Des coups de matraques dans la gueule, ils m'ont mis, ils m'ont déchiré la face, et ils se sont barrés, ils m'ont laissé la tête dans le trottoir.
Tout me revient en bloc : "racaille" "bougnoule" "voyou" "parasite" "Karcher" "le bruit et les odeurs" "sauvageon"...
J'étais dans un état second. "C'est moi ça ?!"
Pour la première fois de ma putain de vie, dans le feu, les flammes, j'ai senti la liberté, pour la première fois je ne me suis pas senti comme une merde face à ces enfoirés de Robocop. De rage, je suis sorti de ma cage, y'avait plus de questions. J'ai la tête dans le cul, mais j'ai un putain de goût de victoire dans la bouche. C'est de la balle. On va leur montrer de quoi on est capable. On est pas des déchets de la société, on est des personnes comme les autres. On n'est pas du bétail, et c'est la moindre des choses de nous parler poliment, parce que si eux ils ont la force et le pouvoir, nous on a la force de la rage. On leur a foutu le feu...
Le feu ma parole, j'ai rien à perdre, j'ai jamais rien eu... Une bagnole ou autre chose, c'est pas ça l'important. La prochaine fois, les allumettes dans ma poche, l'essence dans ma bouche...
J'demandais pas grand chose, juste pas me sentir à l'écart, juste une parole, un regard, juste une parole, un regard...