La Révolution française dispersa les religieux qui, jusqu'alors, assuraient à leurs frais l'entretien de l'église et des bâtiments monastiques. Les nouvelles municipalités, faute de ressources suffisantes, se trouvèrent bientôt incapables de remédier à leur triste état de délabrement. En 1825, le conseil de fabrique lançait un SOS au préfet de l'Aveyron : "Si vous ne prenez de promptes mesures, le peuple et ses ministres du culte risquent d'être écrasés par la ruine très prochaine e la masse énorme du cocher". L'intervention de Prosper Mérimée sauvera in extremis le monument.
A partir de 1834, le célèbre écrivain, désormais inspecteur général des Monuments historiques, parcourt inlassablement la France à la recherche d'églises ou de châteaux à protéger. Sous l'impulsion du mouvement romantique qui remet à l'honneur l'art du Moyen Age, on commence en effet à s'intéresser au patrimoine national et à sa conservation. Victor Hugo vient d'écrire dans la "Revue des deux mondes" un article intitulé "Guerre aux démolisseurs !". Et Montalambert, dans la même revue, publie "Du vandalisme en France !".
Si l'historien doit se résigner à avouer son ignorance quant à la date et aux circonstances exactes de la fondation de Rodez, il n'en est pas moins sûr de son ancienneté. Un élément de certitude existe avec le nom, authentiquement celtique, sous lequel la ville fit son entrée dans l'histoire : celui de SEGODUNUM, forgé à partir du "sego" évoquant l'idée de force ou de puissance, et de "dunum" dont l'équivalent latin "oppidum" peut se traduire par "hauteur fortifiée".
Tous les voyageurs, jusqu'à Prosper Mérimée qui arrivant à Conques en 1837 "au milieu des plus âpres montagnes du Rouergue", écrivait "n'être nullement préparé à trouver tant de richesses dans un pareil désert", tous ont été frappés par l'aspect sauvage du site.