Issa

Je suis comme une vague blanche sans côte pour accoster ou comme de l’écume de mer qui disparaît à peine formée. C’est justement pour cette raison que je m’appelle moine Issa.

Un monde de rosée
et dans chaque goutte de rosée
un monde en lutte.

Ce printemps dans ma cabane
Absolument rien,
Absolument tout.

La première luciole!
En allée, envolée ,
Le vent m'est resté dans la main.

Un chat errant
Sur les genoux d’un Bouddha
Dort.

“L’enfant essayait
de garder des gouttes de rosée
entre le pouce et l’index”

Sous l’averse
Il a la goutte au nez
L’épouvantail.

Un superbe cerf-volant
S’est envolé
De la hutte du mendiant.

Solitude hivernale
ce soir écoutant
la pluie dans la montagne

L’eau de la montagne
Broie le riz
Je fais la sieste.

Comme fatigué
par les cerisiers en fleurs -
Bouddha endormi !

Sur ma manche
Elle reprend son souffle
La luciole en fuite.

Caché sous les feuilles
Endormi contre un melon
Un petit chaton.

Des érables d'automne
Je m'approche -
La solitude me prend

Premier matin de printemps
même mon ombre
est en bonne santé.

Une brise si douce sur le blé vert
qu'elle fait trembler
le papillon

La flopée de mouches
Échappe à ses claques
Ah ! cette main ridée.

Les cerisiers en fleurs au crépuscule
ceux qui ont une maison
se pressent de rentrer

L'arbre du prunier
Dont l'esprit me rend doux
Ô les feuilles vertes

J’ai emprunté ma chaumière
Aux puces et aux moustiques
Et j’ai dormi.