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« Les aventuriers de la mémoire perdue est une sorte de plongée dans l'élaboration de la renaissance. » « Les aventuriers de la mémoire perdue. Léonard, Erasme, Michelet et les autres » de Jean-Christophe Saladin aux @lesbelleslettreseditions , 632 pp., 29,50 Présenté par Robert Maggiori, philosophe co-fondateur des Rencontres Philosophiques de Monaco et critique littéraire.
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Éloge de la folie de Erasme
« Le singe est toujours singe, dit l’adage grec, même sous un habit de pourpre. » Pareillement, la femme a beau mettre un masque, elle reste toujours femme, c’est-à-dire folle. Les femmes pourraient-elles m’en vouloir de leur attribuer la folie, à moi qui suis femme et la Folie elle-même ? Assurément non. A y regarder de près, c’est ce don de folie qui leur permet d’être à beaucoup d’égards plus heureuses que les hommes. Elles ont sur eux, d’abord l’avantage de la beauté, qu’elles mettent très justement au-dessus de tout et qui leur sert à tyranniser les tyrans eux-mêmes. L’homme a les traits rudes, la peau rugueuse, une barbe touffue qui le vieillit, et tout cela signifie la sagesse ; les femmes, avec leurs joues toujours lisses, leur voix toujours douce, leur tendre peau, ont pour elles les attributs de l’éternelle jeunesse. D’ailleurs, que cherchent-elles en cette vie, sinon plaire aux hommes le plus possible ? N’est-ce pas la raison de tant de toilettes, de fards, de bains, de coiffures, d’onguents et de parfums, de tout cet art de s’arranger, de se peindre, de se faire le visage, les yeux et le teint ? Et n’est-ce pas la Folie qui leur amène le mieux les hommes ? Ils leur promettent tout, et en échange de quoi ? Du plaisir. Mais elles ne le donnent que par la Folie. C’est de toute évidence, si vous songez aux niaiseries que l’homme conte à la femme, aux sottises qu’il fait pour elle, chaque fois qu’il s’est mis en tête de prendre son plaisir. Vous savez maintenant quel est le premier, le plus grand agrément de la vie, et d’où il découle.
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Éloge de la folie de Erasme
Dites-moi, je vous prie, peut-on aimer quelqu'un, quand on se hait soi-même ? Peut-on vivre en bonne intelligence avec les autres, quand on n'est pas d'accord avec son propre coeur ? Peut-on apporter quelque agrément dans la société, quand on est ennuyé et fatigué de sa propre existence? (p.43-44)
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Éloge de la folie de Erasme
D'abord, qui ne sait que la première enfance est pour tout homme, et de loin, le plus joyeux, le plus agréable des âges ? Que possèdent-ils donc, les petits enfants, qui nous incite à les couvrir de bisous, à les dorloter, à les caresser, même un ennemi porte secours à un bébé? Que possèdent-ils, sinon la séduction de la folie? La nature, dans sa prudence, en a gratifié tout exprès les nouveau-nés, moyennant quoi ils apportent, sous forme de plaisir, une sorte de contrepartie aux tracas de ceux qui les élèvent : ainsi gagnent-ils les faveurs des personnes qui veillent sur eux. XIII |
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L'Abbé et la savante de Erasme
Autrone. Les livres ôtent beaucoup de cervelle aux femmes, qui d'ailleurs n'en ont pas de reste. Magdalie. J'ignore jusqu'à quel point vous autres en avez de reste, mais si peu que j'en aie, j'aime mieux l'employer à étudier les belles-lettres qu'à réciter des prières sans les comprendre, qu'à passer les nuits dans des festins et à vider des rasades. Autrone. L'habitude des livres engendre la folie. Magdalie. Les conversations des compagnons de bouteille, des bouffons et des pitres ne vous rendent-elles pas fou ? |
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Éloge de la folie de Erasme
[Les hommes] donnent à la folie tant de formes différentes, ils en inventent chaque jour un si grand nombre de nouvelles, que mille Démocrites suffiraient à peine pour rire de leurs extravagances : et ces mille Démocrites, s’ils existaient, pourraient bien fournir eux-mêmes de quoi rire à quelque autre nouveau Démocrite.
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Quelle est la date de naissance de Jean-Paul Sartre ?