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3.61/5 (sur 8 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Gary, Indiana , le 29/01/1952
Biographie :

James Kenneth Galbraith est un économiste hétérodoxe américain.

Il est le fils de l'économiste John Kenneth Galbraith (1908-2006) et de Catherine Atwater Galbraith (1913-2008), brillante linguiste, petite-fille du scientifique Wilbur Olin Atwater.

Il obtient un BA en économie à l'Université Harvard en 1974 et fait son doctorat dans la même branche à Yale en 1981. De 1974 à 1975 il étudie au King's College à Cambridge.

En 1985, il est invité en tant qu'intellectuel à la Brookings Institution. Il est actuellement professeur à Lyndon B. Johnson School of Public Affairs et au Département de Gouvernement de l'Université du Texas à Austin.

Il préside l'association internationale Economists for Peace and Security. Autrefois connue sous le nom de Economists Against the Arms Race et plus tard Economists Allied for Arms Reduction (ECAAR), cette association regroupe des économistes professionnels qui se soucient des questions de sécurité et de paix.

Il est proche de l'aile gauche du parti démocrate américain.

Dans son ouvrage, "L’État prédateur" (The Predator State, 2008), il dénonce "l'emprise magique des conservateurs sur les esprits de la gauche", et invite cette dernière à se "désintoxiquer" de l'idéologie du marché dominant, en ce sens qu'il n'apporterait aucune solution à la crise contemporaine, à la pauvreté, aux inégalités, ou à la crise écologique, et appelle au contraire à la planification économique.
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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
Qu'est-ce que la " liberté économique " ? On pourrait penser que ce concept renvoie à la liberté par rapport aux contraintes de la vie économique : se libérer de la nécessité de travailler pour manger, par exemple, ou de celle de choisir entre acheter des médicaments et payer le loyer. Mais ce n'est pas le cas. La liberté économique n'est pas apparentée non plus à l'idée habituelle que nous nous faisons de la liberté politique : elle n'a pas de lien étroit avec la liberté d'expression, la liberté de la presse, la liberté de réunion — des libertés qui donnent le droit de participer à la vie politique et d'influencer l'action publique. Elle ne désigne pas, par exemple, la satisfaction des besoins fondamentaux pour que l'expression culturelle et politique puisse s'épanouir. Les grands théoriciens de la liberté économique ne sont pas des démocrates deweyiens ; promouvoir la participation collective à la prise de décision politique ne les intéresse pas.
D'ailleurs, il y a antagonisme entre le concept conservateur de liberté économique et toute mesure engageant l'État à relever le niveau de vie de la masse de la population. La liberté économique s'oppose à des idées comme l'assurance maladie universelle, l'éducation publique gratuite et les subventions publiques aux beaux-arts, et elle s'y oppose encore plus si ces mesures doivent être financées par l'impôt progressif et redistributeur. Les politiques sociales mises en œuvre par décision démocratique, comme dans le New Deal de Roosevelt, la Grande Société de Lyndon Johnson, pour ne rien dire du Chili de Salvador Allende […], sont par leur nature même, selon ce mode de pensée, des atteintes à la liberté. En revanche, dans cette conception, le régime d'Augusto Pinochet, favorable au " libre marché ", a apporté " la liberté économique " au Chili. On peut être libre économiquement sans avoir aucun droit d'expression politique, par exemple en vivant (ou d'ailleurs en mourant) sous la botte d'une junte militaire.
La liberté économique consiste donc dans la capacité de vivre sa vie économique — et celle-là seulement — dans une sphère échappant au contrôle de l'État, donc réservée à l'interaction des forces privées. […] C'est une liberté de dépenser. Pour mettre l'idée en perspective, il faut lui donner son vrai nom : la liberté d'acheter.
On a tendance à ne pas trop s'attarder sur cette idée, au motif que c'est une absurdité manifeste, une perversion de langage, de dire que faire les magasins est une liberté. […] La liberté de rechercher une gamme très diversifiée de biens et de services à des prix extrêmement variables, de la boutique haut de gamme à la grande surface et au magasin d'usine, se situe-t-elle vraiment sur le même pied que les autres sens du mot " liberté " ? Il est facile de pouffer devant l'idée même, si éloignée de notre conception progressiste de la liberté, fondement de la noble sphère des prises de décision politique et sociale. Mais on aurait tort de rire. L'étonnant, c'est le nombre de gens qui pensent ainsi, à quel point la notion conservatrice de liberté économique paraît intuitivement juste, et a pénétré en profondeur la vie moderne.

Première partie : ENCORE UN DIEU QUI MEURT ; Chapitre 2 : La liberté d'acheter.
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Lorsqu'on remet les décisions d'investissement à des parties purement privées, on a des décisions qui, dans une large mesure, reflètent des intérêts purement privés.

