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3.88/5 (sur 8 notes)

Nationalité : Canada
Né(e) à : Le Caire
Biographie :

Né au Caire, en Égypte, Jean Fahmy a été tour à tour journaliste, professeur et haut fonctionnaire. Il est l’auteur de plusieurs essais (notamment sur Voltaire et Rousseau) et de nombreux romans, tant pour les adultes que pour les jeunes, qui ont recueilli de nombreux prix et ont eu un vif succès de critique et de librairie.

Source : Éditions l'Interligne
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
...j’avais acquis une conviction : le sultan du pays, notre vrai maître, n’était pas celui qui gesticulait devant des serviteurs terrorisés. Al-Salih n’était pas vraiment le Détenteur du Pouvoir, comme voulait nous le faire croire l’un de ses multiples titres.

Celui, ou plutôt celle qui détenait le vrai pouvoir, le pouvoir de décider des affaires du pays et de la communauté des fidèles, c’était bien l’épouse du sultan, c’était Chagaratt el-Dorr.

Et pourtant, rien n’en transparaissait devant le bon peuple. Il eût été inconcevable de dire que notre seigneur, le vrai décideur, le vrai défenseur des musulmans d’Égypte et de Syrie, le vrai sultan, était une femme !

Quand j’en étais là dans mes réflexions, je me disais que le peuple, s’il apprenait ce qui se tramait derrière les murailles du Palais, ce qui se passait dans l’ambiance feutrée et confinée du harem, en serait tout ébahi. Une femme, diriger les affaires ? Une femme, conseiller le sultan ? Une femme, prendre des décisions qui concernaient tout le monde ?
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Ce que mon ami le commerçant et l’écrasante majorité des gens ignoraient, c’est que je pouvais bel et bien être attiré par une femme. Je pouvais admirer sa beauté, aimer sa grâce, éprouver même du désir, sentir un élan me pousser vers elle, vouloir explorer, non seulement du regard, mais aussi des mains et des lèvres, sa bouche, son cou, ses seins, son ventre, mais mon corps restait inerte, j’étais comme un meuble, un objet qu’on effleurait à peine du regard, et l’on me confiait sans la moindre hésitation la garde des femmes, ignorant à quel point c’était souvent pour moi, et pour les eunuques sous mes ordres, cause de souffrance.

La beauté et la grâce de Chagaratt el-Dorr m’avaient donc fait comprendre la décision de notre sultan de se séparer de ses autres épouses pour ne vivre qu’avec elle, même s’il bafouait ainsi une tradition séculaire. Il n’était guère difficile de constater qu’il était follement amoureux d’elle.
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Puis, j’appris à admirer l’Arbre de Perles. Je l’admirai à cause de son intelligence, de la grandeur qu’elle avait su donner à l’Égypte. Et cette admiration se mua peu à peu en une forme d’affection, et même, je dois bien l’avouer, de trouble devant sa fulgurante beauté.

Je la voyais quelquefois dans son intimité. J’admirais son corps, son visage, ses yeux magnifiques. J’admirais son élégance et l’extraordinaire art avec lequel elle avait su séduire tous ceux qui la croisaient.

Elle m’avait séduit, même si je ne pouvais guère exprimer l’admiration que je lui portais.

Et maintenant, elle n’est plus là… Son corps a été profané.

