AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Karel Capek (254)


Quand on n'arrive pas à s'endormir, on essaye d'abord de ne penser à rien; on se met à compter - ou à prier. Soudain, il nous vient à l'esprit : "Bon sang, j'ai oublié de faire telle ou telle chose, hier ! " Et ensuite, on se rend compte qu'on s'est sûrement fait avoir à la caisse du magasin au moment de payer. Puis on se souvient que l'autre jour, notre femme ou notre ami nous a répondu d'une drôle de manière. Plus tard, un meuble craque, on se dit qu'il y a un voleur et on commence à brûler de peur, ou de honte. Et une fois qu'on est affolé, on réfléchit à son état physique, et, couvert de sueur, terrifié, on essaie de se rappeler tout ce qu'on sait sur la néphrite ou le cancer. Et tout à coup, on repense à une idiotie embarrassante qu'on a commise vingt ans plus tôt, qui nous donne à nouveau des sueurs froides. Petit à petit, on est confronté à soi-même, cet être étrange, obstiné et détestable; à ses faiblesses, à ses bassesses, à sa mauvaise conduite, ses limites, sa partialité, ses bêtises, ses humiliations et ses souffrances depuis longtemps passées. Toutes les choses gênantes, douloureuses et vexantes qu'on a vécues nous reviennent, comme au premier jour. Rien ne nous est épargné, quand on ne parvient pas à dormir.
Commenter  J’apprécie          3910
Si vous saviez ce qu'est une tempête de neige dans les Carpates; si vous saviez ce que c'est, quand le sol est recouvert de deux mètres de neige; si vous aviez vu ce pauvre petit gringalet, Youraï Tchoup, qui avait attendu pendant six heures dans ce froid terrible, devant la gargote, pour avouer qu'il avait assassiné l'indigne servante de Dieu Maryna Matej, je ne sais pas ce que vous auriez fait, mais moi, je me suis signé, et Youraï Tchoup s'est signé aussi, et ensuite, je l'ai arrêté. Puis je me suis lavé la figure avec de la neige, j'ai chaussé mes skis, et avec Kroupa, un gendarme, nous nous sommes mis à grimper vers Volova Lehota. Et si le général de gendarmerie en personne était venu m'interrompre en disant : "Havelka, t'es fou, tu n'y arriveras pas, tu vas risquer ta vie par ce temps", je lui aurais fait un salut en répondant : "Mes respects, mon général, mais c'est un ordre du Seigneur." Et j'aurais continué.
("La ballade de Youraï Tchoup")
Commenter  J’apprécie          382
Les gens ont cette idée surprenante, poursuivit-il au bout de quelques instants, que la police, et surtout les policiers en civil, s'intéressent aux énigmes. Or nous, nous n'avons que faire des énigmes, ce qui nous intéresse, ce sont les troubles à l'ordre public. Nous, Monsieur, nous ne nous soucions pas d'un crime parce qu'il est mystérieux, mais parce qu'il est interdit par la loi. Nous ne poursuivons pas un criminel par curiosité intellectuelle; nous le poursuivons au nom de la loi. Ecoutez, les balayeurs n'arpentent pas les rues avec leur balai pour repérer les empreintes des gens dans la poussière, mais pour balayer et faire disparaître tout ce que la vie dépose. Le maintien de l'ordre n'a absolument rien d'énigmatique. C'est un travail dégueulasse, Monsieur, et celui qui veut mettre de l'ordre doit plonger les mains dans toutes sortes de cochonneries. Après tout, il faut bien que quelqu'un le fasse, dit-il d'un ton accablé, comme il faut que quelqu'un abatte les veaux. Mais tuer les veaux par curiosité, c'est de la barbarie; il faut uniquement les tuer par profession. Lorsqu'on a le devoir de faire quelque chose, on sait au moins qu'on a le droit de le faire. Voyez-vous, la justice doit être aussi incontestable qu'une table de multiplications.
("Les pas dans la neige")
Commenter  J’apprécie          310
«  Je pense qu’il vaut mieux poser une brique que de dessiner de grands plans. »
Commenter  J’apprécie          292
Si les gens lisaient dans les pensées les uns des autres, il n'y aurait plus de rapports possibles.
Commenter  J’apprécie          293
-Pouvez-vous me pardonner ? murmurait humblement Béda.
Je lui serrais la main sans mot dire. Gros bêta ! C'est formidable que tu aies déjà tant d’expérience ! Si les autres savaient, elles en feraient une tête ! Tu en es sûre, Jitka ? Et comment était-elle cette Simonka ? Et moi je leur répondrais qu'elle avait vingt ans et qu'elle était belle comme la madone de Torricelli. Non, de Botticelli, parce que Torricelli ce sont les tubes. Une beauté mystérieuse et pâle. En ce temps-là, on adorait le mystère, le morbide et tout le tremblement. Les jeunes filles d’aujourd’hui sont différentes, saines et prosaïques comme des betteraves ; ça vaut mieux pour les mères.

