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Critiques de Dario (93)
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Pierre de Stonne

Avec Pierre de Stonne, Dario hausse le niveau d’exigence de son écriture. Il avait, déjà, placé la barre très haut dans la Valise et le cercueil, son premier roman, et Palikao 79 son deuxième.

Dans son dernier opus, il se surpasse et confirme son talent à traiter de l’histoire, la grande histoire, celle des historiens, en la regardant du point de vue de la pâte humaine que les grands de ce monde jettent en pâture à la férocité des événements qu’ils provoquent en lui laissant le choix de « (…) crever la gueule ouverte pour les Rotschild. »



Ce faisant, il joue de questions à propos des quelles les historiens n’ont jamais cessé de s’étriper :

Les grands hommes font-ils l’histoire, ou est-ce l’histoire qui fait les grands hommes ?

L’histoire amène-t-elle les humains à se surpasser ou non, pousse-t-elle le personnage falot et inodore à se muer en héros, en salaud ou à continuer ?



Le roman Pierre de Stonne se déroule entre 1939 et 1945, période trouble pour la France, drôle de guerre, débâcle, armistice, résistance et collaboration, théorie controversée du glaive et du bouclier, Radio Londres et ses messages codés.



L’alchimie des mots et des phrases de Dario, nous plonge dans l’atmosphère de l’époque :

« J’avais plus soif que chaud et plus chaud que peur» dit le tankiste dans son Renault B1 bis , fier de ses 307 ch et ses 6 cylindres, avant d’affronter les Panzer II allemands.

« Nous étions les premiers à sentir cette étrange puanteur d’huile chaude et de chair rôtie : le parfum de la guerre nouvelle. »



Avant d’en arriver là, il a fallu patienter tout l’hiver 39-40 dans cette promiscuité des baraquements en Ardennes, cette mixité sociale qui ne disait pas encore son nom qui fait se côtoyer «  « (…) un chti épais à l’accent minier (…) et l’héritier au nom à particules multiples que ses compagnons de casemate ont surnommé Re-de-de, humour facile mais compréhensible.



En mai 1940, sur la route des Flandres, « L’impunité dont jouissaient les avions allemands dans le ciel concourait au découragement général. » -notez la musicalité de « concourait au découragement » - « C’était un printemps avec des senteurs d’été et de mort. Le bitume des routes s’était mis à mollir », et « une colonne de bouches sèches dans un nuage de gasoil » à fuir devant l’ennemi, se mêlant à ceux que l’on appellerait les réfugiés, « Tous traînaient des pieds, mains crochues, bouches poudreuses. »



Jusqu’à la débâcle ! Malgré la bataille de Stonne, « Stonne, village perdu et repris dix-sept fois. » ; malgré ce colonel au Mont Caubert, « (…) long, puissant, cuirassé (…) Dans sa longue veste de cuir, barrée d’une sorte de ceinture sombre (…) » - faisant penser à- « un éléphantidé…ou un pachyderme préhistorique. » Vous le reconnaissez ?



Le roman va dès lors suivre deux personnages dans cette débâcle, personnages qui font, comme les Français, des choix différents, association improbable en temps de paix, d’un titi parisien, Faubourg du Temple et Levallois, escroc à ses heures, toujours en avance d’une arnaque et cet aristocrate « (…) à la chair rose, ni grasse ni maigre, qui fait les beaux ovales de visage. »

« Les pauvres ont de la glace en hiver et les riches en été. » souligne le parisien. Version onirique de la lutte des classes…



Je ne spoilerai pas, la 4ème de couverture en dit assez long, l’histoire du manuscrit Soleil Gris dont le titre revient au fil de l’histoire comme une antienne.

Je reviendra sur la qualité de l’écriture, sa puissance évocatrice et les nombreuses références qui émaillent le texte de façon subtile, laissant au lecteur la joie de la surprise.