Mais plus les semaines et les mois passent, plus je prends conscience qu’on n’oubliera pas de sitôt Chagaratt el-Dorr, la première sultane, la première femme dont le nom ait été invoqué dans les mosquées de la oumma musulmane, la première femme qui ait régné sur les musulmans.
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Chagaratt el-Dorr a rarement évoqué devant moi ses moments d’intimité avec Al-Salih, sauf, parfois, au détour d’une boutade. Un jour qu’elle était d’humeur particulièrement riante, elle me dit : « Sais-tu, Aïcha, quelle est l’arme invincible pour… allumer un homme ? » Je dis que je n’en savais rien, puisque j’étais vierge — à l’époque, je n’avais pas encore connu Badr. Elle éclata d’un de ses rares rires spontanés et me dit : « Les pétales de roses, Aïcha. » Comme ma mimique témoignait de façon éloquente de mon étonnement, elle m’expliqua longuement, dans un chuchotement plein de sourires, ce qu’elle entendait par là.
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Pour le sultan, pour les courtisans, pour le peuple, j’étais, comme tous les autres eunuques, un être méprisable, un sous-homme. Ma condition me rendait invisible et, quand j’osais paraître en public, on se moquait de moi, certains me crachaient dessus et les enfants me jetaient des pierres. Je ne pouvais certes pas avoir des sentiments comme les autres, je ne pouvais pas être attiré par les femmes, j’étais inoffensif, et c’est pourquoi les sultans, les princes et les riches pouvaient me confier, à moi et à mes semblables, leurs femmes et leurs concubines, c’est-à-dire leurs biens les plus précieux.
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Les femmes du harem chuchotaient sans arrêt. Au début, elles s’étaient réjouies de voir Aïcha découverte, arrêtée, emprisonnée. Elles la jalousaient et certaines la haïssaient sans oser l’exprimer ouvertement, à cause des liens de la servante avec notre maîtresse. Mais au fur et à mesure que les jours passaient et que le supplice éventuel de leur compagne s’imposait à elles, certaines se mirent à plaindre la servante. D’autres glosaient sur les charmes et les mérites de cet inconnu qui avait réussi à la séduire. Les plus jeunes osèrent même défendre Aïcha en invoquant la force de l’amour…
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L’atabay Ali pouvait venir n’importe quand, à l’improviste, et s’il le surprenait en train de dormir… Hassan frémissait à l’idée du sort qui l’attendrait alors. La cruauté de l’atabay Ali était légendaire dans toute l’armée. Il était toujours souriant et se montrait quelquefois affable avec les simples soldats. Mais l’on devinait que son sourire pouvait devenir soudain carnassier. Pour Hassan, l’atabay Ali évoquait un chat. Son supérieur paraissait nonchalant, mais sous ses dehors inoffensifs, on le sentait toujours aux aguets, et tant pis pour la victime qui tomberait sous sa patte…
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L’atabay ne tournait plus comme un vautour autour de sa proie. Il négligeait Kamel, lui donnait des tours de garde de nuit, les plus épuisants, les plus difficiles. Les anciens du peloton notèrent que ce changement coïncidait avec l’arrivée au camp d’une autre jeune recrue, un autre paysan adolescent, du nom de Mansour. Mansour avait des yeux de velours et de longs cils. L’atabay l’avait immédiatement pris sous sa coupe et, pendant que Kamel montait la garde la nuit dans un fortin, Ali convoquait Mansour sous sa tente pour lui expliquer, disait-il, les rudiments du métier militaire.
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Le gouverneur de Damas refusa de reconnaître l’autorité d’une femme. Des princes obscurs s’agitaient à Gaza et rassemblaient des troupes pour envahir l’Égypte « afin d’y rétablir l’ordre naturel et immuable du monde ».

Plus grave encore, un prince d’Alep leva l’étendard de la révolte, se proclama nouveau sultan de Syrie et d’Égypte et demanda à tous les émirs syriens de se joindre à lui pour porter un coup mortel à l’usurpatrice. « Comment, tonnait-il, nous rapportaient nos espions en Syrie, comment une esclave ose-t-elle prétendre à gouverner l’humanité ? »
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« Tu sais, Aïcha, comment nous les femmes, nous sommes sensibles à ces… choses-là, à ces moments, comment dire ? si étonnants, mais aussi, avouons-le, si… plaisants et réconfortants. D’ailleurs, je n’étais pas la seule à avoir remarqué son attitude. Ses femmes, ses concubines, toutes avaient remarqué l’éclair qui passait dans ses yeux. » Elle se tut un moment, puis ajouta, le visage impassible : « C’est d’ailleurs depuis cette première minute qu’elles m’ont toutes détestée et qu’elles me détestent encore, comme tu le sais. »
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