La nature avait donc repris le dessus et évoluait à son propre rythme. Sarah contempla le grand rideau noir devant ses yeux. Elle allait pénétrer dans l’antre du wendigo, autrement dit l’Esprit de la forêt, une créature surnaturelle, maléfique, un prédateur aussi vieux que le monde, réputé pour dévorer tout ce qui vivait et, surtout, son goût immodéré pour la chair humaine et son extrême cruauté envers ses victimes. Aucun monstre ou mauvais esprit n’évoquait une crainte plus superstitieuse dans le folklore indien. Une légende racontait que le malheureux qui serait épargné par ce monstre deviendrait l’avatar du wendigo, errant jusqu’à la fin des temps dès la nuit tombée en quête de chair fraîche…

Le constat s’était imposé de lui-même. Ces meurtres – car elle n’avait plus aucun doute sur ce terme –, étaient l’œuvre d’une seule personne. Le mode opératoire témoignait de l’acte d’une personne isolée.
Les habitants cautionnaient les actes monstrueux d’un individu. L’un des leurs…
Il ne s’agissait ni d’accidents ni d’attaques d’animaux sauvages, encore moins d’un esprit malfaisant, mais d’un homme, un simple être humain.
Ils protégeaient un tueur en série, un malade… qui reproduisait le meurtre de Bettina sur ses victimes. Quelles raisons obscures poussaient cet individu à commettre des actes aussi insensés que cruels ?
Helena se souvint de la réaction du maire quand elle lui avait demandé s’ils avaient réellement récupéré les restes de la comtesse. Un frisson la transperça de part en part. Elle ne pouvait ignorer la nervosité qui avait animé l’homme, comme si, soudain, le sujet le mettait mal à l’aise. Son estomac se retourna. Le sol se dérobait sous ses pieds. La jeune femme dut s’asseoir quelques instants sur le perron de la mairie, laissant le malaise se dissiper tandis que son cerveau poursuivait inlassablement son périple dans les méandres de l’esprit humain, dévoilant des déductions...
Une violente tempête s'est abattue cette nuit sur la ville de Toulouse, une tempête qui n'avait pas été prévue par Météo France et qui a plongé la ville rose dans une confusion totale. En l'espace de quelques minutes seulement, des dommages considérables ont été recensés partout en ville, des dizaines de véhicules ont été balayés sur plusieurs mètres, des toitures arrachées... Ces rafales ont ciblés uniquement la ville rose, privant des centaines d'habitations d'électricité.
La nuit était noire, sans étoiles... et glaciale. Son coeur battait la chamade dans sa poitrine. La petite voix dans sa tête, tentait de l'effrayer. Il ne peut rien m'arriver, dit-elle tout haut. Comme si tout cela ne suffisait pas à la terroriser, la voix de John surgit à son tour : N'entre jamais dans le parc après le coucher du soleil. Elle revoyait son air grave, son regard dur. Sarah avança de quelques pas.
Il lui avait fallu quelques minutes pour traverser la ville désertée par ses habitants. Il n'avait croisé aucun véhicule. C'était très impressionnant, surréaliste. Toulouse ressemblait à une ville fantôme. Il ne restait des pluies diluviennes que de grosses traînées de boue séchée ici et là.