De Gaulle bien sûr, mais aussi Simenon, Flaubert dont on retrouve la rondache en cuir d’hippopotame du conte La Légende de Saint Julien l’Hospitalier, Céline, Brasillach et les écrivains collaborationnistes, les incertitudes et les déceptions de l’épuration d’après guerre, « Les dénonciations staliniennes de confrères, les gaullistes commençaient à en avoir ras le képi. » ; « Les grands éditeurs étaient morts en déportation, faisaient déjà de bonnes affaires avec les syndicats; ou attendaient leur sort à Fresnes avec Tino Rossi. »



El lisant Pierre de Stonne on ne peut s’empêcher d’imaginer une filiation entre les partitions de la société que nous connaissons aujourd’hui et les fractures que cette période trouble de l’histoire de France a installées.



Un roman dont je recommande la lecture avec enthousiasme.
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Palikao 79

Sur l'un des rabats de la couverture, Pierre-Michel Pranville, directeur de collection aux éditions Envolume, s'interroge à propos de Palikao79 : est-ce un polar historique, un polar nostalgique ?

Après l'avoir lu, je dirai, à la lumière de la citation de Schopenhauer que Joël le rapin, un artiste-peintre, assène à Fourrier, que c'est un polar réparateur.

«Chacun aime ce qui lui fait défaut»

C'est le sens de la démarche de Dario, déjà dans la valise et le cercueil, puis aujourd'hui dans Palikao79, faire revivre des mondes qui n'existent plus.

On ne peut que souligner le talent de l'auteur dans la reconstitution minutieuse de l'atmosphère des années 1979-1980.

Lors de sa séance de dédicaces au Salon l'autre Livre, le 17 novembre, Dario a livré quelques unes de ses méthodes de travail, notamment son immersion dans la période sur laquelle il écrit, via le visionnage de films, de documentaires, d'actualités ou la lecture de romans de la période considéré.

«J'ai vécu pendant deux années en 1979-1980» dit-il.



Reconstitutions qui font le régal de ceux qui ont vécu ces époques. J'en suis. Et qui permettent aux plus jeunes de découvrir des événements et de sentir une odeur du temps qui ne leur seront jamais aussi bien servis.

Sans forfanterie ni exagération, les nombreuses références subtilement glissées dans le récit lui donne son corps, sa réalité, sa véracité.



Pour les choses de la vie, savon Fa, chewing-gum Chicklet, voitures Innocenti, Pacer, 504, R16 et R18, Gitanes et Zippo, Pall Mall sans filtre, Walkman Sony - j'ai acheté le mien en avril 1980 avec ma première véritable paye -

L'évocation de Lambert, un pompiste de nuit ex-flic, comme dans Tchao Pantin, collègue du commissaire Fourrier, est une évocation juste, pleine d'émotion et de respect de la façon dont Coluche a joué au cinéma le rôle de ce personnage de JP Manchette. On voit même à un moment du récit se profiler la silhouette de Richard Anconina courbée sur sa mob sous la pluie.



L'époque est caractérisée par ses outrances politiques, la chasse aux gauchistes, la Gauche Prolétarienne, Action Directe, les Brigades rouges, l'IRA, l'engouement pour la cause Palestinienne et la lutte contre la dictature en Argentine, les titres du journal ROUGE : «On fusille nos frères !», le retour des anciens de l'OAS sous Giscard, l'empathie dont bénéficient Jacques Mesrine et Spaggiari dans l'opinion.



Côté atmosphère, les bars le Sportif et l'Aviateur, le gastos Chez Odette, donnent au tabac la dimension sociale qu'il avait quand il mêlait son odeur douceâtre à celles de la cuisine, des boiseries patinées des comptoirs, des sols lavées à l'eau de Javel, des alcools vins fins, bières ou anis selon les cas. Une odeur aujourd'hui disparue.



Mais attention, le roman ne se réduit pas à un inventaire de références. Pour le bon mot, on ne sait dire à la lecture, si l'évocation de l'époque est au service du récit ou si le récit est au service de l'évocation de l'époque. C'est l'une des qualités du roman.



