AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de J.M.G. Le Clézio (1802)


J.M.G. Le Clézio
Le silence est l'aboutissement suprême du langage et de la conscience.
Commenter  J’apprécie          1050
J.M.G. Le Clézio
Écrire est un besoin, c'est à l'intérieur de vous-même, ça a besoin de sortir, et de sortir sous cette forme. [..] Il faut avoir lu des auteurs, les avoir digérés, avoir éprouvé le besoin de faire mieux qu'eux. Un écrivain est sans doute quelqu'un d'imparfait, qui n'est pas terminé, et qui écrit, justement, en vue de cette terminaison; qui recherche inlassablement cette perfection.
Commenter  J’apprécie          821
J.M.G. Le Clézio
À l'île Maurice, mon cousin prêtre, le père Souchon, célèbre des mariages entre musulmans et chrétiennes. Il porte une chasuble moitié blanche avec un morceau de croix, et moitié verte avec un croissant. Il dit : " Vous élèverez les enfants comme vous voudrez. "

Extrait d'un billet paru dans le 1 n°41 du mercredi 28 janvier 2015
Commenter  J’apprécie          783
J'ouvre les yeux, et je vois la mer. Ce n'est pas la mer d'émeraude que je voyais autrefois, dans les lagons, ni l'eau noire devant l'estuaire de la rivière du Tamarin. C'est la mer comme je ne l'avais jamais vue encore, libre, sauvage, d'un bleu qui donne le vertige, la mer qui soulève la coque du navire, lentement, vague après vague, tachée d'écume, parcourue d'étincelles.
Commenter  J’apprécie          710
Ils marchaient depuis la première aube, sans s’arrêter, la fatigue et la soif les enveloppaient comme une gangue. La sécheresse avait durci leurs lèvres et leur langue. La faim les rongeait. Ils n’auraient pas pu parler. Ils étaient devenus, depuis si longtemps, muets comme le désert, pleins de lumière quand le soleil brûle au centre du ciel vide, et glacés de la nuit aux étoiles figées. ….

C’est comme s’ils cheminaient sur des traces invisibles qui les conduisaient vers l’autre bout de la solitude, vers la nuit ….

Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit. Ils étaient apparus, comme dans un rêve, en haut d’une dune, comme s’ils étaient nés du ciel sans nuages, et qu’ils avaient dans leurs membres la dureté de l’espace.

Ils portaient avec eux la faim, la soif qui fait saigner les lèvres, le silence dur où luit le soleil, les nuits froides, la lueur de la Voie lactée, la lune ; Ils avaient avec eux leur ombre géante au coucher du soleil, les vagues de sable vierge que leurs orteils écartés, touchaient, l’horizon inaccessible.

(p7/8)

