e vous épargne donc ce fardeau.
La seule chose que je puis dire c’est que dans la vie, peu importe les épreuves que nous vivons, nos sentiments et nos émotions sont liés à notre vécu.
Une histoire à toujours plusieurs versions sans pour autant être fausse. C’est toute la complexité de la vie.
Elle n’en revenait pas. Apprendre sa grossesse alors que son mari était mort depuis maintenant un mois eut l’effet d’un coup de poignard. C’était bien son style tiens, fuir alors que les choses se compliquaient ! Elle aurait rêvé de le lui annoncer.
Aurait-il été le plus heureux des hommes ?
Porter l’enfant de cet homme était une véritable souffrance. Elle ignorait en outre si ce bébé était le fruit d’un amour inconditionnel, comme elle l’avait toujours cru, ou si elle était enceinte d’un traitre.
Si un voile opaque recouvrait ses souvenirs, elle se souvenait en revanche de la tête qu’il avait faite en la voyant. Il n’avait pas l’air serein. Était-ce parce qu’elle l’avait attrapé sur le fait accompli ? Dans son souvenir, il parlait, mais elle était incapable de se souvenir des mots qu’il avait prononcés.
Elle sentait son monde s’effondrer à la vitesse d’un train japonais. C’est dire à quel point elle était propulsée.
Il est tellement plus facile d’être le spectateur d’une tragédie ! Il est tellement plus aisé de dispenser des conseils lorsque cela ne nous concerne pas directement ! Bizarrement, à la place de l’autre, on sait toujours comment agir. Dans la réalité en revanche, personne ne peut jamais savoir comment il ou elle réagirait face à telle ou telle situation…
Ce sentiment puissant de frustration était le moteur destructeur de sa vie. Évidemment, elle n’en était pas consciente, sinon cela aurait été trop facile. Elle avait beau espérer connaître le bonheur, ses choix avaient l’effet inverse. Quand quelque chose nous consume de l’intérieur, on finit irrémédiablement par s’attirer des ennuis.
L’ordinateur était un mystère. Elle le fit parler plus vite qu’un enfant de trois ans pris en flagrant délit de gourmandise. Cependant, il n’y avait rien d’évident. C’était comme si son mari, tel le Petit Poucet, avait parsemé ses fichiers de petits cailloux pour l’aider à sortir du labyrinthe mental dans lequel elle errait.
La chose la plus logique pour une informaticienne, c’est de faire parler un moteur de recherche. Or, en pianotant sur son clavier, elle réalisa que c’était comme si cette femme n’existait que depuis qu’elle travaillait à Mérignac. C’était assez étrange, cela ne présageait rien de bon.
C’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Plus précisément, dans son cas, c’était plutôt comme si elle ne savait pas quoi chercher dans une botte de foin. Autant espérer débusquer un clown faisant du moonwalk tant elle nageait dans le flou !
Elle avait une soif inaltérable d’attention, un manque immense à combler. Le gouffre était tellement gigantesque que peu importait l’attention qu’on lui portait, il lui en fallait toujours davantage.
La vie n’est pas toujours si logique.
Pouvait-elle se fier à une menteuse pathologique afin d’obtenir la vérité.