La construction du récit en est une autre. Un enchaînement nerveux de plus de quarante courts chapitres, calibrés et peaufinés avec soin - Dario est un artisan de l'écriture - nous permet de suivre les parcours croisés de Fourrier, le commissaire «en charge du groupe des gauchos à la PJ», de Marco Caviani, l'artificier des Brigades Rouges, d'Ema Waremme l'amante fugace de Fourrier.



Une course poursuite s'engage entre Fourrier et Caviani dont on ignore la raison de la présence en France. Dans la paranoïa politique de l'époque, on imagine des projets d'attentats connectés soit avec le grand banditisme soit avec des officines gauchistes, soit avec les deux. Seul Fourrier, avec l'aide de Didier Champi - un brigadier pied-noir - est capable de démêler cet écheveau, notamment grâce à sa pratique des interrogatoires, sa madrerie vis à vis de ses indics, sa capacité à s'extraire du quotidien.



«Le commissaire Fourrier ne croit ni aux arts ménagers ni au design, et pas toujours, aux tuyaux des indics.»



Les nombreuses scènes d'action, de planques, d'interrogatoires, soutiennent le récit avec réalisme. L'enquête policière proprement dite est entrecoupé de chapitres relatifs à la relation complexe entre Fourrier et Ema. Bien qu'ils fassent parfois retomber la tension, ces chapitres illustrent d'une certaine façon la dérive de deux êtres parallèle à celle des valeurs traditionnelles. Ils donnent une dimension humaine et faillible au personnage de Fourrier et permettent de comprendre ce qui le meut.



Mon avis : le livre se lit d'une traite. L'écriture précise et nerveuse de Dario maintient l'intérêt du lecteur. L'histoire restitue avec justesse, sans lourdeurs et sans longueurs, les avanies d'une époque qui marque la fin d'une période. Les chocs pétroliers ont mis à mal la croissance économique. La contestation politique et sociale s'affranchit des réseaux politiques et syndicaux traditionnels, notamment la CGT et le PC. le Gauchisme se radicalise et son action flirte avec le droit commun. le septennat de VGE finit en capilotade et n'assume plus son ambition de faire progresser la société française vers la Société Libérale Avancée promise par le candidat. L'enquête de Fourrier se situe dans ce substrat qui est rendu de façon très réaliste dans Palikao79.





PS : Côté vocabulaire, on citera l'utilisation des mots héliophanie, égrotant, nissart, sudète, orbe. Des mots aussitôt soulignés par mon correcteur Word, sauf orbe, qui existent réellement, je vous laisse le soin d'en découvrir la signification.



Le livre est aussi un bel objet : couverture à deux rabats intérieurs, positionnement élégant de la numérotation des pages. Merci aux éditions Envolume pour cette belle réalisation et pour l'accueil sur leur stand du Salon l'Autre Livre.
Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Palikao 79

En 1979, les terroristes étaient européens, Brigades rouges, bande à Baader, Action directe,très politisés , version anti-capitalisme, ils n'en étaient pas moins meurtriers. C'est après un activiste italien Caviani, que l'inspecteur Fourier lance une traque. A petits pas la toile se tisse autour de cet artificier de génie . Une vedette, du grand banditisme est elle aussi, très recherchée par les flics de France et de Navarre.



C'est une bonne histoire de traque, bien menée et qui se termine par un final qui ne ménage pas le lecteur. Les personnages de flics et les moyens disponibles sont parfaitement adaptés à l'époque .



Il y a des plus, le clin d'oeil à Lambert le pompiste, les rappels du contexte,les pieds-noirs, l'OAS, les groupes gauchistes, la moustache de" beauf" et les tous débuts de ce qu'on appelait les trois H. Tous ces éléments rendent le récit plus crédible et palpitant.



Un gros bémol, Emma, ce personnage m'a laissée de marbre, très difficile pour moi de comprendre l'engouement de Fourier pour cette nana, du coup je trouve qu'elle prend trop de place dans la narration. Mais l'ensemble donne une lecture réjouissante. smilesmile



Merci aux éditions Envolume que je découvre au travers de ce titre grâce à masse critique.
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La valise et le cercueil

Dès les premières lignes, même si l'action ne se déroule pas en Algérie, mais dans Paris, le style, le vocabulaire, les situations décrites, les habitudes des personnages, évoquent de façon très concrète et très précise l'ambiance de la France des années 1960.

