La déforestation, la chasse, le braconnage et le commerce illégal d’animaux exotiques, la destruction de leur habitat par l’Homo sapiens ont créé une promiscuité que ses propres ancêtres auraient trouvée sacrilège entre lui et les habitants de la nature sauvage. Le type d’interaction que les hommes d’aujourd’hui établissent avec les milieux naturels détermine non seulement la dégradation de ces derniers, mais la leur.
Le corbeau s'arrêta en l'air, battant des ailes: s'il avait traversé le jardin en sens inverse, fendant le ciel de gauche à droite en signe de bon présage, devant les yeux du vieux bonhomme, il aurait trahi son propre rôle de messager. Il tenait à lui donner un avertissement, chose que les corbeaux avaient coutume de faire depuis des millénaires. Malgré son épuisement, il se résigna quand même à faire le tour le plus long, de façon à fendre le ciel de droite à gauche, en signe de malheur irrévocable. Il déboucha au-dessus de la géométrie des haies, alors que le vieux regardait encore en l'air. Il lui passa devant les yeux et attendit l'éclair qu'il croisait dans le regard des augures, ces antiques lecteurs du vol des oiseaux. Rien. Le vieux ne l'avait même pas vu. Que regardait-il donc dans le ciel désert?
C'est trop tard, se dit-il, les hommes ne savent plus recueillir les présages et ils n'apprendront plus.
[...] le jaguar parla.
-Amis, animaux, citoyens du monde, frères de sagesse, pairs du présent conseil, vous savez tous pourquoi nous sommes ici. À quelques reprises déjà, par le passé, nous les maîtres de la Terre, ses habitants les plus anciens et les plus sages, nous nous sommes réunis pour étudier la façon d'affronter la menace de son colon le plus jeune et le plus intempérant, l'homme.
-Et comment! hurlèrent les singes. Nous vous l'avons toujours dit, qu'il ne descendait pas de nous.