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3.95/5 (sur 31 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 5/09/1663
Mort(e) à : Paris , le 6/01/1738
Biographie :

Jean-Baptiste Labat appelé plus communément Père Labat était un missionnaire dominicain, botaniste, explorateur, ethnographe, militaire, propriétaire terrien, ingénieur et écrivain.

En 1693, il part comme missionnaire aux Antilles. Il a visité les Antilles françaises, néerlandaises et anglaises de Grenade à Hispaniola. Le père Labat a décrit de nombreux aspects de la société caribéenne dont l'esclavage. Il était lui-même un fervent défenseur de l'esclavage et possédait des esclaves. Il est également le témoin privilégié d'un autre aspect de cette société, la flibuste, pour laquelle ses écrits sont des sources primaires d'une grande importance.
En 1706, il rentre en Europe et est nommé en Italie ou il entreprend la rédaction du célèbre Nouveau Voyage aux isles Françoises de l'Amérique à partir des notes journalières qu'il avait prises toutes ces années durant. Le père Labat a tenté d'organiser son retour aux Amériques mais n'obtint jamais l'autorisation de sa hiérarchie. Il voyagea à Paris en 1716 et vécut dans le couvent de la rue Saint-Honoré jusqu'à sa mort.
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Source : Wikipédia et Catalogue de la BNF
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Bibliographie de Jean-Baptiste Labat   (8)Voir plus

