CHOCOLAT, DROGUES DURES, COLONIALISME ET LUTTE DES CLASSES (AVEC ARMAND GAUZ)
L’Histoire est un leurre, au mieux le compte rendu rieur d’un temps et son humeur.
Épigraphe, page 7, Le Nouvel Attila, 2018.
Des bandes de crocodiles, gueules ouvertes, immobiles sur la grève, avalent les rayons du soleil.
Yolanda est marron très foncé, comme Camarade Papa. Maman est marron très clair, comme moi. Nous sommes la tribu des marrons, dit Yolanda. Dans la rue, elle est la seule marron vendeuse de bisous. À chaque lutte de classe, elle me gronde en public. À cause des préjugements des yeux sur la couleur, le marron doit être exemplaire. Devoirs des marrons. Quand on est seuls tous les deux, elle dit : « Tu es très courageux.» Moi je sais juste que les plus petits doivent toujours se battre pour arracher aux plus grands leurs privilèges de classe. Marko-le-jaloux est le plus grand de la classe populaire…
SENS. Dans les allées des parfums, l'éclairage est feutré. Privilégier l'odorat.
Dans les allées des maquillages, l'éclairage est vif. Privilégier la vue.
Partout, la musique est nulle. Privilégier la surdité.
« Grosses. Souvent, les femmes grosses commencent d’abord par essayer des habits plus petits… avant de disparaître discrètement avec la bonne taille dans les cabines d’essayage. »
« L’Histoire est un leurre. Au mieux le compte-rendu rieur d’un temps et son humeur. »
Révolution IL est désormais reconnu qu'il n'y avait que 7 prisonniers hagards enfermés à la Bastille le 14 juillet 1789. Autrement dit, il n'y avait presque personne à libérer. Mais l'Histoire retient plus les symboles que les faits. Si elle se répétait aujourd'hui, la prise de la Bastille libèrerait des milliers de prisoniers de la consommation.
98% coton +2% Élasthanne=Jean slim
95% Coton +5% Élasthanne = Fuseau
Pour être cool ou ringard, cela se joue à 3% d’élasthanne
Des jours, des semaines, je ne sais quand Maman est partie. Je prends un livre sur son bureau. Camarade Papa éteint, pressé de sortir. Il ne dit rien. Il ne dit jamais rien. Sauf pour la lutte émancipatrice des masses laborieuses. On descend dans les escaliers en cage. On habite Sintannenstraat : rue Sainte-Anna, la maman de Marie. Devant la bouche de l’immeuble, les messieurs de la bande à Marie-Anna. Ce sont des suppositoires du grand capital. La police, forces rétrogrades aux ordres de la bourgeoisie, ne fait rien parce que le quartier est populaire. Warmoesstraat, on prend à droite. La rue de l’école. La rue des vendeuses de bisous aussi. Pendant que nous apprenons l’histoire, elles font le plus vieux travail du monde dans le plus vieux quartier de la ville.
TATOUAGES. Sur le cou, son tatouage aux traits fins et précis représente un lotus qui a le même graphisme que "Lotus", la marque de papier hygiénique. Avec sa peau très pâle, c'est un peu comme si elle avait un rouleau de PQ coincé entre la tête et les épaules.