fleur de peau.