Carmontelle

Après avoir abordé Collé, je continue avec celui qui semble avoir pris sa suite à la cour du duc d’Orléans : Louis Carrogis de Carmontelle. Il s’est adonné à différentes activités artistiques, plutôt dans un esprit d’arts appliqués : peinture, dessins, gravures, transparents pour lanterne magique, mais aussi architecture et paysagisme entre autres. Il a également écrit des petites pièces pour la société de la cour du duc, qui au départ semblent avoir été juste des canevas sur lesquels on pouvait improviser. Mais il finira par écrire des véritables saynètes : les deux premiers volumes de Proverbes dramatiques paraîtront ainsi en 1768. D’autres suivront, une centaine en a été conservée.



C’est très court, et le principe est de faire jouer une scène, les spectateurs devant trouver le proverbe dont elle s’inspire, comme par exemple Les deux font la paire, Souffler n’est pas jouer etc.



Le deuxième tome de la Pléiade consacré au théâtre français du XVIIIe siècle en propose une sélection de 6

- Les deux amis

-Alménrade

-Le peintre en cul-de-sac

-Le chanteur italien

-Le boudoir

-La robe de chambre



C’est très bref, un peu sec, il n’y a pas vraiment de progression narrative, il s’agit de dresser un tableau, une situation, qui arrive à suggérer le proverbe à trouver. Ainsi, dans Le chanteur italien, le maître de maison, M. de Saint-Hygin décide de marier sa fille, un ami lui parle d’un riche Italien récemment arrivé et décidé de s’installer en France et qui serait le candidat idéal. Le père lui demande de l’amener de suite, d’autant plus que sa fille organise un concert de musique italienne. Lorsque un Italien arrive, Saint-Hygin lui saute littéralement dessus pour lui proposer le mariage. Malgré les résistances de l’homme, le maître de maison insiste de plus en plus, sans laisser parler l’étranger. L’ami revient expliquant que l’homme est parti à la campagne : l’Italien à qui Saint-Hygin proposait de marier sa fille n’était que le chanteur venu pour le concert, d’où ses refus. Le proverbe à deviner étant A l’impossible nul n’est tenu.



Les autres fonctionnent sur le même principe. Les scènes peuvent se passer dans le beau monde, mais aussi dans des milieux plus modestes ou exotiques. Leur intérêt principal étant de dépeindre des scènes quotidiennes avec un certain naturel et une forme de réalisme. Mais c’est aussi ce qui fait la limite de ces textes, qui ne dépassent pas une description illustrative sans grand apport littéraire. Néanmoins cela aura du succès en son temps, et Musset va s’en inspirer, mais il faut le reconnaître avec un tout autre talent, donnant une tension et une intention réelle aux tableaux.



Une curiosité.