André Caroff

« De Gaulle avait dit que les Français étaient des veaux… Jospin les traitait de moutons… Chirac disait qu’ils faisaient le complexe du lapin parce qu’ils supportaient tout à partir du moment où ce “tout” ne venait pas de la droite. » (p. 27)

C'était un sale hiver, froid, pluvieux, giflé par les rafales de vent "made in London", coupantes comme des lames de rasoir. Le soir, les rues étaient vides. On se calfeutrait, on piquait un somme face à la télé plus croulante que jamais, et on finissait par se glisser entre les draps en pensant à des vacances en Espagne.
A Aubervilliers, dans un coin morne, pas loin des Entrepôts et Magasins Généraux, le vent hurlait tout au long de la rue de la Haie-Coq.
Terrible ! Au point qu'il y avait des vagues sur le canal Saint-Denis.
- Fait pas chaud ! commenta Jo Legrand en laissant retomber le rideau. On se croirait à la Centrale...
Il l'avait quittée depuis plus de six mois, mais le souvenir demeurait, vivace, et il en parlait comme d'une blessure de guerre : quartier 2, 6e division !
- Viens t'asseoir ! intima le Niçois, qu'on regarde encore une fois tout ça.
Tout ça, c'était un plan exécuté au stylo-bille par Angevin, présent et muet, sur les indications de Padirac. Un homme solide, quadragénaire, possédant une maison du côté de Bordeaux et, à la P.J., un casier judiciaire épais comme un annuaire téléphonique.

(incipit).

Cela semble démontrer que les envahisseurs ont compris l'efficacité de la lutte que nous menons contre eux, et nous devons en être reconnaissant au docteur John Herwin et au professeur Simpson qui, je le rappelle, ont découvert que la nicotine représentait l'arme idéale et unique pour écarter le danger menaçant notre humanité.

Lorsque le voilier passa la pointe qui marquait la fin du golfe, et entra en haute mer, les vagues se creusèrent, se frangèrent d'écume. L'eau devint bleu sombre, si sombre qu'elle paraissait presque violette. Dans le même temps, le vent fraichissait. Un puissant vent de travers, qui gonflait les voiles, faisait craquer les haubans et gémir le mât. Bientôt, Maria et Juanito durent se placer en rappel. Pieds coincés sous la courroie tendue au fond du cockpit, buste rejeté en arrière au-dessus de l'eau afin de faire contrepoids à la pression du vent. Ils sentaient dans leurs muscles chacun des mille frémissements qui faisait vibrer la légère embarcation, exactement comme un cavalier sent sous lui sa monture.
En tournant la tête, ils apercevaient des taches rouges de plancton flottant au fond de l'océan ou le soleil mettait des clartés fantastiques.
Ils virent passer un banc de dorades, si compact et si proche qu'ils eurent l'impression que les poissons allaient soulever leur voilier. Puis, loin à babord, des poissons volants jaillirent hors de l'eau en faisant bruisser leurs ailes à l'éclat métallique.

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Des voitures, des piétons, des feux.
Autobus, camions, un agent qui pivote avec l'élégance d'un cheval de labour, le vert, l'orange, le rouge. Ruée des piétons entre les clous. Deux vagues qui se heurtent, se contournent, se soudent. Mêlée de rugby. Coup de sifflet. etc...
Fumée grise et malodorante des tuyaux d'échappement, crachin de Paris, sourde rumeur. Des affiches : les parents boivent, les enfants trinquent...Santé, sobriété...Souscrivez à l'emprunt du gaz de France...Trois semaines en Grèce.
Zone bleue, disque de stationnement, contractuel. Tiers provisionnels, échéance au 10, au 20, au 30, sécurité sociale, allocations familiales, assurances sur la vie, sur la voiture, sur la maison. Elections, Télévision, Conseils d'administration !
Liberté !
Week-end : des voitures, des voitures, des feux. Le vert, l'orange, le rouge, un agent qui pivote avec l'élégance d'un cheval de labour etc etc...

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Queue-d'aronde, queue-de-cochon, queue-de-morue, queue-de-pie, queue-de-renard, sans parler des queues de casseroles, de poêle, etc., il faut, pour s'en servir, toujours prendre un objet par cet endroit. Ekla avait la main chaude et douce.

Tu ne m’as toujours pas dit ce qu’est une esclaverie ?
Elle lui expliqua que les A.A.A. faisaient des prisonniers et des prisonnières qui devenaient leurs esclaves, exactement comme jadis dans le sud des Etats-Unis, à cette différence près que les esclaves étaient des Blancs. Le grand boum avait fait naître une nouvelle civilisation. Celle de la force et de l’argent. Mais cette nouvelle civilisation naissait-elle vraiment ?
— Elle renaît, dit Lefranc avant d’y avoir pensé. Chaque fois que la liberté devient trop grande elle se traduit par ce genre de situation. Les gens ne sont pas assez évolués pour se passer de lois et d’une police. Pourquoi les A.A.A. ont-ils besoin d’esclaves ?
Léa lui dit que les A.A.A., possesseurs d’abris antiatomiques, de terrains, d’usines, s’étaient regroupés afin de n’être pas submergés par les économiquement faibles, les mal nourris, la masse en un mot. Sous des serres, ils avaient réussi à cultiver des légumes, des céréales, à élever du bétail, de la volaille, etc. Mais tout cela demandait de la main-d’œuvre. Une main d’œuvre exigeante que les A.A.A. n’étaient pas décidés à satisfaire pour que TOUT ne recommence pas.
TOUT, c’est-à-dire les revendications, les syndicats, les grèves, les défilés, les barricades, l’occupation des lieux de travail, les meetings et TOUT ce qui avait précipité la chute de la Société ! Les ouvriers devaient rester à leur place. Pas de voiture, pas de vacances aux mêmes endroits que les patrons et, surtout, pas à la même époque de l’année !

« Nous ne sommes pas des agents légaux. Tu n’auras pas d’avocat, pas de jugement équitable. » (p. 103)

Elle rattrapa à temps son chapeau qui tombait, regarda ses escarpins vernis recouverts de poussire ocre, se colla à lui.
- Qu'est-ce que ça veut dire : une drôle de maison ?
Il la repoussa, car, avec la chaleur, le contact de son corps lui était intolérable.
- Tu verras, dit-il mornement.
Les autres les entouraient et, au mileu de la rue principale, ils formaient un groupe de conspirateurs chuchotants tandis que devant, la carriole s'éloignait en cahotant.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Tonio.
Ils regardèrent tous Giuseppe, comme s'il eût détenu un secret d'une importance extrême.
- Il dit, répondit Angela, que la maison est drôle.
- Drôle ?

- J'aurais pu vous tuer autrement, d'une façon plus spectaculaire, mais je crois fermement que les Etats-Unis seront frappés de stupeur en apprenant que Mme. Atomos a fait disparaître le wagon transportant les Befforts ! Cela passera pour un tour de magie, un acte inexplicable, et, lorsque je lancerai une nouvelle attaque contre vos compatriotes, mes forces ne se heurteront qu'à une résistance dérisoire. En effet, Smith Beffort, mon laboratoire est achevé ! Dans quelques jours, il commencera la production d'une terrible arme bactériologique qui réduira votre pays en poussière !