Moi-même, arrivé en France en 1962 à l'âge de dix ans, j'ai été frappé par ce pays si différent de l'image que nous en avions, des villes entourées de bidonvilles, les bistrots louches, la présence des prostituées, tout cela est très bien "rendu" dans les mots utilisés, et la façon de les utiliser.

L'histoire et les personnages ne tombent jamais dans la caricature (exceptée peut-être le gavage du juge à l'encre violette mais c'est drôle et sans impact sur la suite) les personnages sont tous crédibles et sont très plausibles dans le contexte décrit, j'ai retenu notamment l'histoire de l'industriel Vandekerkof, situation très fréquente dans les années 1960, de ces industries qui ne peuvent plus suivre et disparaissent.

L'idée force de l'histoire, il y a une violence institutionnelle (entre politiques des deux bords, entre armée et FLN, entre OAS et police, entre armée et FLN etc...) 

mais au-delà, ces affrontements institutionnels peuvent générer des réactions émotionnelles, irrationnelles, qui bien que s'inscrivant dans un contexte s'en détachent malgré tout.

Le personnage de Jeanine Thion s'inscrit dans cette logique et nombre de pieds-noirs, sans aller jusqu'à prendre les armes, et à commettre l'irréparable, sont dans cet état d'esprit, ni OAS ni Gaullistes, ni FLN, encore moins supplétifs du FN, comme souvent l'opinion française a voulu les y réduire, même encore maintenant.

Le dernier chapitre, la dame blanche,  sonne très juste, il a le mérite de ramasser en 20 pages, la complexité d'une situation qui a dégénérée, d'en expliquer les causes et les conséquences, d'en mesurer les effets sur les motivations de Jeanine, j'ai retrouvé des situations vécues à notre arrivée en France, la bronca organisée à Marseille par les dockers, la disparition de la machine à coudre de ma mère, l'incompréhension des français de base sur qui nous étions, 

(j'ai moi même été traité de semi-bicot par mes nouveaux camarades d'école, mes parents en étaient choqués, eux qui avaient eu six frères enrôlés en 1942 dont un mort en Alsace en 1945 à l'âge de 20 ans),

Les références dans ce chapitre sont toutes très bien documentées et parlent vrai. 

Bravo pour ce premier roman que je recommanderai pour avoir une approche différente de la guerre d'Algérie et de ses conséquences.

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Palikao 79

1979, Marco Caviani un terroriste membre des Brigades rouges est repéré à Paris. le commissaire Claude Fourrier a la délicate mission de découvrir ses intentions et de le traquer avant qu'il ne passe à l'acte.

Caviani est en rupture de ban avec l'organisation terroriste depuis une vendetta personnelle en Irlande du nord qui a fortement déplu.

Le commissaire n'est pas au mieux, il recherche Ema, avec un seul M, la femme qu'il aime, qui a disparu après l'avoir quitté.

Des contacts auprès d'anciens membres de l'OAS, l'infiltration des milieux gauchistes et l'aide précieuse de Lambert ancien flic à la dérive devenu pompiste de nuit ( il me semble que cela me rappelle ... ) permettent de remonter la piste de Caviani qui a été vu en compagnie d'un certain Jacques, figure du grand banditisme, association qui n'augure rien de bon.

Je dois avouer avoir été un peu perturbé au début de ma lecture par une écriture manquant un peu de naturel à mon goût, l'auteur usant souvent de figures de style imagées ( «l'horloge hache l'air glacial des cinq heures trente») comme s'il voulait se démarquer d'un trop grand classicisme, un peu au détriment du rythme et de la compréhension de l'histoire.

Je me suis également interrogé sur la pertinence de chapitres où la narratrice est Ema, passages hors du temps et de l'intrigue qui ralentissent le récit, mais qui prendront finalement tout leur sens dans un moment émouvant rappelant que pour certains, dans ces années là, un autre terrible combat commençait.

