Il y avait eu, pendant l’hiver, une sinistre histoire de surboum se terminant par la mort d’un garçon de math-sup. Malgré les efforts des parents pour camoufler le drame en accident dû à la fatigue et une ingestion excessive d’excitants du genre Maxiton en vue d’une préparation aux grandes écoles, une enquête avait été ouverte, révélant que ce malheureux se piquait depuis plusieurs mois à l’héroïne, qu’il avait même commis quelques larcins pour se procurer son poison et que, cette nuit-là, déprimé, il s’était injecté une dose trop forte. D’autres élèves, interrogés, avaient dû reconnaître s’adonner à des psychotropes. On les retira du lycée pour les confier à divers établissement de désintoxication. L’affaire finit par être étouffée. Mais deux familles au moins furent profondément blessées par cette navrante tragédie. La mère du garçon décédé dut entrer dans une maison de santé, sa raison n’avait pas supportée le choc. Le père d’une fille impliquée dans l’histoire, critiqué dans son milieu professionnel, vit péricliter ses affaires…
Tu avais raison, de me dire un jour que nous ne nous détruisons pas seulement nous-même, lorsque nous suivons cette pente, mais que, parfois, nous blessons en même temps, gravement, ceux que nous aimons le plus. Ils ne sont pas toujours responsables. Il le sont, parfois, malgré eux.
Les pastilles de L.S.D? Comme tout le monde je me souviens d'histoires horribles. La fille qui s'était écorché tout le visage, le lacérant comme si elle détachait un masque de sa face en hurlante qu'un nuage nucléaire l'avait polluée, puis essayant aussi d'arracher la peau de son ami, contaminé comme elle ! On avait dû l'emporter dans une camisole de force avant qu'elle ne lui arrache les yeux ! Et cette autre, s'imaginant qu'elle était une hirondelle, se cognant contre les murs à se mettre en sang, jusqu'à ce qu'elle s'élance par une fenêtre ouverte pour s'écraser cinq étages plus bas, dans la cour de l'immeuble. Ses parents, après ce malheur, se suicidant ensemble…
- Tu es folle ! Ces histoires de journalistes, c'est pour nous faire peur. Tu verras, on entrera au paradis, et il n'y a pas d'accoutumance.
Jusqu’au jour où, comme tant de copains, je serai victime d’overdose. Volontaire ou inconsciente. Il y en a infiniment plus que ne le reconnaissent les statistiques. Mais les familles, honteuses, font état d’un suicide, murmurent… “c’est un chagrin d’amour… un échec scolaire… une maladresse… un traumatisme ignoré…”. Certains médecins, apitoyés, voulant honorer la respectabilité d’amis, la mémoire des victimes, accordent un certificat de décès gommant le mot “stupéfiant”.
Les petits points doubles décomptant les secondes sont comme des battements de ton coeur: ton coeur, dont je dois me souvenir à chaque instant, m’as-tu rappelé avant de me quitter. Comme je m’étonne de la joie que me procurent des paroles que j’aurais trouvées sottes jadis ! Être heureuse d’une si petite chose quand quelques bouffées de H, une piqûre d’héro ou une pincée de coke, elles, vous entraînent dans des voluptés incomparables, inimaginables pour ceux qui ne les ont pas connues, tous ces bourgeois moralisateurs, ces croulants dont le seul idéal tient dans leur compte en banque, leur voiture et leur téléviseur !
C'est horrible, ne comprends tu pas que ce que la drogue fait de vous est horrible?
Il n'y a qu'un seul moyen de mes sauver, de les guérir : la prison ou l'amour!