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Citations de Christiane Rancé (77)


Je vis sans vivre en moi
Et j'espère si haute vie
Que je meurs de ne pas mourir

Vivo sin vivir en mi,
Y tan alta vida espero
Que muero porque no muero

p 161
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... repliée sur son lit par sa paralysie, avec "une inaltérable patience", elle lit. Tous les livres qu'on lui prête. Elle lit beaucoup et de "bons livres". Quoique malade, elle se sent en paix. "Il me semblait qu'avec des livres et de la solitude, aucun péril ne pouvait me ravir le bien dont je jouissais." p 89
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« Au pays qui te ressemble », chante Baudelaire. Et moi, à quel pays aimerais-je ressembler ? Nul besoin de réfléchir longtemps, ni même d’hésiter : l’Italie ! C’est sa beauté que j’envie, ses paysages que j’aimerais avoir pour portrait à défaut de miroir. À chacun des voyages qui me mènent vers elle, je la rêve contagieuse. Je la contemple, je l’aspire, je lui demande de pénétrer mon âme pour en capter la douceur, et cette fierté guerrière qui lui a donné ses plus beaux villages, ses tours de guet, ses saints et ses rebelles, le piquant de ses flèches et de ses campaniles, ses artistes et ses lumières. Si seulement elle laissait son empreinte sur tout mon être ! L’Italie est le seul pays où je n’ai jamais le sentiment d’aller, mais toujours d’arriver, avec le songe d’y vivre un jour et d’y finir ma vie, quand bien même je ne fais rien pour qu’il s’accomplisse. Longtemps, je me suis interrogée sur cette impression d’allégresse qui me submerge à l’idée d’y partir, et sur ce dolce tormento que chante Monteverdi et qui me pince le cœur lorsque je suis restée trop loin de ses rivages. Pourquoi cette joie, bien plus grande qu’à la perspective d’une autre destination ? Pourquoi, d’elle, ce qui est bien plus qu’un désir – un besoin ? C’est en revenant à Rome, après la pandémie, que j’ai compris quel charme elle opérait sur mon âme, sur nous tous. À peine la ville en approche, je me suis sentie consolée sans même avoir de chagrin. Tout m’est apparu léger, joyeux, festif. Timbré de clarté. Je respirais. Je venais de retrouver, en un instant, un goût que je pensais perdu – celui du bonheur de vivre. Il est donc là le secret de l’Italie – être le pays où l’on peut encore goûter à cette joie, et le seul pays à nous y faire croire. Là, même aux moments terribles, lorsqu’il y croit moins lui-même. Il nous fallait donc si peu, et tant à la fois : son luxe offert à foison : sa lumière, ses côtes, sa beauté, ses parfums, sa douceur, et ce je-ne-sais-quoi qui n’appartient qu’à elle, qu’à son peuple – sa foi contagieuse en l’éternité.

(INCIPIT)
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Mais c'est surtout chez Emil Cioran, l'orfèvre du désespoir, que mes rendez-vous avec la sainte ont été les plus fréquents et les plus paradoxaux. Le philosophe roumain, qui s'était baptisé "disciple des saintes" dans son "Précis de décomposition", arguant pour cela qu'elles lui avaient "donné le goût sensuel d'un autre monde", se répétait les exclamations de Thérèse d'Avila, qu'il voyait s'écrier à six ans "Eternité, éternité" : "Je suivais l'évolution de ses délires, de ses embrasements, de ses sécheresses. Rien de plus captivant que les révélations "privées" qui déconcertent les dogmes et embarrassent l'Eglise." p 16
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L'individu s'est perdu dans la mécanique mondiale du profit à tout crin, sa singularité s'est dissoute tandis que les "sociétés anonymes" persistent dans le plus gigantesque gaspillage que la terre et l'humanité aient jamais connu.
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Nietzsche, en août 1881, alors qu'il est au bord du lac de Silvaplana :
"Tout à coup un je-ne-sais-quoi qui nous ébranle, nous bouleverse jusqu'au plus intime de notre être, est la simple expression de l'exacte réalité. On entend, on ne cherche pas ; on prend, on ne se demande pas qui donne ; tel un éclair, la pensée jaillit soudain avec une nécessité absolue, sans hésitation dans la forme. C'est une extase dont la prodigieuse tension se soulage parfois par un torrent de larmes, où nos pas, sans que nous le voulions, tantôt se précipitent, tantôt se ralentissent ; c'est une extase imparfaite qui nous ravit à nous-mêmes, en nous laissant la perception très distincte de mille frissons délicats qui nous font vibrer tout entiers, jusqu'au bout des orteils ; c'est un abîme de bonheur où l'extrême souffrance et l'extrême horreur ne sont plus éprouvées comme une opposition, mais comme parties intégrantes et indispensables, comme une nuance nécessaire au sein de cet océan de lumière." p 108
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Fellini a filmé, jusqu’à la parodie, ce qui nous étouffe aujourd’hui – la dissipation de la beauté dans les fumées industrielles, la guerre des femmes contre les hommes, la brutalité des hommes envers les femmes, les excès de la presse à sensation et des paparazzis, la corruption, la télévision commerciale et jusqu’à la décadence des mœurs du Vatican. Il les a projetés sur notre temps avec une lucidité torturée, extravagante et mélancolique ; elle n’a pourtant jamais altéré sa bienveillance pour les petites gens, son amour pour les déclassés ni sa tendresse pour les parias : tout ce cœur fellinien qui déborde dans ses films, et épargne ainsi à son œuvre le désespoir qui la guettait. Comment s’en étonner ? Federico Fellini a toujours laissé ouvert le ciel de Rome.
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Deux ou trois autres choses me viennent à l’esprit lorsque je tente d’expliquer le pouvoir de l’Italie sur tout mon être : ce sentiment que nous avons tous d’y être à notre place, jamais étranger, enfin ajusté au lieu qui nous reçoit – chez soi. En amour. Cette sensation que dans ses paysages, ses ciels, ses mers, quelque chose de soi est toujours présent. Des colonnes et des temples d’autres siècles, « où le pampre à la rose s’allie » nous offrent un appui, l’instant d’un repos. Des cœurs d’autres temps nous accueillent. Peintres, poètes, musiciens. Plus qu’ailleurs, ils nous chuchotent, eux qui n’y sont plus : « C’est votre tour de vivre. »
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L’Italie offre le seul voyage qui vaille, celui qui bouleverse l’âme et dessille les paupières. On en revient augmenté. Tant de formes artistiques devenues existence spirituelle ! Tant d’œuvres nées de l’homme, pour l’homme. Tant d’expressions de la plénitude ! La beauté est le principe fondateur de l’Italie. Plus que la guerre, c’est par elle que les cités ont démontré leur force et la prééminence des unes sur les autres, jusqu’au raffinement de leurs architectures militaires. D’une ville à un village, d’une rive à une plage l’œil s’exerce à comprendre pourquoi tel peintre et non tel autre nous touche, pourquoi telle relation entre un style et la géographie qui l’entoure, pourquoi telle couleur, apposée contre telle nuance nous émeut. Pourquoi tout cela est si beau. On apprend à regarder. On voyage alors en soi. On élabore une Italie céleste, personnelle, idéalisée par le supplément d’efficience sur notre âme qu’elle engendre au fur et à mesure de nos séjours sur ses terres, et qui se superpose à l’originale. Tout comme ces nuages qui, flottant doucement dans l’azur, épousent la forme des paysages que leur ombre caresse et dont ils sont nés.
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Les personnes qui sont invitées le week-end
sont priées de ne pas dépasser le mercredi.

