Dans la Grande-Bretagne d’après-guerre, l’apparition du « bien-être animal » témoigne d'une inflexion [où les arguments scientifiques et techniques prennent le dessus sur les habituelles considérations morales]. Remplaçant petit à petit les termes « souffrance » ou « cruauté », une telle notion est étroitement liée au développement d’un nouveau régime de production de connaissances sur les animaux. (p. 33)
Quelles qu’aient été les intentions des pionniers de la protection animale, il est incontestable que celle-ci fonctionne en pratique comme un instrument de contrôle et d’intégration sociaux des catégories dominées, au premier rang desquelles les paysans et les ouvriers. Combattre les comportements cruels vis-à-vis des animaux domestiques et inculquer en lieu et place bonté et retenue, c’est aussi et toujours un moyen détourné de « domestiquer » ces populations turbulentes. (p. 13)