Ces quelques caractéristiques historiques sont fondamentales pour comprendre le présent : la Chine a été la première puissance mondiale ; elle a perdu son aura en se refermant ; les Occidentaux lui ont imposé, à elle et à l'Inde, un échange inégal, ruinant au passage son industrie ; le diktat politique, la remise en cause de la souveraineté territoriale ont marqué définitivement les esprits.
Aujourd'hui, la Chine se comporte comme si elle devait prendre exactement à rebours cette époque chahutée de son histoire : elle veut devenir la première puissance mondiale ; elle le fera par l'industrialisation de son appareil productif ; elle imposera les termes de l'échange au reste du monde ; elle sera plus que jamais sourcilleuse de sa souveraineté, notamment territoriale, que ce soit à Taïwan, au Tibet ou au Xinjiang.
Dans la société française, les boucs émissaires ont été les juifs, mais aussi, au Moyen Age, les « Lombards », à l'époque moderne, les protestants ou les catholique selon les camps, les agents royaux (du fisc par exemple) ou inversement les mendiants ou les prostituées, les « aristocrates » et parfois les prêtres à la Révolution; les « capitalistes », les « bourgeois » à l'époque contemporaine, les immigrés non encore assimilés à toutes les époques. Aujourd'hui, le bouc émissaire, ce sont les Arabes. Demain, ce seront peut-être les Noirs ou les Chinois. Les Arabes, parce qu'ils portent encore une différence (leur nom, leur religion) mais aussi et surtout parce que la société française se rend compte qu'ils sont de moins en moins différents. Leur différence apparaît alors d'autant plus importante qu'elle est finalement de plus en plus résiduelle...Ainsi, plus les « étrangers » ressemblent aux Français, plus ils peuvent attirer la violence sur eux, comme les juifs allemands dans les années trente, qui n'avaient jamais été autant « allemands », et « menaçaient » alors de se confondre avec les « vrais Allemands ». Ce que le groupe majoritaire leur reprochait, c'était de trop leur ressembler !
L’islam est un problème français. Ce n'est pas un problème d'étrangers, ce n'est pas un problème maghrébin. C'est un problème français parce qu'il y a des Français d'origine maghrébine, 6 ou 7 millions. Il y a plus de Franco-Arabes en France aujourd'hui que de Franco-Européens. (RTL, 23 août 2017)
Certains diront que les Français sont racistes, je ne le crois pas. Il y a trop de mariages mixtes pour accréditer cette hypothèse et rien de comparable avec l'hystérie islamophobe que connaissent en ce moment, par exemple, les Pays-Bas ou le Danemark.
Il n'y a pas de rupture brutale, malgré la violence, il y a bien transition : entre deux cultures, entre deux générations. Transition difficile, faite d'allers et retours, de conflit, d'incompréhensions, au sein de la famille et avec la société. Transition qui explique la quête d'identité d'adolescents ignorés par leurs espaces géographiques, culturels et familiaux naturels. Et l'islam apparaît alors comme une identité universelle : vous n'êtes pas complètement français ; vous n'êtes plus vraiment marocain, algérien, tunisien, sénégalais ? Ne craignez rien, vous êtes musulmans.