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Biographie :

Compagnie du Réfectoire est une compagnie spécialisée dans le théâtre contemporain située à Bordeaux.


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Bibliographie de La Compagnie du Réfectoire   (4)Voir plus

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L'Enfant de par là-bas
[Jean-Pierre Cannet]

Scène 1
POLIN, VOIX D'UN POLICIER, UNE SOLANGE, LA CARMEN

Sous un ciel enfumé.
POLIN.– Je devais avoir le début d’un âge, ce qui n’est pas bien vieux. Quand la mémoire se met à faire des glissades sur les tempes. Quand le cœur est gigoté comme une boule à neige. Cette nuit-là, pourtant, il ne neigeait pas. C’était une nuit parmi tant d’autres, on l’aurait dite ordinaire.
Je me souviens des caravanes installées comme toujours sous un ciel provisoire, quand, à l’heure des endormis, les boutons-d’or se prennent pour des étoiles. Il y avait peut-être un chat-huant qui se la racontait, au loin, dans les bois. Il y avait sûrement une bande qui se la claironnait de près, avec des insultes racistes et des menaces de mort, comme quand on sort d’un match ou d’un bistrot. On n’aime pas trop les gens comme nous, c’est bien connu ! Et quand craque l’allumette, ça rigole dans la nuit, ça rigole tout de travers. Alors ça a pris à la vitesse du vent. Quand le feu est en flammes.
L’incendie !
Moi, miracle d’un caprice, je dormais cette nuit-là au fond de la camionnette de La Carmen, ma grandmère. Mes parents n’ont eu le temps de rien, pris dedans, dans leur ventre de caravane. Le sort s’est acharné, avec tous ses doigts de feu. On a beau jeter des seaux d’eau, on dirait que le feu a soif. Les dernières braises du cœur résistent. À la fin, le feu épuise le feu et c’est fini. Au matin, c’est un triste matin éclaboussé de cendres. Les pompiers s’en vont. La police parlera d’une bouteille de gaz ou d’une poêle oubliée sur la braise. Il n’y aura pas d’enquête.
Avant de partir, un policier a dit :
VOIX D’UN POLICIER.– Et pas d’embrouilles, on vous a à l’œil !
POLIN.– On a enterré ce qu’il restait d’eux, mes parents. Oh ! pas grand-chose, le petit charbon triste de leurs os noircis. Pourquoi on enterre les morts? Le spectacle est court. Si on les accrochait aux branches des arbres, les morts pourraient discuter avec la pomme ou la nèfle. Et se balancer à la moindre bise.
UNE SOLANGE.– Qu’est-ce que tu racontes encore, tu discutes avec qui ?
LA CARMEN.– Laisse-le donc un peu tranquille, tu vois bien qu’il se parle à lui-même!
POLIN.– Maintenant je vis avec mes deux grandsmères. L’une est ronde et claire, elle a de la hanche. De son sein bas, on dirait qu’il va gicler de la bière. Toute sa graisse danse quand elle rit. C’est Une Solange, ma grand-mère! L’autre, museau pointu, avant c’était une apprivoiseuse de vertige, maintenant on dirait un chien efflanqué qui a peur de son ombre. On dirait comme une princesse défunte. C’est La Carmen, mon autre grand-mère. Elle est belle comme un canif !
LA CARMEN.– Je sens que tu vas me demander de te raconter encore!
POLIN.– Oui, s’il te plaît!
Tandis que parle La Carmen, l’ombre d’une funambule se balade.
LA CARMEN.– Alors je suis tombée. Pourtant j’avais confiance, j’écoutais le grand silence. Je sentais le fil sous mes pieds comme une avenue qui mène au ciel. Le fil, on le conquiert pied à pied. Et puis je ne sais quel faux pas ou quelle erreur de balancier? L’impression que le plafond, lui aussi, dégringole
d’un coup. C’est haut, forcément, quand on tombe. Le jour devient la nuit. Et c’est lourd un corps qui tombe. Le soleil est une pierre. Il y a plein de bouches sous le chapiteau du cirque. Toutes ces bouches rondes qui crient à l’unisson : Oh!
POLIN ET UNE SOLANGE.– (en chœur) Oh!
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La Glume
[Bruno Castan]

Un petit groupe de très jeunes gens piopiote, assis peut-être sur, ou appuyés contre un muret en ciment sommé d’une grille verte. Derrière ce
muret, un minuscule no man’s land d’herbe sèche qui éloigne de quelques mètres la façade impersonnelle d’un immeuble collectif… Le trottoir n’est
pas très large, un mètre quatre-vingts tout au plus, puis la chaussée…
Ce pourrait tout aussi bien être une petite place morte de village…
Il ne se passe rien, ou pas grand-chose. C’est la glume.
On pourra laisser de longs temps, avec leurs escadrilles d’anges qui passent, chevauchant parfois des scooters pétaradants…
Un temps.
Cédric dégaine une arme fictive, balaie du regard l’ensemble du groupe, finit par braquer l’arme sur Antoine qui, de l’œil, accepte manifestement le combat proposé.