Commenter  J’apprécie          709
J.M.G. Le Clézio
Notre seule vraie famille est celle des livres.On y éprouve un sentiment de perméabilité avec celui qui raconte: il donne tant de force, tant de frissons.
Commenter  J’apprécie          682
La guerre n’a pas de sens pour les enfants. D’abord ils ont peur, puis ils s’habituent. C’est quand ils s’habituent que ça devient inhumain. (p.18)
Commenter  J’apprécie          650
Et puis tout à coup, elle m'a vu. Son visage n'a pas bougé, n'a pas souri, mais j'ai vu que ses yeux s'étaient ouverts, j'ai senti le lien de son regard dans le mien, comme si j'entendais battre son cœur dans un fil.
Commenter  J’apprécie          611
Je voudrais bien écrire comme on parle. Je voudrais bien écrire comme on chante, ou comme on hurle, ou simplement comme on allume une cigarette avec une allumette, et on fume doucement, en pensant à des choses sans importance. Mais cela ne se fait pas. Alors, j’écris comme on écrit, assis sur la chaise de paille, la tête un peu penchée vers la gauche, l’avant-bras droit portant au bout une main pareille à une tarentule qui dévide son chemin de brindilles et de bave entortillées.
Commenter  J’apprécie          610
J.M.G. Le Clézio
"J'arrivais à un point dans ma vie d'écrivain, et dans ma vie tout simplement, où j'avais des blocages. J'avais besoin, peut-être, d'un psychanalyste. Et, au lieu d'un psychanalyste, j'ai rencontré les Embera.
J'étais en crise, j'avais beaucoup de mal à continuer d'écrire des romans, cela me paraissait inutile. Et d'avoir vécu avec des personnes qui étaient dans une difficulté matérielle si grande, qui n'avaient rien et en même temps, avaient tellement confiance dans l'être humain, cela m'a redonné le goût d'écrire"
(interview lors de la 26e Foire internationale du livre de Bogota)
Commenter  J’apprécie          587
... c’est un homme comme beaucoup d’hommes, il prend ce qu’il désire, puis il s’en va sans regarder en arrière.
Commenter  J’apprécie          550
Mais l'arrivée à Douarnenez fut un choc : peut-être parce que cette ville regardait vers le nord, il y avait quelque chose de glacial, d'hostile dans ses rues étroites, sur les quais, et jusque dans la couleur de l'eau. Le choc venait surtout des habitants, cette foule compacte, obscure, vestes sombres, casquettes de marins. C'étaient des ouvriers plutôt que des pêcheurs. D'eux, et de leur ville, émanait une expression de dureté, de résistance. C'étaient, bien sûr, des communistes, non pas de ce gauchisme élégant de la région parisienne, mais d'un militantisme silencieux et entêté, tel que l'a montré le cinéma réaliste italien, dans les films de De Sica, de Fellini. La foule sur la plage dans "La terre tremble" de Visconti, dans "Rome, ville ouverte" de Rossellini. Même les femmes de Douarnenez leur ressemblaient, les penn sardin vêtues de leurs uniformes noirs et coiffées de leurs petits bonnets, l'air fermé, endurci. Elles travaillaient aux usines Chancerelle, au Petit Navire, penchées sur les tables à eviscérer les poissons et à les ranger dans leurs petites boîtes. Vingt ans après, tout cela a disparu. La pêche s'est arrêtée, les usines ont fermé, les maisons gris ciment ont été repeintes en couleurs, dans les bars de la place de l'Enfer on écoute du jazz (et on ne s'y bat plus à coups de couteau comme le racontait Georges Perros), il y a des magasins de souvenirs et des pizzerias et le port est devenu un musée...
Commenter  J’apprécie          5317
Lullaby s'assit sur la véranda, le dos appuyé contre une colonne, et elle regarda la mer devant elle. C'était bien, comme cela, avec seulement le bruit de l'eau et le vent qui soufflait entre les colonnes blanches. Entre les fûts bien droits, le ciel et la mer semblaient sans limites. On n'était plus sur Terre, ici, on n'avait plus de racines.
Commenter  J’apprécie          511
J'ai grandi, les premières années de ma vie, sans mon père, qui était médecin en Afrique-Equatoriale. Nous savions qu'il existait, ma mère entretenait une sorte de rituel chaque soir, où elle nous invitait à faire une petite prière pour "papa", qui se languissait de nous voir. C'était un peu abstrait. Ce "papa" aurait pu aussi bien être "papa Noël". Il n'écrivait pas, il n'envoyait pas de photos. Il aurait pu être en prison, ou bien ne pas exister du tout. Est-ce que cela nous manquait ? Comment savoir ? Peut-on regretter l'absence de quelqu'un qu'on ne connaît pas ?
