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Citations de Charline (43)


Le gentil petit père qui me tendait le bras pour sa prise de sang semblait presque peiné pour moi que je sois infirmière, que je tienne l’aiguille à la recherche de la microveine dans le pli de son coude pour 2,20 € net, que je vienne le laver et habiller sa femme dans une maison inadaptée pour 4,28 € net la demi-heure, parcourant les kilomètres au milieu des champs qui les séparaient du bourg dans lequel ils ne pouvaient plus se rendre pour 2,50 € de déplacement.

J’voudrais pas l’faire… Voilà ce qu’il m’a dit ce matin.
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Mes angoisses se sont apaisées quand j'ai pris le temps d'écouter les siennes.

(…) J'ai compris que je n'étais plus dans l'empathie mais dans le partage, l'angoisse et le transfert, que je n'étais plus dans mon rôle de soignante et qu'il fallait que je me repositionne pour accomplir au mieux mes soins. Écouter sans partager, comprendre sans s'angoisser, prendre soin de l'autre sans se perdre soi-même…Les patients qui nous poussent au bout de nous-mêmes sont finalement ceux qui nous font le plus avancer dans notre pratique…



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Dès que nous le pouvions, nous nous retrouvions pour prendre un verre entre copines, en essayant de jongler avec nos plannings à la con, nos enfants et nos hommes qui ne se font pas prier pour sécher ces moments d’hystérie collective- et peut-être aussi les sujets de conversation qui donnent souvent des haut-le -cœur à nos voisins de table…

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J'ai repensé aux infirmiers qui s'étaient donné la mort depuis l'été dernier et à notre profession qui attendait encore une reconnaissance. J'ai repensé à la réponse de l'État sous fa forme d'une " prévention des risques psychosociaux-bal-bla-bla-ressers-moi un café" et d'un numéro vert alors que nous aurions besoin d'actions concrètes et non de tables rondes ou de coups de fil qui ne feraient que confirmer ce que l'on sait déjà : on a besoin de moyens et qu'on arrête d'associer la santé à la rentabilité…

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En quoi de plusnormal lorsqu'on exerce un métier humain que d'être confronté à tous ses aspects: joie, bonheur,agacement,colère." je déteste autant que j'aime!" c'est une ambivalence avec laquelle les infirmières ont appris à jongler en manipulant les pinces, les aiguilles et les corps fatigues des patients.
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Tu le savais, toi, qu'on pouvait soigner et se faire briser les deux mains aux urgences ? Qu'on pouvait se faire assassiner à coups de couteau dans son cabinet de médecin généraliste ou abattre à coup de fusil pendant sa tournée de soins infirmiers ? Qu'on pouvait se faire lyncher par nos patients pour une attente trop longue aux urgences ou parce qu'on était seul à ce moment-là pour écouter leur colère et leur haine ?

Ce n'est plus un mythe : l'infirmière sur laquelle tu fantasmais hier se fait bel et bien taper sur la gueule aujourd'hui. 5700 fois l'année dernière pour être précise, un acte de violence toutes les trente minutes, eh oui.
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"Comment ça se passe après ,quand on meurt?
- je n'en sais fichier rien, il faudrait que je sois morte pour te répondre mais du coup je ne serais plus là pour m'occuper de toi.Mourir,c'est typiquement l'étape qu'on est obligé de découvrir seul.il y a bien prétendue histoire de tunnel avec une lumière au bout et quelqu'un qui t'attendrait mais...
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Appuyée contre le mur, j’ai pris une grande respiration et je lui ai dit ce que j’aurais aimé entendre des millions de fois :
« Ce que je ferais si j’étais à ta place ?… Je vais te dire ce que j’ai fait, moi…j’ai décidé que ce qui s’était passé ne serait plus le centre de ma vie. Que ce ne serait plus ce qui me déterminerait moi, ou qui déciderait de quand je dois être heureuse ou malheureuse. Je voudrais te dire que ça va aller et que tout ira toujours bien. Mais tu es intelligente et tu sais déjà que ça n’arrivera jamais. Qu’il y aura des moments difficiles où l’envie de tout plaquer se fera ressentir. Des moments de crises de larmes à t’en décrocher le cœur. La gerbe et les regards évités dans le miroir parce que ton visage est comme recouvert par cette énorme cicatrice de lettres marquées au fer rouge que tout le monde semble remarquer malgré tes efforts pour la dissimuler : VIOLÉE. »