CÉDRIC.– Je suis Exterminator. Prends garde!
ANTOINE.– Je suis Repulsator. Viens-y!
CÉDRIC.– T’as vu mon fulgator?
Repulsator ouvre lentement sa gueule pavée de crocs coupants comme des sabres d’où s’écoulent des filets de salive gluante et empoisonnée, et rugit. Exterminator tire une interminable rafale de fulgator ; Repulsator se volatilise avec un long hurlement dans un jaillissement d’humeurs fétides. Il n’est plus qu’une flaque immonde sur le sol, qui grouille et hurle encore misérablement…
Hé hé hé!
Antoine se relève d’un bond.
ANTOINE.– T’as oublié que je suis un Repulsator Regenerator, Exterminator de mes deux!
Il ouvre sa gueule pavée de crocs coupants comme des sabres d’où s’écoulent, etc. Exterminator tire frénétiquement une interminable rafale de son fulgator.
CÉDRIC.– Prends toujours ça, tronche de dégueulis !
Repulsator Regenerator se volatilise avec un long hurlement dans un jaillissement d’humeurs, etc.
Hé hé hé!
Antoine - flaque immonde se relève d’un bond.
ANTOINE.– Ton grotesque fulgator ne peut rien contre Surregenerator, Exterminator de mes deux!
Il ouvre sa gueule pavée de crocs coupants, etc. Exterminator tire frénétiquement rafale sur rafale de son fulgator.
cédric.– T’en veux encore, hein, tronche de diarrhée
verte!
Repulsator Surregenerator se volatilise avec un
long hurlement dans un jaillissement, etc.
Hé hé hé!
Antoine - flaque immonde se relève d’un bond.
ANTOINE.– Ton grotesque fulgator ne peut rien contre Megaregenerator, Exterminator de mes deux!
Il ouvre sa gueule pavée de, etc. Exterminator tire
frénétiquement rafale sur rafale de son fulgator.
CÉDRIC.– Tu m’auras pas à l’usure, tronche de jus de boudin!
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Deux Citrons
[Philippe Dorin]

Un banc.
Un grand, seul, assis au bord du banc.
Une jolie fille et sa copine, assises à côté.
Un beau garçon et son copain, debout près d’elles.
Un petit blond, près du beau garçon.
Une petite fille et un petit garçon, debout à l’écart.
Le jardinier et la courtisane, appuyés contre le
cadre de scène, au jardin et à la cour.
Voilà le tableau!
Le jardinier et la courtisane, de chaque côté de la
scène.

LA COURTISANE.– Ça va, le jardin ?
LE JARDINIER.– Ça va, ça va !
LA COURTISANE.– Les légumes, les fruits ?
LE JARDINIER.– Ça pousse, ça pousse ! Et vous, la cour ?
LA COURTISANE.– Ça va, ça vient !
LE JARDINIER.– Les reines, les rois ?
LA COURTISANE.– Ça court, ça court !
LE JARDINIER.– Y a vraiment quelque chose de pourri au royaume du Danemark.
LA COURTISANE.– Tes pommes, pareil !

La jolie fille et sa copine, assises sur le banc. Le beau garçon et son copain, debout près d’elles.
LE BEAU GARÇON.– Et toi, tu veux aller avec qui ?
LA COPINE.– Je ne sais pas.
LE BEAU GARÇON.– Tu veux aller avec moi ou avec lui ?
LA COPINE.– Je ne sais pas.
LE BEAU GARÇON.– Avec lui ?
LA COPINE.– Je ne sais pas.
LE BEAU GARÇON.– Avec moi ?
LA COPINE.– Comme tu veux !
Le beau garçon se tourne vers son copain.
LE BEAU GARÇON.– Toi, tu veux aller avec elle ?
LE COPAIN.– Avec elle?
LE BEAU GARÇON.– Non ! Avec elle ! Tu veux aller avec elle ?
LE COPAIN.– Avec toi !
LE BEAU GARÇON.– Tu veux aller avec elle avec moi ?
LE COPAIN.– Non ! Je veux aller avec toi.
LE BEAU GARÇON.– Mais si moi je vais avec elle ?
LE COPAIN.– Avec elle ?
LE BEAU GARÇON.– Non! Avec elle !
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