Peu à peu la traque qui s'intensifie laisse présager un affrontement inéluctable entre Fourrier et Caviani comme un western qui ne pourrait se terminer que par un face à face mortel.

Le final est tout simplement impressionnant, apothéose épique d'une tragédie en plusieurs actes, avec Caviani, Fourrier, Ema et Jacques en personnages confrontés à un destin inexorable. Oubliées d'un coup toutes les petites réserves que j'avais pu avoir au début de la lecture de ce roman, assurément noir, agréablement surprenant, et particulièrement convaincant.

Merci à Babelio et aux éditions Envolume pour cette lecture dans le cadre d'une opération Masse Critique.
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Palikao 79

Quel bonne surprise que ce Polar des éditions Envolume : Palikao 79.

Ce roman raconte une histoire simple. Nous sommes à Paris en 1979. Fourrier, commissaire de police a deux obsessions. Retrouver Caviani, poseur de bombe italien qui serait à Paris pour commettre un sale coup. Et retrouver Ema, jeune femme pour laquelle il nourrit une forte passion.

Il va s'avérer que Caviani navigue dans les milieux alternatifs des squats de Belleville et Menilmontant , qu'Ema est hospitalisée, rongée par un mal mystérieux, et qu'elle pourrait avoir un rapport avec nos deux protagonistes principaux.

A mon humble avis, ce roman est une grande réussite, il parvient à recréer l'ambiance de la fin des années 70 en France. La guerre d'Algérie n'est pas très loin. Les moyens de communication sont restreints. le contexte politique est épineux.

Même si le fourmillement de détails n'est pas d'une exactitude absolue, on revit sans problème l'exaltation des concerts dans les squats et la traque minutieuse qu'opère le commissaire Fourrier dans un Paris glacial et délavé.

Intéressantes aussi les connexions mises en évidence entre le terrorisme international, le milieu du grand banditisme et les organisation gauchisantes qui tenaient les squats.

Le livre offre une belle diversité de situations qui mettent en scène des personnalités issues des ces populations.

Il faut aussi évoquer le style de Dario, auteur gagnant à être connu.

Il lorgne vraisemblablement vers les grands du néo-polar et on retrouve du Manchette dans l'approche radicale des situations ou du Pouy pour le goût des jeux de mots et des références.

Quoi qu'il en soit j'ai pris beaucoup de plaisir à tourner les pages de ce livre Envolume, dont l'édition est très soignée.

Je remercie donc Envolume et Babelio de m'avoir offert ce bon moment de lecture dans le cadre de l'opération Masse critique.

Et je jetterais dorénavant un oeil attentif aux productions de cette maison d'édition qui devrait être plus connue.
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La valise et le cercueil

Une intrigue bien menée, qui se situe dans un Paris des années 60 encore meurtri par les années de guerre, mais aussi par l’après-guerre d’Algérie et le retour des pieds noirs et des rapatriés. Ces rapatriés qui se sentent étrangers en « France » car nés en Algérie, leur terre, mais également ces rapatriés que l’on rejette.

Cinq hommes ont été assassinés, avec la même arme, aucun lien entre eux, aucun mobile apparent, aucune piste. L’inspecteur Claude Fourrier mène l’enquête, mais les pistes à suivre sont bien trop minces. Tous les moyens sont bons pour avancer dans la résolution de cette énigme. Même faire appel à Djoko le médium, sur les conseils de Mado la pute au grand cœur, dans cette ambiance de banlieue triste et pauvre, où les voyous côtoient les prostitués et les ouvriers, dans les rues austères, ou dans les bars mal famés.

Mais ces meurtres cachent-ils une action de l’OAS, ou bien une vengeance inassouvie depuis les années noires de la guerre et des massacres en Algérie ? rien n’est sûr, car tout est possible. L’inspecteur cherche, et trouve, une issue bien étrange et qui va bien avec le côté décalé et parfois pathétique de ces désespérés en mal de repères.

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La valise et le cercueil

Ce polar de Dario nous plonge par son style, son ambiance, ses personnages, son intrigue dans l'histoire du vieux Paris dans le 18ieme de façon très réussie et intime;

On s'y croit.