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aimer foncièrement mon travail d'infirmière ,soigner avec le coeur tout entier, mais avec ce sentiment bien ancré au fond des tripes qu'on me donne pas les moyens de bien soigner mes patients .
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Alors devant l'échec cuisant qu'était ce bas bloqué au bout du pied, j'avais pris la décision ,d'un commun accord avec mon moi-à-cornette,de lui poser gratuitement ses bas le temps que la cicatrisation se termine .
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…une toute jeune femme m’a dit : « Mais vous, vous feriez quoi à ma place ? »

Une boule a bloqué net ma respiration pour s’encastrer au plus profond de moi comme pour faire remonter ce que je m’efforçais d’oublier.
C’était comme si mon passé était revenu me tacler l’arrière du crâne, comme si je me voyais en face de moi-même. En face de celle que j’avais été…
Son tout petit corps d’ado tressautait sous les larmes. Assise au bord de l’infirmerie, elle pleurait tout ce qu’elle pouvait. La jeune fille formait une masse fragile que j’avais envie de protéger dans une boite pleine de coton.

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« Le paradoxe des paradoxes, c’est celui que je traîne depuis quelque temps, comme une tâche sur ma blouse blanche : aimer foncièrement mon travail d’infirmière, soigner avec le cœur tout entier, mais avec ce sentiment bien ancré au fond des tripes qu’on ne me donne pas les moyens de bien soigner mes patients… »
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Cette vieille dame a été la première patiente à changer ma pratique ; elle a fait de moi une meilleure soignante. Elle valait toutes les soignantes référentes du monde ! Cette patiente m'a permis de comprendre un peu trop tard, mais heureusement assez tôt quand même, que trop vouloir rentrer dans le moule peut rendre tarte, et que le plus important est de rester soi-même. Au risque de passer pour une quiche. p.246
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"Les phrases sont fortes, mais les mots sont encore plus forts, et par moments, le silence les bats tous les deux."
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L'important, ce n'est pas comment se dire au revoir quand on sait qu'on ne se dira plus bonjour, c'est de s'être dit bonjour comme si on ne voulait plus se dire au revoir.
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Je ne voulais pas être "l'étudiante infirmière conne", soignante insupportable qui dis "on" parce qu'elle refuse de dire "vous". Et qui pense bien soigner... Soigner, sois nié, sois niais... Je ne voulais pas. Et j'ai repensé à ma vieille patiente qui elle non plus ne voulait pas : elle n'était pas démente, c'est juste moi qui étais trop stupide... Soi-niante et con.
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J’étais partagée entre l’envie de rester l’écouter me parler d’elle et le besoin de fuir. (…) Besoin de la bousculer et de courir franchir cette porte d’entrée en prétextant une urgence, un soin qui ne pouvait attendre ou une tournée trop chargée .La vérité, c’est que je n’y arrivais pas. Je n’y arrivais plus. La soigner devenait vraiment difficile.

Mon cerveau censurait ses paroles et mon jugement était altéré par mon besoin de me protéger. (…)
J’étais en plein transfert et mon cerveau en délire.

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Quand on est mort, on ne sait pas qu'on est mort, c'est pour les autres que c'est difficile. Quand on est con, c'est pareil.
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Cette patiente m'a permis de comprendre un peu trop tard, mais heureusement assez tôt quand même, que trop vouloir rentrer dans le moule peut rendre tarte, et que le plus important est de rester soi-même. Au risque de passer pour une quiche.
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D’un coup, j’en ai marre de les voir mourir, de les savoir presser d’en finir. Mes yeux se sont brouillés et je n’ai plus eu envie de rentrer. Je voudrais pouvoir me poser dans un coin pour pleurer un tout petit peu, me confier à un collègue sans qu’on me dise que j’en fais trop, sans qu’on me dise que j’ai tout faux. Qu’on me dise que c’est la vie et que des fois, la vie, c’est vraiment mal foutu. J’ai reniflé avant de souffler à fond, trois fois, pour me repu&set une nouvelle fois. p.220
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