Ce qu'il y a de vrai cependant, c'est que dans certains milieux populaires, des superstitions filles de l'ignorance et l'ignorance elle-même peuvent favoriser l'acceptation par le malade de thèmes délirants particulièrement absurdes, mais dans toutes les classes sociales les mêmes psychoses font place au Surnaturel et le marquent de leur empreinte, qu'elles le prennent dans les croyances du milieu ou qu'elles l'inventent.
Les questions que nous appelons aujourd'hui psychologiques, ont du moins les principales d'entres elles, ont toujours été comprise dans le domaine de la réflexion philosophique.
On s'accorde d'ordinaire à considérer le sourire comme un rire atténué, un rire qui s'arrête en commençant et l'expression même de sourire ne signifie pas autre chose.
On entend, en général, par Surnaturel tout ce qui est supérieur à l'ensemble des êtres finis et aux lois qui les régissent. Les démons, les dieux, les prophètes, les inspirés, les illuminés, les sorciers, les forces qui sont censées leur obéir, tout cela fait partie du Surnaturel. Or, nul n'ignore que beaucoup d'aliénés vivent, partiellement ou complètement, dans le Surnaturel; ils se déclarent fils de Dieu, envoyés de Dieu, messies, Dieu lui-même, ils se croient favorisés ou persécutés par des dieux, des démons ou des êtres humains auxquels ils attribuent des pouvoirs surnaturels, et ils ont affaire, dans leurs délires, à des forces mystérieuses, hostiles ou favorables.
La guerre peut exercer des influences très diverses sur les différentes variétés de troubles mentaux. Tantôt elle les colore simplement, en donnant la matière de ses thèmes délirants à un malade qui, suivant toute apparence, aurait déliré sans elle et qui délirait quelquefois avant l'ouverture des hostilités. Tantôt elle agit d'une façon plus profonde, encore qu'indirecte, en provoquant des accès passagers d'excitation ou de dépression, de mélancolie, de neurasthénie, par les fatigues, les surmenages physiques et moraux, les changements d'hygiène, d'habitudes, de milieu et les préoccupations de toute nature qu'elle entraîne.
Baudelaire : Toujours.
Combien dureront nos amours
Dit la pucelle au clair de lune.
L'amoureux répond: Ô ma brune,
Toujours, toujours!
Quand tout sommeille aux alentours,
Hortense, se tortillant d'aise,
Dit qu'elle veut que je la baise
Toujours,toujours!
Moi je dis,pour charmer mes jours
Et le souvenir de mes peines:
Mes c..., que n'êtes-vous pleines
Toujours,toujours!
Mais le plus chaste des amours,
Le fouteur le plus intrépide,
Comme un flacon s'use et se vide
Toujours,toujours!
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C'est sans doute parce qu'on entend d'ordinaire par perception la perception extérieur, que la perception est considérée essentiellement comme un états intellectuel. Les émotions, les sentiments apparaissent, en effet, comme des états du moi comme des états internes. Mais, en prenant le mot perception dans le sens large, on pourrait légitimement parler de la perception du moi ou d'un organe déterminé et dire que cette perception comprend souvent des éléments affectifs.
Saint-Simon et Auguste Comte, avec leurs prétentions messianiques et leurs allures de prophètes ne sont donc ni plus extravagants ni plus étranges que nombre de leurs contemporains ; ce sont deux échantillons, les plus curieux peut-être, d'une espèce qui fut très répandue de 1800 à 18i8 et dont on ne peut dire qu'elle disparaisse jamais, bien qu'elle trouve sans doute dans les grandes révolutions sociales l'occasion et les raisons particulières de son développement.
Nous ne croyons pas que celle création du Surnaturel par les maladies mentales ait jamais été utilisée de la sorte, par la méthode chère à notre regretté maître Théodule Ribot, et nous ne nous dissimulons pas les difficultés d'une conclusion où nous essayerons d'éclairer des faits sociaux et normaux en les comparant à des faits individuels et morbides qui ne peuvent présenter avec les premiers que des analogies plus ou moins étroites, et non des identités.
A dire vrai, Saint-Simon qui écrivit en 1803 les Lettres d'un habitant de Genève fut le premier en date parmi ces prophètes, mais il fut bientôt suivi de Fourier, d'Auguste Comte, d'Enfantin, de Bazard et de toute la pléiade des saints-simoniens. Sous prétexte d'organiser la société future, tous ces déformateurs vaticinèrent; ils se prirent sérieusement pour des hommes prédestinés, marqués au front d'un signe fatal.