Le langage imagée en particulier des personnages de l'intrigue historique style " argot titi parisien" est de ce point de vue particulièrement réussi

J'ai adoré ce livre de Dario

Bravo !

Quand le prochain?

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La valise et le cercueil

Un premier roman, ça se scrute pour sa nouveauté mais aussi pour ses promesses ! Dario a évidemment beaucoup lu Frédéric Dard, G Simenon et autres policiers, des ouvrages d'histoire et de politique et de tout cela a su tirer sa substantifique moelle pour "une valise et un cercueil" bien construit, bien documenté, sans superficialité et qui tient ses promesses de roman policier bien calé dans son cadre du Paris de la guerre d'Algérie. Je ne peux néanmoins me défaire du sentiment qu'il transparait dans ce premier titre que l'auteur a beaucoup de choses à dire et qu'un autre ouvrage sera le bienvenu. En un mot comme en cent, belle réussite pour un premier roman qui permet de briser le cercle du jugement et nous fait espérer un nouvel écrit.
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Pierre de Stonne

Après ‘La valise et le cercueil’ (révélation) puis ‘Palikao’ (succulent), Dario monte encore puissance avec cette dernière œuvre, se confirmant décidément un cador du roman historique. Car si l’Histoire (avec un grand H) n’est pas au centre des intrigues dario-esques, elle les entoure, les enveloppe, et se décline en anecdotes véridiques (et vérifiées dans un minutieux travail de recherche), qui étaient passées à côté de la postérité. Dans ce dernier ouvrage, nous avons ainsi un grand plaisir à (re)découvrir l’étonnante victoire française dans la bataille de blindés à Stonne, ou encore l’existence de ce footballeur de l’équipe de France qui s’enrôla dans la Gestapo.

‘Pierre de Stonne’ s’ancre en effet dans cette période trouble de la Débâcle, puis de l’Occupation, avec une intrigue à rebondissements rythmés qui, par certains aspects, pourraient rappeler la trilogie de Pierre Lemaître, le dynamisme en plus. Et que dire du style, incisif et drôle ? Ce roman mériterait un prix !
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La valise et le cercueil

Ayant acheté la Valise et le Cercueil à l'occasion d'une dédicace de l'auteur, je me suis laissée emporter, voire «piéger», dans l’ambiance évoquée dans ce livre, très plaisant et très visuel, riche d'enseignement et un brin nostalgique pour Paris des années 60. Les descriptions sont très pointues, l'auteur a su faire appel à son sens aigu et poussé de l’observation. Avec talent. Le vocabulaire me parait un peu trop riche en argot, mais ceci reste secondaire car n’empêche pas la compréhension, en ce qui me concerne. J’ai bien aime la fin aussi. Au bout du compte, derrière chaque embrouille se cache une femme ! En outre, je le verrais très bien adapté et porté à l’écran, il y a tant d’images qui nous viennent à la lecture de... la Valise et le Cercueil.
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Palikao 79

Immersion réussie dans la scène des enquêtes policières en pleines années 1975. Pour son deuxième opus Dario glisse sa caméra dans l’œil de l’attachant commissaire Fourrier et nous entraîne avec un luxe de détails édifiants à l’époque des Renault 16 et des pattes d’eph'. On se régale de la galerie de personnages sobrement brossés qui peuplent la nuit parisienne de Pigalle ou Belleville. La narration opère comme un script et l’évocation des mélodies de l’époque comme une bande son.

Rien à dire... c’est du cinéma.

En noir et blanc. Ou presque..
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Pierre de Stonne

Par mon métier, je suis amené à voyager dans des pays difficiles où la lecture est une distraction précieuse. Je lis de bonnes feuilles, et d’ennuyeuses qu’on m’avait pourtant chaudement recommandées. Heureusement, tous les trois ans, on peut lire un Dario. J'ai découvert ce romancier par son premier roman, la Valise & le Cercueil. J’ai ensuite suivi cet auteur qui gagnerait à être mieux connu. J’apprécie plusieurs qualités de ses romans : un contexte historique original, un style relevé, des personnages crédibles. D’aucuns diront que Dario fleurette parfois avec le roman d’atmosphère ? Et alors…



Donc, ses livres parlent d’histoire sans être des livres académiques, pas même des romans historiques. L’Histoire est un cadre pour décrire les passions et les doutes humains.



