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3.64/5 (sur 11 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Berkeley, Californie , le 09/02/1947
Biographie :

Erik Olin Wright est un sociologue américain.

Il est professeur de sociologie à l'Université du Wisconsin à Madison, et a été président de l'American Sociological Association, charge qu'il occupe d'août 2011 à août 2012.

Ses travaux traitent principalement de l'étude des classes sociales, avec comme objectif de moderniser le concept marxiste de classe.

Il a entamé au début des années 1990 une réflexion sur les utopies sociales et politiques et essayé de définir ce qu'il appelle une "science sociale émancipatrice" dans le cadre d’un projet de recherche collectif ( The Real Utopias Project) qu'il a dirigé.

Dans son ouvrage "Utopie réelles" (Envisioning Real Utopias, 2010), il s'efforce d'y identifier des modalités d'action opératoires pour fonder une plus grande justice sociale et politique, en visant donc des "utopies" qui soient "désirables", "viables" et "faisables".

son site : https://www.ssc.wisc.edu/~wright/
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Erik Olin Wright on "real utopias"

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Citations et extraits (10) Ajouter une citation
L’un des cas les plus tristement célèbres fut la décision concernant la sécurité du réservoir de carburant de la Ford Pinto dans les années 1970. Selon les notes de service qui circulaient en interne au sein de l’entreprise Ford et qui furent analysées par Mark Dowie, il est désormais possible de relater cette histoire dans ses grandes lignes : la Ford Pinto souffrait d’un défaut de fabrication au niveau de ses réservoirs de carburant qui présentaient un risque d’explosion en cas d’accident. Lorsque ce défaut de fabrication fut décelé, la société dut choisir la solution la plus rentable entre régler le problème et, au contraire, verser des dommages et intérêts en cas de poursuites judiciaires pour blessures et décès occasionnés par cette imperfection initiale. Pour procéder à cette analyse des coûts et des bénéfices, la Ford Motor Company calcula, selon son point de vue, la valeur de chaque vie humaine perdue en cas d’accident. Elle la calcula principalement sur la base des revenus futurs qui seraient perdus à cause de chaque décès et qui, en 1971, s’élevaient (selon leur estimation) à environ 200 000 dollars. Le coût du rappel de toutes les Ford Pinto et du règlement du problème leur revenait à 11 dollars par voiture. Selon cette base d’estimation, une question épineuse se posa alors : que devait faire la Ford Motor Company ? La remise à neuf coûterait à Ford environ 137 millions de dollars – soit 11 dollars pour les 12,5 millions de véhicules en circulation. En sachant qu’en moyenne 180 personnes décéderaient chaque année en raison de ce défaut de fabrication, le « bénéfice » total que pouvait récupérer la Ford Motor Company s’élevait donc à 36 millions de dollars (180 x 200 000 dollars). Même si les dommages et intérêts pouvaient considérablement augmenter, les dirigeants de la société en ont conclu qu’il était plus avantageux économiquement d’être poursuivis devant les tribunaux et d’indemniser les victimes que de payer les réparations. C’est pourquoi ils choisirent de ne pas effectuer les travaux de réparation.