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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Il y eut le chirurgien d'un vaisseau qui ne fut pas si heureux. Son capitaine le voulut mettre au fers pour arrêter le cours des extravagances qu'il faisait à tous moments ; il s'échappa des mains de ceux qui le tenaient et sauta à la mer ; mais il eut le malheur de tomber auprès d'un puissant requin qui le reçut un peu plus discourtoisement que la baleine ne reçut autrefois le prophète Jonas, car il emporta la tête, et il aurait entraîné le reste du corps si des matelots qui étaient dans une chaloupe ne l'eussent empêché.
La petite vérole succéda à la folie ; elle s'attacha aux nègres, dont elle emporta un grand nombre, comme elle avait emporté l'année précédente quantité de femmes blanches.
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On ne connait point de pays au monde [NB : Saint-Domingue] plus abondant que cette île, la terre y est d'une fécondité admirable, grasse, profonde, et dans une position à ne jamais cesser de produire tout ce qu'on peut désirer. On trouve dans les forêts des arbres de toutes espèces d'une hauteur et d'une grosseur surprenantes. Les fruits y sont plus gros, mieux nourris, plus succulents que sur les autres îles. On y voit des savanes, ou prairies naturelles, d'une étendue prodigieuse, qui nourrissent des millions de bœufs, de chevaux et de cochons sauvages. Il y a peu de pays au monde où l'on trouve de plus belles, de plus grandes rivières, en pareil nombre et aussi poissonneuses. Il y a des mines d'or, d'argent, de cuivre, qui ont été autrefois très abondantes et qui rendraient encore beaucoup si elles étaient travaillées, mais la faiblesse des Espagnols, qui leur fait toujours craindre que les autres Européens ne les chassent absolument du pays, les oblige à cacher avec soin celles qui sont dans leurs quartiers, de sorte qu'ils possèdent des trésors sans oser s'en servir et laissent en friche des terres immenses qui pourraient enrichir des millions de personnes plus intelligentes et plus laborieuses qu'ils ne sont.
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Les Malouins ont été les premiers de nos français qui aient trafiqué du café à Moka et qui l'aient apporté en droiture en France.
Deux de leurs vaisseaux armés entreprirent ce voyage en 1709. Ils firent quelques prises considérables sur leur route et conclurent un traité de commerce avec le gouverneur de Moka. Ils rapportèrent une quantité considérable de café, avec toutes les instructions nécessaires pour se bien servir de ce simple.
On peut dire qu'on leur a l'obligation tout entière de l'introduction de ce breuvage, sur lequel les médecins ont tant écrit et tant parlé pour et contre. Je ne prétends pas les approuver ni les blâmer. L'usage doit en être le meilleur juge, et les différentes constitutions des personnes doivent décider sur ce qui convient aux uns et nuit aux autres.
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Pendant qu'on assemblait ces provisions, ils prièrent le curé de dire la messe dans leur barque, ce qu'il n'eut garde de leur refuser. On envoya chercher les ornements et on fit une tente sur le gaillard, avec un autel pour célébrer la messe qu'ils chantèrent de leur mieux avec les habitants qui étaient à bord. Elle fut commencée par une décharge de mousqueterie et de huit pièce de canon dont la barque était armée. On fit une seconde décharge au Sanctus, une troisième à l'élévation, une quatrième à la bénédiction, et enfin une cinquième après l'Exaudiat et la prière pour le Roi, qui fut suivie d'un «Vive le Roi» des plus éclatants. Il n'y eut qu'un petit incident qui troubla un peu la dévotion : un de ces forbans se tenant dans une posture indécente pendant l’Élévation, fut repris par le capitaine Daniel. Au lieu de se corriger, il répondit une impertinence accompagnée d'un jurement exécrable qui fut payé sur le champ d'un coup de pistolet que le capitaine lui tira dans la tête en jurant Dieu qu'il en ferait autant du premier qui manquerait de respect au saint Sacrifice. Le prêtre se retourna un peu ému, car cela s'était passé fort proche de lui. Mais Daniel lui dit :
- Ne vous troublez point, mon Père, c'est un coquin qui était hors de son devoir, que j'ai châtié pour le lui apprendre.
Manière très efficace, comme on le voit, pour l'empêcher de retomber dans une semblable faute.
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On dira peut-être que voilà bien des documents de cuisine pour un missionnaire apostolique ; à quoi j'ai à répondre que quand on est obligé d'avoir soin de son ménage, on est en même temps obligé de s'instruire de bien des choses, dont je ne me serais pas chargé la mémoire si j'avais toujours été dans mon cloître ; mais l'obéissance m'ayant employé dans cet état, j'ai été en même temps obligé de savoir ce qui était comme des dépendances de cet état, eu égard à la nécessité qu'il y a de vivre et souvent de se préparer soi-même ce qui est nécessaire à la vie.
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On prétend que cette maladie [NB : le Pian, alors souvent confondu avec la syphilis] vient de la corruption de l'air et des aliments aussi bien que du commerce immodéré avec les femmes. C'est une espèce de peste qui se communique aisément, qui fait d'étranges ravages, et dont il est bien rare que ceux qui en sont atteints en guérissent jamais parfaitement. Quand les Américains n'auraient fait autre chose que communiquer ce mal et l'usage du tabac à leurs impitoyables conquérants, il me semble qu'ils se sont pleinement vengés de l'injuste servitude dans laquelle on les a réduits.
