-Tu veux que je pète un truc chaque fois que tu ne réponds pas à mes questions? Tu as de nouvelles fenêtres, on va tester si elles sont aussi résistantes que les autres.
-C’est quoi, ton problème, Hakim?
-Oh! Maintenant, c’est moi qui ai un problème? Putain, tu ne comprends pas que je veux simplement que tu m’expliqueras ce qui t’arrive? C’est trop te demander que de te confier à moi sans que j’aie à te menacer?
-Je fais ce que je peux pour vivre, ou plutôt survivre, et offrir à mon petit frère l’avenir de quelqu’un de bien, contrairement à moi qui suis obligée de faire à moitié le tapin pour remplir le frigo. Alors oui, Hakim, j’ai embrassé des tas de garçons. Je ne saurais pas te donner un chiffre, même approximatif, c’est dire à quel point il y en a eu. Maintenant, juge-moi si tu veux, je le mérite peut-être, ou peut-être pas. Franchement, je me fous de ce que tu penses de moi… Je devine ce que tu vas me dire… Tu vas me sortir ces belles phrases que tu aimes tant rapper : quand on veut, on peut, chacun est libre de choisir sa vie. Sauf que, lorsque l’existence te met constamment des uppercuts dans les côtes, te casse la mâchoire, te brise les os un à un, que tu cries à t’en briser les cordes vocales, suppliant qu’on vienne t’aider et que personne ne t’entend, on prétend ne pas t’entendre, on ne peut avoir ta vision. Si tu t’en es sorti, tant mieux. Sincèrement, je suis contente pour toi. Ce n’est pas mon cas, et ça ne le sera peut-être jamais.
-… Je te posséderai comme aucun autre homme ne t’a fait l’amour. À chacun de mes coups de reins, une dispute disparaîtra. À chaque baiser, une parole blessante. J’anéantirai tout ce qui nous sépare, tout ce qui nous trouble. Je te sentirai frémir de plaisir sous mes mains, je te verrai te cambrer comme tu sais si bien le faire. Tu voudras changer de position, pour t’allonger sur le ventre, mais je refuserai, parce que je voudrai voir le plaisir sur ton visage…
-Crois-moi, si j’entre réellement dans ta vie, je vais la mettre sens dessus dessous. Je piétinerai tes principes un par un, et tu regretteras de ne pas avoir passé ton chemin quand tu m’as rencontrée. C’est ça, d’être ami avec moi, je t’entraînerai dans ma chute, parce que c’est ce qui se passe à chaque fois.
-Je suis sûr que tu te trompes. Je suis assez fort pour ne pas me laisser embarquer dans tes histoires. Et mes principes, je n’y déroge jamais.
Tout comme nous, cet endroit t’a détruite, continua-t-elle. Tu ne seras plus jamais la même. Cependant, tu dois te battre, je veux te voir sourire. Malgré ta vie difficile, accepte d’être heureuse. Le bonheur est quelque chose de rare et précieux, beaucoup se perdent en le cherchant. Il est désormais à ta portée, alors ne le laisse pas filer une nouvelle fois. Sois heureuse, Mel.
Une bulle de désir se formait tout autour de nous jusqu’à nous envelopper entièrement. Nous nous noyions dans le regard de l’autre avant de nous perdre dans des pensées inavouables qui défilaient à toute allure dans nos esprits échauffés.
-… Je m’excuserai pour le mal que je t’ai fait consciemment ou inconsciemment. Je te supplierai de me reprendre parce que sans toi je ne vis qu’à moitié, et que le meilleur est devant nous.
Il se tenait à quelques mètres de moi, et m’observait avec un sourire en coin.
Hakim.
Contrairement à moi, il n’avait pas failli à sa promesse.
Il m’attendait.
J’avais fait mes premiers pas de styliste modéliste dans cette boîte spécialisée dans la lingerie et les maillots de bain, et j’y était fortement attachée.
-Tu me rends fou, j’ai envie de t’éclater la tête contre le tableau de bord!
-Ce ne serait pas la première fois que mon crâne subirait ta violence.