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3.71/5 (sur 7 notes)

Nationalité : Israël
Né(e) à : Tel Aviv , le 21/08/1953
Biographie :

Daniel Shabetai Milo, né en 1953 sous le nom de Daniel Milwitzky, est un philosophe, historien et écrivain franco-israélien.
Il est maître de conférences, professeur de philosophie naturelle, à l'École des hautes études en sciences sociales de Paris (EHESS).

Son site : http://www.danielmilo.com/

Source : Wikipedia
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Darwin, dont la théorie de la sélection naturelle dans l'évolution est largement reconnue, aurait-il commis une erreur ? Pourquoi existe-t-il encore et depuis des milliers d'années des "anomalies" de la nature ? Et si nous n'étions pas juste faits pour toujours nous améliorer ? Pour en parler, Guillaume Erner reçoit Daniel Milo, philosophe et maître de conférence à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris. Photo de la vignette : Duncan1890 / Getty #darwin #science #savoir --------------------------------------------- Découvrez tous les invités des Matins dans "France Culture va plus loin" https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDroMCMte_GTmH-UaRvUg6aXj ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-invite-e-des-matins Suivez France Culture sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
la glande du sens

Peu de choses nous sont plus insupportables que l’absence de signification. Nous soupçonnons celui qui se déclare désintéressé de cacher son jeu, et considérons le juste milieu comme un moyen de ne pas se mouiller. On nous lave le cerveau en nous rabâchant que n’avoir pas d’opinion est une lâcheté, et que ne rien vouloir revient à mourir de son vivant. Jésus-Christ exprime bien l’anathème jeté sur le ni… ni… : « Parce que tu es tiède, ni froid, ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. » (Apocalypse, 3,16).

Accepter vraiment l’absence de sens est surhumain, parce que nous portons dans le crâne un organe allergique au hasard et à l’inutilité. La nature abhorre le vide, et le cerveau humain a horreur du n’importe quoi. Il lira entre les lignes, il manipulera les données, il se racontera des histoires à dormir debout, il fera tout et son contraire pour que fonction jaillisse.

« Il y a quelque chose dans le hasard — écrit le philosophe russe Alexandre Herzen (1812-1870) —, qui répugne à un esprit libre. Il trouve si offensant de reconnaître sa force irrationnelle, il s’efforce tellement de la surmonter, que, ne trouvant aucune échappatoire, il préfère s’inventer un destin menaçant et s’y soumettre. » Herzen a raison, il y va de notre dignité. Lorsque le parano est amoureux, il lit l’indifférence de sa bien-aimée comme un symptôme d’hostilité : « Elle m’a ignoré toute la soirée, donc elle me déteste. » Lorsque le mégalo est amoureux, il interprète l’indifférence comme une preuve d’affection : « Elle m’a ignoré toute la soirée, donc elle m’aime. » La palette de la paranoïa va du noir — « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi » (Matthieu, 12,30) — au rose — « Celui qui n’est pas contre vous est pour vous » (Luc, 9,50). Suivant la logique du Christ, les Chinois et les Bantous du ier siècle avaient été pour lui parce que, ignorant son existence, ils n’avaient pas été contre lui… C’est là que paranoïa et délire des grandeurs font un.

L’aversion à la neutralité est inscrite dans la langue. De nombreux synonymes du mot « neutre » sont accompagnés de préfixes négatifs non-, dé-, im-, in-, a-. Exemples : non-aligné, désintéressé, détaché, impartial, insouciant, asexué… Tout se passe comme si être aligné, intéressé, attaché, souciant ou sexué allait de soi, alors que le manque d’alignement, d’attachement, d’intérêt poserait problème. La linguistique qualifie le mot « neutre » de marqué, c’est-à-dire que le sens existe par défaut, et « non neutre » de non marqué, c’est-à-dire extra-ordinaire ou peu commun.

Mais la langue a tort : dans la vie, la vraie, c’est l’indifférence qui est la norme et son inverse l’exception. En doutez-vous ? Combien de nouvelles que vous apprenez à la télé vous intéressent-elles vraiment, et combien vous laissent de marbre ? Combien de coïncidences, dont vous vous délectez, ont une quelconque signification, et combien sont le fruit du plus pur des hasards ? De même, dans l’histoire de la nature, c’est l’évolution qui est l’exception et la stase qui est la règle, et sur mille good enough il y a un seul fittest. Pourtant c’est l’anomalie qui nous attire, c’est le rare qui nous reste gravé en mémoire. Notre cerveau a une prédilection marquée pour le sensationnel. Ce biais explique, on s’en souvient, l’élection de la girafe comme icône de la théorie de l’évolution.
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[Démarche de recherche]

Je me suis résigné à abandonner les icônes, non pas parce que je ne croyais pas à leur valeur scientifique (valeur scientifique, ou valeur dans un raisonnement scientifique ?), mais parce que les biologistes, mes nouveaux interlocuteurs, n’allaient pas les accepter telles. À juste titre de leur point de vue, la science ne reconnaissant que les résultats expérimentaux et les observations. Je suis donc parti à la recherche de données que la sélection naturelle ne pouvait expliquer sans les tirer par les cheveux. Pour ce faire, j’ai emprunté la piste du trop et de l’excès. Pour rappel, ce sont les jambes excessivement longues de la girafe qui ont éveillé mon doute sur la sélection naturelle.

Je me suis alors plongé dans la littérature professionnelle, un univers qui m’avait été étranger pendant plus de cinquante ans, pour ne pas dire hostile. Les trois premières années de ma recherche ont été consacrées à la collecte de traits biologiques qui me semblaient inutiles, et de traits qui me paraissaient exagérés. En est sortie une présentation, « Accounting for toomuchness », qui m’a servi de carte de visite partout où j’allais prêcher la mauvaise nouvelle. Les biologistes m’ont écouté, m’ont pris au sérieux, et ont même admis qu’ils rencontraient partout des phénomènes analogues à ceux dont je parlais. Sean B. Carroll, mon hôte à Madison (Wisconsin), a eu le cran d’avouer que ses tiroirs en débordaient. « Mais pourquoi n’en trouve-t-on pas trace dans tes écrits ? », me suis-je exclamé. Lui et moi en connaissions la cause : l’excès n’est pas publiable, justement parce qu’il est irréconciliable avec le paradigme sélectionniste. Sean et moi avions un instant caressé l’idée de fonder une revue qui publierait des résultats qui ne sont même pas soumis aux comités de lecture pour cette raison précisément. Le titre Mayhem (« Pagaille ») est tout ce qui est resté de cette initiative.

J’ai rencontré ce déjà-vu partout où j’ai présenté la tropéité dans la nature. Mes interlocuteurs ont confirmé que l’existence, non, la prévalence de l’excès est un des non-dits de la corporation. L’accord tacite, c’est bien, mais pour intégrer la littérature, il n’y a que deux chemins : des résultats de première main, c’est-à-dire acquis en laboratoire ; ou des résultats et données publiés par d’autres. Malheureusement, je suis arrivé trop tard pour l’expérimentation, de plus je ne suis pas doué pour tout ce qui est technique. Je me suis donc tourné vers les données de seconde main. Ce voyage en gaspillage m’a permis d’établir une énorme collection unique d’inutilités, exagérations, inefficacités et autres non-sens dans la nature. Unique, parce que personne ne semble chercher à m’imiter ou à me concurrencer…
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