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On appelait cette maladie le mal de Siam, parce qu'elle avait été apportée à la Martinique par le vaisseau du Roi L'Oriflamme qui, devant Siam, avait touché au Brésil où elle faisait de grands ravages depuis sept ou huit ans. Les symptômes de cette maladie étaient autant différents que l'étaient les tempéraments de ceux qui en étaient attaqués, ou les causes qui la pouvaient produire. Ordinairement elle commençait par un grand mal de tête et de reins, qui était suivi tantôt par une grosse fièvre et tantôt d'une fièvre interne qui ne se manifestait point au dehors.
Souvent il en survenait un débordement du sang par tous les conduits du corps, même par les pores, quelques fois on rendait des paquets de vers de différentes grandeurs et couleurs, par haut et par bas ; il paraissait à quelques-uns des bubons sous les aisselles et aux aines, les uns plein de sang caillé noire et puant, et les autres plein de vers. Ce que cette maladie avait de commode, c'est qu'elle emportait les gens en fort peu de temps, six ou sept jours tout au plus terminaient l'affaire.
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Une thèse fut soutenue le 26 mars dans les écoles de médecine, qui demandait si le fréquent usage du tabac abrégeait la vie. An ex tabaci usu frequenti vitae summa brevior ! Et on concluait fort démonstrativement que l'usage fréquent de cette plante l'abrégeait. Ergo ex frequenti tabaci usu vitae summa brevior.
Mais que ne peut point la prévention, quand elle s'est une fois emparée de l'esprit des hommes ? Elle emporta en effet en faveur du tabac malgré tout ce qu'on put dire et faire contre lui. On se porta à en prendre avec une espèce de fureur qui ne permit plus de distinguer ni les lieux, ni les temps, ni les âges, ni les sexes, ni les tempéraments, ni les personnes. Tel n'en avait jamais pris qui dans deux ou trois jours s'en fit une habitude si forte, s'y asservit tellement, qu'il se réveillait la nuit exprès pour en prendre, qu'il en prenait en mangeant, en conversant, en marchant, en travaillant, en priant. On le regarda comme le lien de la société, la chose la plus nécessaire qu'il y eut au monde, que dis-je ? on s'étonna comment on avait pu vivre tant de siècles sans tabac, et on s'imagina qu'on cesserait de vivre dès qu'on cesserait d'en user. On poussa la chose si loin qu'on ne pouvait plus être un moment sans en prendre. On en prenait jusque dans les églises, sans que la présence de Dieu qu'on y adore, et le sacrifice redoutable qu'on Lui offre, pussent inspirer le respect, le recueillement et l'attention que des chrétiens convaincus de la vérité de leur religion devaient avoir naturellement, de sorte que Urbain VIII fut obligé, pour remédier à ces abus qui allaient jusqu'à la profanation, de publier une bulle par laquelle il excommuniait ipso facto tous ceux qui prendraient du tabac dans les églises.
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A propos de ce petit singe, il arriva au P. Cabasson une aventure qui mérite d'être rapportée. Il avait élevé ce petit animal qui s'affectionna tellement à lui qu'il ne le quittait jamais, de sorte qu'il fallait l'enfermer avec soin toutes les fois que le Père allait à l'église. Il s'échappa une fois, et s'étant allé cacher au-dessus de la chaire du prédicateur, il ne se montra que quand son maître commença à prêcher. Pour lors il s'assit sur le bord, et regardant les gestes que faisait le prédicateur, il les imitait avec des grimaces et des postures qui faisaient rire tout le monde. Le P. Cabasson, qui ne savait pas le sujet d'une pareille immodestie, les en reprit d'abord avec douceur; mais voyant que les éclats de rire augmentaient, il entra dans une sainte colère. Ses mouvemens plus violens que de coutume firent augmenter les grimaces et les postures de son singe, et le rire de l'assemblée. A la fin, quelqu'un avertit le prédicateur de regarder au-dessus de sa tête ce qui s'y passait. Il n'eut pas plutôt aperçu le manège de son singe, qu'il éclata de rire comme les autres, et comme il n'y avait pas moyen de prendre cet animal, il aima mieux abandonner le reste de son discours, n'étant plus lui-même en état de le continuer, ni les auditeurs de l'écouter.
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[Sur les femmes caribéennes]

Il n'y a que les femmes qui soient obligées à l'obéissance, et dont les hommes soient absolument les maîtres. Ils portent cette supériorité jusqu'à l'excès et les tuent pour des sujets très légers. Un soupçon d'infidélité bien ou mal fondé suffit sans autre formalité pour les mettre en droit de leur casser la tête. Cela est un peu sauvage à la vérité, mais c'est un frein bien propre pour retenir les femmes dans leur devoir. Ce sont pour pour l'ordinaire les vieilles qui sont cause de tous les désordres qui arrivent ans les ménages : pour peu qu'elles aient de chagrin contre une jeune femme, elles trouvent bientôt moyen de la décrier dans l'esprit de son mari et de lui faire naître une infinité de soupçons ; et quand elles n'ont rien de plus positif à dire contre les jeunes, elles les accusent d'être des sorcières et d'avoir fait mourir quelqu'un : il n'en faut pas d'avantage, tout examen est superflu ; l'accusée passe pour convaincue, on lui casse la tête, et on n'en parle plus.

(p. 316)
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