Pierre de Stonne, c’est le récit d’un héros malgré lui, un tankiste embusqué que la gloire poursuit. On y évoque longuement le fort méconnu campagne de France de mai 1940 et ses épiques combats de blindés. La fuite de ce faux héros (sans nom, il emprunte celui des autres pour mieux se planquer, le bougre) est même parfois assez drôle…



Une réussite, une de plus. Alors, Dario, à quand le prochain bouquin ?
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Pierre de Stonne

Ici il nous livre un récit haletant, dans l’ambiance et le huis clos de l’une des plus meurtrières batailles de la deuxième guerre mondiale où l’infanterie et les blindés français et allemands s’affrontent, avec de lourdes pertes, pour le contrôle du village de Stonne, petite commune du département des Ardennes.



Comme toujours chez Dario, pas de héros musclés et bien portants. Juste des hommes ordinaires, fatigués et tétanisés par la peur, plongés dans des circonstances extraordinaires.



Le titre et la photo de couverture annoncent la couleur : chevaux exténués, fumées épaisses, déroutes et déluge de feu évoquent irrésistiblement la débâcle française. Et les premières pages de l’ouvrage enfoncent le clou, si ce livre emprunte parfois les codes du roman de guerre, le coupable est déjà désigné : c’est l’échec, avec son cortège de panique et d’absurdité.



Une réussite à lire absolument.
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Palikao 79

Un excellent polar qui vous plonge dans le Belleville des années 70, gouailleur et truculent avec ses squats et son monde interlope. Une intrigue pas banale avec un flic original qui cherche son coupable mais cherche aussi un sens à sa vie.

Une belle plume qui tient le lecteur en haleine, un rythme saccadé qui correspond bien à la période et au lieu ou se déroule l’intrigue.

Une belle surprise
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La valise et le cercueil

Habitant le 18ème arrondissement de Paris à Montmartre, je me suis laissé tenter par ce livre complètement par hasard après avoir croisé la couverture dans la sélection Amazon et lu les quelques lignes en extrait, c'est un bon polar comme on les aime, c'est très bien écrit, on retrouve toute l'ambiance du quartier, le Pigalle des années 60, et en plus étant passionné d'histoire et très intéressé par la guerre d'Algérie je n'ai pas été déçu. Si j'avais quelque chose à dire, ce serait peut-être qu'il y a quelques passages un peu trop descriptifs, mais bon, en tout cas je recommande donc ce polar à tout ceux qui veulent passer un bon moment, et en particulier aux Montmartrois !​ Pour info, le blog de l'auteur : http://www.dario-auteur.fr
Lien : http://www.dario-auteur.fr
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Pierre de Stonne

Un trafiquant de pneus et perceur de coffres-forts qui devient la plume du Général de Gaulle, une baronne en manque d’amour épicé, un aristocrate qui trompe son monde avec un subjonctif imparfait éloquent, un prisonnier de guerre revanchard, un mystérieux roman inachevé ; autant de personnages improbables et d’intrigues qui émaillent le troisième opus de l’auteur Dario.



Le roman est un récit cadre où un récit moyenâgeux vient s’enchâsser dans un récit se déroulant lors de la seconde guerre mondiale. L’auteur jongle avec les époques et les genres avec aisance, aidé par une palette lexicale surprenante et riche en couleurs. Qu’elle soit médiévale, argotique, guerrière, policière, les amoureux de la langue française trouveront leur compte à chaque coin de page.