Première partie, Chapitre 3 : Les réductions d'impôts et le merveilleux marché de l'esprit.
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Si, pour quelque raison que ce soit, on préfère que le capital aille à des investissements de type collectif — la création de biens d'équipement physiques qui ne peuvent pas être consommés de façon privée — il s'ensuit qu'il faut un régime fiscal différent. En particulier, la méthode efficace est une taxation PROGRESSIVE des revenus élevés et des plus-values, différée jusqu'au moment où ces dernières seront réalisées, ainsi que des dons et des successions. Ce système, qui pénalise puissamment la spéculation financière, encourage les particuliers riches à conserver leur épargne verrouillée dans le capital des entreprises, lesquelles vont l'utiliser activement, et décourage les entreprises d'augmenter leurs versements de dividendes, ou l'octroi de stock-options (ou options sur titre) à leurs hauts dirigeants. Autrement dit, c'est un système favorable aux entreprises et non aux individus qui sont en position de les contrôler. Et c'est un système qui décourage — par le biais des droits de succession — l'épargne excessive conduisant à une accumulation dynastique, car il incite puissamment ceux qui accumulent à confier avant leur mort leurs richesses à une institution à but non lucratif plutôt que de les reverser entièrement à l'État.
C'était le vieux système fiscal américain — celui que nous avions avant la révolution de l'économie de l'offre. Avec lui, quand nous l'avions, c'étaient les entreprises, pas les personnes, qui contrôlaient les flux d'investissement. Le volume global de l'épargne et de l'investissement était plus ou moins le même qu'aujourd'hui. Comme une étude sans passion des considérations théoriques le laissait prévoir, les taux d'imposition des particuliers n'affectent pas les taux bruts d'épargne et d'investissement tant que l'option de différer l'impôt en maintenant le revenu au sein de l'entreprise reste disponible. Mais ils modifient bel et bien la composition ou l'usage des fonds. Et le résultat était qu'une part du flux total d'investissement considérablement supérieure à celle d'aujourd'hui allait aux usines et aux immeubles de bureaux, et une part considérablement inférieure à l'immobilier palatial privé. Les marchés étaient sûrement moins efficaces. Mais des villes étaient construites, des emplois créés, l'art et l'architecture encouragés, et les conditions d'une prospérité commune mieux satisfaites en pratique. Les gens vont encore à New York, San Francisco et Chicago admirer les chefs-d'œuvre qui nous restent de cette époque particulière. À Cleveland et à Saint-Louis, ils peuvent, s'ils préfèrent, visiter les ruines.