Ce genre de calcul est parfaitement logique dans un marché capitaliste qui vise la maximisation du profit. La seule façon de calculer « rationnellement » le compromis coûts/bénéfices était d’estimer la « valeur marchande » d’une vie humaine. Cette marchandisation virtuelle de la vie permet alors de peser les coûts et les bénéfices du point de vue de la stratégie de maximisation des profits adoptée par l’entreprise. Bien entendu, il va de soi que, lors de l’évaluation de risques et de l’allocation des ressources, ce type de calcul visant à mesurer les coûts et les bénéfices doit toujours intervenir, puisque notre champ d’action est limité et que les ressources rares doivent au final être distribuées. Mais les marchés capitalistes réduisent ce problème à la question de savoir quelle est l’option la plus rentable pour les entreprises capitalistes, et une telle stratégie peut aller à l’encontre des valeurs humaines.
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Wright appelle à une nouvelle « configuration stratégique », l’« érosion » du capitalisme, qui, à toutes les échelles possibles, associerait, dans la société, ces stratégies de résistance et de défection et, au sein des pouvoirs publics, les politiques de domestication et de démantèlement du capitalisme. La conjugaison et la succession répétées de ces actions, venues d’« en haut » et d’en « bas », permettraient de développer des niches anticapitalistes durables et de plus en plus vastes dans l’écosystème capitaliste général. À long terme, elles pourraient rendre le capitalisme minoritaire.
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La logique stratégique à l'égard de la classe capitaliste
Les stratégies de rupture envisagent la lutte des classes sous la forme d'un affrontement direct : il s'agit de contraindre les capitalistes à faire des concessions, puisque le pouvoir de la classe capitaliste dépend de sa capacité permanente à recourir à la coercition. Ce n'est donc que par une lutte des classes violente qu'il est possible d'anticiper le moment où la rupture avec le capitalisme devient historiquement possible. Les stratégies interstitielles essaient d'éviter toute forme de confrontation. Ignorer la bourgeoisie est l'objectif stratégique : il s'agit de contester le capitalisme en construisant des alternatives et non pas en l'affrontant directement. Les stratégies symbiotiques cherchent davantage à créer les conditions d'une collaboration positive - ce que j'appelle un compromis de classe positif. Cette collaboration peut également déboucher sur des affrontements, mais en vue d'une coopération positive qui peut conduire à écarter certaines options défendue par les capitalistes.
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Un second exemple de problèmes d’efficacité que nous pouvons lier à l’exécution des contrats au sein des marchés capitalistes concerne le système de santé. Aux États-Unis, les soins médicaux sont garantis financièrement par toute une série de mécanismes. Ces mécanismes dépendent soit de l’État, soit des individus qui rémunèrent les médecins selon une formule de paiement à l’acte, soit des assurances privées organisées selon les principes capitalistes de la maximisation du profit. Les médecins, les cliniques et les hôpitaux doivent recruter du personnel pour gérer administrativement les formulaires d’assurance et prendre en charge le suivi des frais versés par les patients ; les compagnies d’assurances doivent embaucher des individus pour surveiller les demandes et évaluer les profils à risque des personnes susceptibles de souscrire à une assurance ; et, bien entendu, les patients doivent consacrer beaucoup de temps et d’énergie à contrôler les nombreuses factures, souvent confuses et incompréhensibles, qu’ils reçoivent. Au Canada, en revanche, la quasi-totalité des factures médicales sont payées par l’État au sein d’un système appelé très justement le « système du paiement unique ». Le gouvernement du Canada établit des frais pour différents services au terme d’un processus de négociation avec les médecins et les organisations médicales. Pour le remboursement, toutes les factures sont donc centralisées. Une mesure des pertes d’efficacité directement reliées au problème de l’exécution des contrats d’assurance privée est la proportion des coûts médicaux totaux absorbés par la paperasse et l’administration. À titre d’exemple, en 1999, les coûts administratifs en matière de soins médicaux aux États-Unis constituaient 31 % des dépenses de santé, alors qu’ils s’élevaient seulement à 16,7 % au Canada. En ce qui concerne les compagnies d’assurances privées aux États-Unis, les fameux « frais généraux » que l’on peut isoler des coûts administratifs constituent environ 12 % des dépenses, alors qu’ils s’élèvent seulement à environ 1,3 % dans le système canadien. Même si tous les coûts administratifs ne sont pas liés à des questions de contrats, la différence entre le Canada et les États-Unis tient à la complexité du système de contrôle et aux modalités de paiement de tels coûts sur le marché. Le système canadien d’allocation des ressources qui simplifie les règles de comptabilité est donc beaucoup plus efficace que celui des États-Unis qui s’est construit sur des rapports de propriété capitalistes.
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Les termes qu’il a choisis, celui de « socialisme » en particulier, ne doivent pas égarer les lectrices et lecteurs français. Aux États-Unis et dans le monde anglophone, au sein desquels l’auteur intervenait en priorité, le mot n’a rien perdu de son parfum de scandale. Et dans son sens originel, forgé au XIXe siècle, c’est encore le plus accueillant des identifiants, à partir duquel tous les courants actuels de l’anticapitalisme ont pris corps. Bien entendu, le dernier siècle, les quatre dernières décennies en particulier, aura donné au terme de socialisme, dans nombre de pays comme la France, une signification plus étroite et souvent contraire à son sens initial. Mais ce n’est pas à une rumination nostalgique sur la trahison par les socialistes contemporains de leurs origines ou des espérances populaires qu’invite Wright.
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Mais seules peuvent être qualifiées de socialistes les attitudes et les prises de position qui visent l’épanouissement et le bien-vivre (buen vivir) de toutes et de tous. Égalité, autonomie, entraide : l’éthique du socialisme tient plus précisément dans ce triptyque. L’horizon des socialistes est à la fois l’égalité d’accès aux moyens de la vie bonne, l’autonomie démocratique des collectifs sur les décisions qui concernent leur existence, le sentiment de communauté et de solidarité. Le capitalisme n’est pas seulement incapable de favoriser ces valeurs, il les bafoue, les nie, nous en éloigne.
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Bien sûr, cette question de l’injustice intergénérationnelle, qui consiste à imposer aux générations futures des externalités négatives, se posera pour n’importe quel système économique qui sera conscient des conséquences à long terme liées à la production et aux décisions de consommation actuelles. La question est donc de savoir si ce problème aura des effets plus néfastes dans certains systèmes économiques que dans d’autres. En raison de la manière dont le capitalisme favorise l’intérêt égoïste et dont il réduit la perspective temporelle de ses impacts et organise les décisions économiques par le biais de marchés décentralisés, il nous apparaît évident que ces problèmes d’injustice liés aux externalités négatives intergénérationnelles se posent avec acuité. Même un système économique dans lequel les choix d’investissement seraient soumis à un contrôle démocratique ne pourrait garantir que les intérêts des générations futures soient satisfaits de manière adéquate. Mais, dans un tel système, il n’est pas à exclure que l’équilibre entre les intérêts présents et les intérêts futurs puisse devenir un objet de délibération central plutôt que le résultat final de choix privés et atomisés d’individus agissant selon leurs propres intérêts.
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Erik Olin Wright
Les valeurs d’égalité, d’autonomie, de solidarité, qui définissent le socialisme contemporain selon Wright, sont aussi à la source du féminisme, de l’antiracisme et des mobilisations LGBTQIA+.
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Les valeurs d’égalité, d’autonomie, de solidarité, qui définissent le socialisme contemporain selon Wright, sont aussi à la source du féminisme, de l’antiracisme et des mobilisations LGBTQIA+.
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le physicien et le biologiste pourraient se tromper, mais leurs affirmations n'en demeurent pas moins réelles, dans la mesure où elles apparaissent comme l'horizon indépassable du possible. En revanche, les affirmations concernant les limites sociales du possible sont de nature différente de celles concernant les limites de la réalité physique ou biologique. Dans le cas de la société, les croyances concernant les limites conditionnent structurellement le champ du possible de manière substantielle.
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