Le chapitrage de l’histoire est conséquent et les séquences peuvent-être ressenties comme indépendantes les unes des-autres. C’est comme si on déambulait dans l’aile renaissance d’un musée et que l’on s’attarde devant un tableau unique en savourant ses qualités. On a très souvent l’impression de faire une immersion dans la séquence tableau et observer la scène décrite à l’intérieur du cadre, comme si on y était invité. L’auteur arrive à donner cette impression par le réalisme descriptif des atmosphères, des ambiances, des lieux et des personnages. Que ce soit le drapé d’une étoffe, l’intérieur d’un char d’assaut, le détail d’un mobilier ancien, le rictus d’un visage, ou les caprices de la nature, tout est ciselé avec précision et rigueur, sans se départir d’élans poétiques.



Le philosophe Arthur Schopenhauer disait que la principale et unique condition d’un style était d’avoir quelque chose à dire. Dario met la puissance et le réalisme de son style au service d’une histoire singulière, originale, qui surprendra tout un chacun.
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Pierre de Stonne

Un beau livre avec une couverture solide, et une première page sur laquelle on découvre une illustration très parlante. Des soldats à cheval, en vélo, en charrette, qui laissent derrière eux une fumée sombre dans laquelle on ne distingue rien.

L’histoire se déroule en Mai 1940, dans les Ardennes. La bataille de Stonne qui oppose allemands et français fait rage. Les militaires doivent se battre au quotidien dans des conditions difficiles, voire épouvantables mais ils n’ont pas le choix. Parfois il faut annoncer la mort d’un pote, accepter les blessures, essayer de sauver ce qui peut l’être.

L’auteur, Fabrice Dario, a effectué un travail de recherches certainement très important pour nous offrir son roman le plus abouti. Son écriture s’est affirmée, affinée, et son récit a du « coffre », de la profondeur. C’est une période que je connaissais mal, et j’ai trouvé intéressant qu’il y ancre les aventures de ses protagonistes. L’un d’eux va trouver un manuscrit et j’ai bien aimé cette mise en abyme. D’autant plus que cette trouvaille ne sera pas anodine, elle va l’entraîner dans des aventures qu’il n’avait pas imaginées. Cela apporte un plus au déroulé du quotidien de ces hommes confrontés à la guerre, parfois démunis, de temps à autre maladroits dans leurs relations aux autres. Ils n’ont pas forcément « les codes » et certains sont très jeunes et ont été embarqués dans les combats sans en avoir fait le choix, simplement parce qu’il faut obéir et aller au front.

Ce qui est particulièrement remarquable c’est que personne n’est au-dessus du lot dans ce texte. Pas de héros plus fort que le voisin. Ce sont des hommes ordinaires (sans rien de péjoratif), avec leur force et leur faiblesse, leurs failles, leurs doutes. Ils n’aiment pas forcément se battre, ils n’ont pas choisi la guerre et ses déboires.

Les descriptions sont très vivantes, visuelles, les dialogues adaptés au contexte et à l’époque. Cet épisode historique est bien retranscrit et la lecture est intéressante.


Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Pierre de Stonne

Pierre de Stonne, un véritable régal... lu les pieds dans la neige



J'ai trouvé le récit très humain, avec la grande histoire à hauteur d'homme, ou finalement rien n'est blanc ou noir, mais tout est affaire de contexte et surtout de survie. En particulier sur la drôle de guerre et l'armistice, qui est au final une époque que je connaissais très mal. J'ai appris plein de petites choses, c'est érudit (j'imagine qu'il y a un gros travail de recherche derrière les anecdotes) sans être pompeux.

Mais surtout j'ai beaucoup rigolé intérieurement. Sur la description sur le chalutier de la France Libre. Sur les expressions. Sur les réflexions acerbes et l'humour noir.
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Palikao 79

Quelques jours de vacances en mer rouge... j'en profite pour lire enfin les aventures de Fourrier et Champi.

Pas compris qui était M Jacques... avant le dénouement ; ça doit encore mieux marcher sur moi que ceux qui ont connu l'époque.

En tout cas il aura voyagé ce bouquin, de la Corse à la Birmanie où il n'a fait que passer.

Avalé en 2 jours, ça se lit bien ! Me reste plus qu'un pèlerinage à faire dans le 20e arrondissement.
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