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Citation de michelekastner


ANDROMAQUE
Ô mon chéri, ô mon enfant comblé d'honneurs,
tu vas mourir sous les coups ennemis, laisser ta mère désolée,
C'est la noblesse de ton père qui provoque ta mort,
celle qui pour tant d'autres fut source de salut :
la grandeur de ton père ne t'a pas porté chance !
Ô mon lit malchanceux, et mes noces
qui me firent jadis venir dans le palais d'Hector !
L'enfant de mes couches ne devait pas être immolé aux Grecs
mais régner sur l'Asie abondante en semailles.
Ô mon enfant, tu pleures ? comprends-tu tes malheurs ?
Pourquoi t'agrippes-tu à moi, pourquoi t'accroches-tu à ma robe
comme un petit oiseau se pressant sous mes ailes ?
Hector ne viendra pas, il ne saisira pas sa glorieuse lance
pour surgir de la terre et te porter secours,
ni la parenté de ton père, ni la puissance des Phrygiens.
Un saut atroce, sur la nuque te précipitera
de haut, impitoyable, t'arrachera brutalement le souffle.
Ô petit corps caressé et chéri de ta mère,
ô l'odeur délicieuse de ta peau ! c'est donc pour rien
que mon sein t'a nourri quand tu étais dans les langes ;
En vain le mal que je me suis donné, les peines qui m'épuisaient
Là, pour la dernière fois, viens embrasser ta mère,
serrer celle qui t'a donné le jour, mets tes bras
autour de mon cou, ta bouche sur la mienne.
Ô Grecs qui avez inventé la barbarie du mal,
pourquoi tuez-vous cet enfant qui n'est coupable en rien ?
Et toi, rejeton de Tyndare, je dis, moi, que tu n'es pas
la fille de Zeus mais de bien d'autres dont tu tiens :
la Vengeance, d'abord, et le Ressentiment,
le Meurtre, la Mort, toutes les plaies que la terre nourrit.
Jamais je n'approuverai la présomption qui fait de Zeus ton père,
de toi qui fut la Kère de tant de Grecs et de Barbares !
Je te maudis : tes beaux yeux n'ont servi
qu'à perdre dans la honte nos campagnes célèbres de Phrygie.
Allez ! emmenez, emportez, précipitez, si votre décision est de précipiter !
Festoyez de ses chairs ! puisque les dieux
nous perdent et qu'il est impossible d'éviter
la mort à mon enfant ! Recouvrez mon corps misérable,
précipitez-le dans vos navires. Ah le bel hyménée qui
m'attend, après que j'ai livré mon enfant à sa perte !

Les Troyennes 725-779
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