Première partie, Chapitre 3 : Les réductions d'impôts et le merveilleux marché de l'esprit.
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À qui nos généreux riches donnent-ils leur épargne ? Dans la version admise, ils la remettent à quelque chose que nous appelons le " marché des capitaux ". Pour traduire en termes concrets, disons à une banque, ou à un agent de change, ou peut-être à un fonds d'investissement. Le marché des capitaux est un mécanisme efficace pour l'allocation des ressources : il transfère les fonds, avec le taux de rendement le plus élevé réalisable (après prise en compte du risque), de l'épargnant au projet d'investissement — c'est-à-dire du capitaliste à l'entrepreneur. Dans un processus bien lissé, il y a d'abord la nécessaire rétribution du preneur de risque — le gros lot pour avoir vu une occasion risquée et pour l'avoir saisie. Après quoi, l'épargnant est rémunéré : il gagne le rendement lié à son investissement et justifié par son esprit d'économie.
Mais, si un marché est " efficace ", il doit nécessairement allouer les rendements avec exactitude. Il doit pleinement récompenser la qualité de l'effort effectué, le risque assumé et la finesse du jugement d'investissement. L'épargnant privé — le capitaliste — doit forcément recevoir l'ensemble du rendement dû au capital qu'il a fourni. Simultanément, celui qui a mis en œuvre le projet — l'entrepreneur — obtient l'ensemble du rendement dû à sa prise de risque. À eux deux, ils doivent recevoir la totalité du rendement. C'est ce que veut dire " efficacité " du marché, si ce mot a un sens.
Donc, que reste-t-il pour la société ? Que reçoit le personnel de l'entreprise, ou qui que ce soit d'autre, sur ce processus d'accumulation ? Dans la forme la plus simple, la plus claire, la plus pure du modèle du marché, il ne peut y avoir à cette question qu'une seule réponse : RIEN DU TOUT. Les actes d'épargne et d'investissement sont purement privés. Leurs bénéfices sont donc purement privés. Tout bénéfice allant à quelqu'un d'autre que l'épargnant ou le capitaliste initial doit être considéré comme preuve d'inefficacité. […]
Mais ce n'est évidemment pas ce que les fanatiques de l'évangile de la pénurie d'épargne souhaitent que nous pensions. Pour être désirable en tant qu'objectif d'une politique publique, l'épargne doit constituer, par certains aspects importants, un acte PUBLIC, qui rapporte des bénéfices PUBLICS. Elle ne peut pas être purement privée. Si c'était le cas, les pouvoirs publics n'auraient aucune raison de donner pour but à leur action une augmentation du montant total de l'épargne et des investissements réalisés. […]
Quand l'épargne est taxée, son taux de rendement après impôt s'écarte du taux du marché. Dans ce cas, l'épargne (en théorie) sera plus réduite qu'elle ne l'aurait été si elle n'était pas imposable. Donc, l'investissement sera moindre, l'accumulation aussi, etc. Et alors ? Si les bénéfices de l'épargne et de l'investissement sont entièrement privés, entièrement réservés aux épargnants eux-mêmes, pourquoi l'action publique devrait-elle se soucier de la force ou de la faiblesse de l'épargne brute ? L'objectif de l'action publique est d'assurer le bien-être public, pas de garantir que les riches soient aussi riches qu'ils pourraient l'être.
Il s'ensuit que tout raisonnement incitant les pouvoirs publics à favoriser l'épargne doit lui supposer des bénéfices publics. Elle doit apporter des avantages qui ne vont pas à ceux qui, au départ, ont effectué cette épargne. Elle doit contribuer aux fondements d'une hausse du niveau de vie des autres participants à l'économie, dont font potentiellement partie les travailleurs et d'autres personnes aux revenus relativement faibles qui ne pratiquent pas elles-mêmes l'épargne privée.
Mais comment cela peut-il se produire ? SEULEMENT PAR UN ÉCHEC DU MARCHÉ. Dans " La Cigale et la Fourmi ", la fourmi survit à l'hiver et pas la cigale, leçon de choses pour les futures générations de cigales. Or, nous découvrons maintenant qu'une partie de l'épargne durement gagnée par les fourmis va aussi nourrir les cigales, et pas seulement pendant l'hiver : elle va faire monter le niveau de vie des cigales pendant toute l'année. C'est vraiment contraire à tous les critères d'efficacité ! L'effet, entre autres, sera forcément de décourager les cigales d'épargner. Que l'épargne des fourmis aide la cigale est un échec du mécanisme du marché. Mais, sans cet échec, il n'y a aucune raison de considérer la fourmi comme un insecte particulièrement vertueux, ni l'épargne comme un digne objet des encouragements des pouvoirs publics.
[…] Répétons-le : si l'épargne est un bien public, on voit mal quel inconvénient il y aurait à ce qu'elle soit fournie par l'État. Mais si l'épargne n'est pas un bien public, il est impossible de soutenir que le marché n'en fournit pas assez.
Les conservateurs font face à un dilemme : s'ils s'en tiennent à la thèse de l'efficacité parfaite des marchés, ils ne peuvent pas dire que l'épargne est insuffisante, et ils ne peuvent pas dire non plus qu'une baisse des impôts sur les revenus du capital est souhaitable parce qu'elle apporte des bénéfices sociaux généraux, comme la croissance ou la hausse du niveau de vie de toute la population. En revanche, s'ils soutiennent que l'épargne développe et enrichit l'économie dans son ensemble, ils reconnaissent que les marchés ne sont pas efficaces. Dans ce cas, rien dans la théorie conservatrice ne s'oppose à la redistribution des bénéfices de l'épargne après qu'ils ont été gagnés, par l'impôt et les transferts sociaux. Donc, si l'on pouvait concevoir un impôt qui encouragerait d'abord l'épargne, mais qui ensuite en redistribuerait totalement les gains, le conservateur vraiment fidèle à ses principes n'aurait, jusqu'ici, aucune raison économique de s'y opposer.

Première partie, Chapitre 3 : Les réductions d'impôts et le merveilleux marché de l'esprit.
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Aujourd'hui, dans la grande maison de la politique conservatrice, il n'y a plus que des lobbyistes et des politiciens à leur service. Des slogans et des inventeurs de slogans. Des vieux copains et des carriéristes. D'occasionnels pompiers de service qu'on appelle quand il faut éteindre d'immenses incendies. Des routiniers de l'alarmisme, qui passent leur temps à prédire des désastres pour justifier la destruction de la Caisse de retraite publique et d'autres institutions populaires dans le but transparent de les livrer à leurs amis de Wall Street.

Première partie : ENCORE UN DIEU QUI MEURT ; Chapitre 1 : Qu'est-il arrivé aux conservateurs ?
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Dans une société capitaliste " libre ", dotée d'écoles et d'universités privées qui ont le droit de choisir leurs élèves et étudiants comme il leur plaît et de les faire payer aussi cher que le supporte le marché, le libre choix d'une profession devient, en partie, la liberté de devenir ce qu'on peut s'offrir le luxe de devenir. Autrement dit, ce n'est pas la vocation qui détermine le choix : l'individu choisit la vocation qui est à portée de sa bourse.

Première partie : ENCORE UN DIEU QUI MEURT ; Chapitre 2 : La liberté d'acheter.
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