Commenter  J’apprécie          504
Sur le quai, autour du bac, c'était le lieu de rendez-vous des gosses. Nous venions là tous les jours, quel que soit le temps, plutôt en début d'après-midi, aussitôt après déjeuner, comme des ouvriers en quête d'embauche. C'était dans l'idée d'embarquer sur une plate pour aller pêcher dans l'estuaire. Presque tous, du moins je le croyais, étaient fils et filles de pêcheurs. Nous avions appris à godiller, les clefs d'amarre, les gestes de la pêche. À la boutique Biger nous avions acheté vingt mètres de ligne, le "catgut", en réalité du plastique transparent, des plombs, des hameçons. Pour les flotteurs nous utilisions des bouchons de liège. Nous lancions la ligne, puis nous la retirions doucement, attentifs aux petites secousses qui chatouillaient l'hameçon. Je crois qu'à ce moment-là rien ne me paraissait plus délicieux que ces petites touches au bout de la ligne, à l'aveuglette, quand les poissons mordaient à l'appât. C'était un jeu, mais aussi plus qu'un jeu, quelque chose de vivant qui répondait, loin au bout de la ligne, à dix mètres de profondeur dans l'eau sombre de la rivière. Les petites secousses remontaient jusqu'au creux de nos doigts, comme un message, un frisson. La plupart du temps nous ramenions l'hameçon dépouillé de son appât et il fallait réamorcer avec la "bouette"...
Commenter  J’apprécie          4834
J.M.G. Le Clézio
A la question " Pourquoi écrivez vous ? ", la plus belle réponse à mes yeux est celle que fit Pa Kin : « Parce que la belle vie est trop courte.» J'avais trouvé cela merveilleux, car écrire, c'est vivre d'autres vies, ajouter des vies à la belle vie, qui n'est plus si courte que ça...
Commenter  J’apprécie          483
Après la plage, nous raccompagnions les filles jusqu'à la ferme, Mme Le Dour avait préparé un goûter de crêpes - non pas les crêpes fines ou les galettes de sarrasin fourrées de choses salées comme on les trouve maintenant, mais de vraies krampouzen de froment épaisses et lourdes, sans sucre ni beurre, et les bolées de cidre tiède (le cidre glacé doit être une invention américaine). Comme de toutes les nourritures d'enfance (les gnocchis cuisinés par la bonne Maria chez ma grand-mère, ou le foufou et la soupe de cacahuètes d'Ogoja au Nigéria), j'ai gardé le goût de ces crêpes, l'épaisseur chaude, le tanin du cidre dans les bols de grès, quelque chose de doux et de sauvage à la fois, dans la pénombre enfumée de la ferme, avec l'odeur des vaches, la lueur du jour par la porte ouverte, les reflets du quinquet sur la vaisselle des étagères et sur les clous des lits-clos formant des losanges et des rosaces, et aussi le rire niais des deux filles qui les vengeait de la violence des arrosages et des poignées de sable dans leurs cheveux.
Commenter  J’apprécie          437
Il y avait le silence, surtout, un silence si grand et si fort que Lullaby avait l'impression qu'elle allait mourir. Très vite, la vie se retirait d'elle et partait, s'en allait dans le ciel et dans la mer. C'était difficile à comprendre, mais Lullaby était certaine que c'était comme cela, la mort. Son corps restait où il était, dans la position assise, le dos appuyé contre la colonne blanche, tout enveloppé de chaleur et de lumière. Mais les mouvements s'en allaient, se dissolvaient devant elle. [...]
Cela partait vite, en avant, lancé dans l'espace vers la lumière et la mer. Mais c'était agréable et Lullaby ne résistait pas. Elle ne fermait pas les yeux. Les pupilles agrandies, elle regardait droit devant elle, sans ciller, toujours le même point sur le mince fil de l'horizon, là où il y avait le pli entre le ciel et la mer.[...]
Il n'y avait presque plus de mouvements, presque plus de vie en elle, seulement son regard qui s'élargissait, qui se mêlait à l'espace comme un faisceau de lumière.
Commenter  J’apprécie          430
J.M.G. Le Clézio
L'écriture me donne le sentiment d'ajouter des jours à ma vie.
Commenter  J’apprécie          409
... il y a toujours une vérité cachée dans un mensonge.
Commenter  J’apprécie          400



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de J.M.G. Le Clézio Voir plus

Quiz Voir plus

Voyage au pays des arbres

Quel est le personnage principal ?

Jules
Pierre
Mathis

3 questions
8 lecteurs ont répondu
Thème : Voyage au pays des arbres de J.M.G. Le ClézioCréer un quiz sur cet auteur

{* *}