Selon la loi de l'offre et de la demande, plus les produits bio seront demandés, moins ils seront pénalisés par la différence de prix, car moins ils seront chers. D'ailleurs, dans des conditions de production équitables -c'est-à-dire avec des aides comparables -, l'agriculture biologique serait largement concurrentielle grâce à la valeur ajoutée de ses productions et à la reconnaissance dont sa qualité bénéficie.
Cependant, la diminution du prix des produits ne doit pas s'opérer au détriment de leur qualité par une production plus intensive. C'est avant tout la responsabilité du politique qui est engagée, mais celle du consommateur l'est également.
Comparer ce qui est comparable
Redonner sa priorité a l'alimentation
S'alimenter a toujours été le souci premier de l'homme. Or, en une cinquantaine d'années, la part du budget familial consacrée à l'alimentation est passée de près de 50% à 14%, selon l'INSEE. Bien sûr, la progression des salaires et des postes de dépenses expliquent en partie cette évolution.
En partie seulement, car il est frappant de constater la portion congrue réservée à cet élément essentiel à la qualité de vie, l'alimentation, alors que l'on se lamente de ne plus savoir quoi manger lorsque l'on veut éviter prions, listeria, salmonelles, OGM, nitrates, dioxine, pesticides et autres nouveautés liées à une agriculture intensive «bon marché» !... Si la part de l'alimentation a tant baissé dans nos budgets, c'est aussi que sa valeur symbolique a diminué. Nous n'acceptons plus de payer plus cher notre nourriture, car il y a d'autres priorités dans nos vies. Quitte à ce que la collectivité dépense des sommes considérables pour en traiter les conséquences : les dépenses de santé des ménages et de la collectivité arrivent maintenant en deuxième position dans nos budgets. Sommes-nous vraiment gagnants ?
Pourtant, la valeur de l'alimentation se révèle avec acuité à mesure que progressent les méfaits du modèle économique dominant, la précarité n'épargnant même plus une partie de ceux qui ont un emploi. L'alimentation, même conventionnelle, redevient chère pour des budgets modestes qui doivent lui consacrer une part importante de leurs capacités.