Sacha Guitry
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Il faut aborder Tolstoï le cœur compatissant : il a été doté du plus tragique des dons - porter en lui l'humanité, et le monde avec elle. Toutes les créatures l'habitaient. Il était la nature, mais aussi le cheval qui va mourir, le rossignol dans la nuit d'été, la jeune fille exaltée par l'amour, le bourgeois qui agonise, la feuille gorgée de sève, la femme adultère dans l'ivresse de sa chute, le mari abîmé par la jalousie, le lièvre dans les champs. Et un écrivain de surcroît. Et quel écrivain !
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La route vers Sienne est une route de désir. Elle fait de moi une nomade de la beauté. Chaque surgissement – des tours et les donjons, de vieilles abbayes, les moissons de blé, les cités de poupée, tout dans cette campagne promet l’harmonie. Les virages se resserrent. La route grimpe. J’approche Sienne par degrés de plaisir.
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Tout au long, des bancs, subtilement disposés pour que le promeneur jouisse, à travers les branches, d’entrevisions sur la mer. Ils sont redoutables pour le marcheur qui s’y attarde un peu trop, pris par ses pensées, absorbé par le plaisir d’être simplement là, posé, sans autre projet que de respirer et d’habiter pleinement les secondes qui passent.
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C'est en braquant la lumière sur les ombres qu'on les chasse.
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Tout est énorme chez lui, le nez, les oreilles, les mains, les pieds, et l'ivresse de lui-même.
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"Prendre puissance sur, c 'est souiller. Posséder, c'est souiller. Aimer purement, c 'est consentir à la distance, c'est adorer la distance entre soi et ce qu'on aime."
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Avec une fidélité radicale à l'attention qu'elle s'est imposée depuis ses quatorze ans, Simone Weil tend vers ce point où " le génie créateur de beauté, le génie créateur de vérité, l'héroïsme et la sainteté sont indiscernables". En prologue de ce grand oeuvre ("L'enracinement"), avec l'audace qu'elle a déjà révélé dans sa critique du marxisme, elle rompt avec le Préambule de la Constitution de 1789. Il ne s'agit plus des "droits de l'homme", mais des "devoirs de l'homme envers l'être humain".
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En France, on s’enorgueillit du neuf. “Nouvelle maison Dupont”, “Nouvelles galeries”, “Boucherie nouveau propriétaire”.
Ici, c’est toujours “Antica trattoria”, “Antica Focacceria”, “Antica locanda”. »
(à propos de la Toscane)
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Mais alors, que choisir, entre la prédiction de Paul Morand « Venise se noie et c’est peut-être ce qui pouvait lui arriver de plus beau », et le vœu de Rainer Maria Rilke : « La Sérénissime ? Un fragment de notre passé riche de notre avenir » ?
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L'avantage, avec les ados des autres, c'est que quand on ne les supporte plus, on peut s'en aller. Et le désavantage, avec les siens, c'est que quand ils s'en vont pour de bon, on pleure.
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