(Chapitre II Madame Jitka Hudcova)
Commenter  J’apprécie          270
Voyez-vous, les fleurs sont comme les femmes ; lorsqu'elles sont belles et fraiches, on y laisserait ses yeux, on ne se rassasie jamais de leur beauté, il y a toujours quelque chose qui échappe, mon Dieu, car toute beauté est en quelque sorte impossible a embrasser ; mais des qu'elles commencent a se flétrir, je ne sais pas, mais on dirait qu'elles se mettent a se négliger (je parle des fleurs) et si je voulais etre méchant, je dirais qu'elles ont de fort mauvaises facons. Quel dommage, ma charmante beauté (c'est des fleurs que je parle), quel dommage que le temps coule ! La beauté passe ; seul, le jardinier demeure.
Commenter  J’apprécie          260
“Vous comprenez, il est quand même plus agréable de donner des ordres que de travailler.”
Commenter  J’apprécie          250
C'est inouï comme on arrive facilement à fabriquer des grandes pensées avec de grands mots.Certaines gens n'auraient plus rien à dire si on simplifiait leur vocabulaire.Quand j'entends ou quand je lis toutes ces éculubrations sur la cristallisation spirituelle,la présubstantiation formelle,la synthèse créatrice ou je ne sais quoi,ça me rend malade.p.35
Commenter  J’apprécie          230
Mais ici on croise aussi des lacs lisses comme des miroirs célestes, et des petits lacs insondables nichés au plus profond des bois, ainsi que des lacs longs et étroits comme des rivières, oui, on croise aussi des rivières, ou älver, lentes et fichées dans les bois noirs, charriant, avec douceur et une sorte d'éternité, des arbres abattus; et les bois se regardent défiler lentement, indéfiniment, irrésistiblement.
Commenter  J’apprécie          220
Je chevaucherai, les morceaux de chair auront déjà commencé à tomber de mon corps… il ne me restera que les yeux, mais j'avancerai encore à la tête de mes soldats, un squelette sur un cheval blanc… Et les gens crieront : «Vive le Maréchal ! Vive Son Excellence la Mort !»
Je préfère subir une défaite que tolérer… [des] chantages utopiques ! Je laisserai le monde entier périr de la maladie blanche, plutôt que de laisser… un seul instant… se répandre ici votre peste pacifiste !
Commenter  J’apprécie          211
Un de mes passages préféré, la prière du jardinier :
""Mon Dieu, faites qu'il pleuve tous les jours, à peu près de minuit à trois heures du matin, mais que ce soit une pluie lente et tiède, afin que la terre puisse bien s'imbiber ; qu'il ne pleuve pas sur la lavande et toutes les autres plantes qui Vous sont connues, dans Votre infinie bonté, comme des plantes amies de la sécheresse ; si Vous voulez, je vous en écrirai la liste sur un bout de papier ; et que le soleil brille toute la journée, mais pas partout (par exemple pas sur les rhododendrons), et qu'il ne soit pas trop ardent ; qu'il y ait beaucoup de rosée et peu de vent, une quantité raisonnable de vers de terre, pas de pucerons ni de limaces, pas de moisissures, et que, une fois par semaine, il pleuve du purin étendu d'eau et de la fiente de pigeon. Amen" Car, sachez-le, il en était ainsi au paradis terrestre ; sinon, ça n'aurait pas si bien poussé là-bas, voyons." (p.79)
Commenter  J’apprécie          210
Je sais qu'on ne peut pas les raconter avec des mots; avec des mots, on peut parler d'amour, de fleurs des champs, mais de rochers, c'est plus difficile; est-il possible de décrire avec des mots le profil et la forme d'une montagne?
Commenter  J’apprécie          200
Karel Capek
(A propos de la Guerre des Salamandres) « La critique a qualifié le roman d'utopie. Je refuse ce mot. Ce n'est pas l'utopie, mais l'actualité. Ce n'est pas une spéculation sur quelque chose qui pourrait se produire dans l'avenir, mais cela reflète ce qui est et au milieu de quoi nous vivons. De la fantaisie, je peux vous en donner combien vous voudrez et gratuitement, mais ici je visais la réalité. Rien à faire, la littérature qui ne s'occupe pas de la réalité, de ce qui se passe vraiment dans le monde, la littérature qui ne veut pas réagir avec toute la force que possèdent la parole et l'idée, cette littérature n'est pas la mienne. »
Commenter  J’apprécie          190
Là-bas, ni lauriers ni oliviers, mais des aulnes, des bouleaux et des saules, des salicaires, de la bruyère, des campanules et des aconits, de la mousse et des fougères; près des torrents, des spirées, dans les bois, des airelles ; jamais aucun Sud brûlant ne sera aussi luxuriant, plantureux, gorgé de sève et de rosée, béni par le dénuement et la beauté, que le pays du soleil de minuit; et tant qu'à partir -- car voyager, ça nest pas rien, que de tracas et de soucis! -- tant qu'à partir, donc, autant que cesoit pour le plus magnifique des paradis; et dis-moi alors si ce n'est pas là ce que tu cherchais. Oui, Dieu merci, j'ai vu ce Nord que je voulais voir, et c'était bon.
Commenter  J’apprécie          180
— En ce qui concerne la force, murmura Archimède, comme je suis un peu physicien, je vais te dire quelque chose. La force se fixe.
— Qu’est-ce que cela veut dire ?
— C’est une loi, Lucius. L’action lie la force. Dès que celle-ci commence à agir. Plus vous serez puissants, plus vous aurez besoin de forces pour cela, et il arrivera un jour où...
— Qu’est-ce que tu voulais dire ?
— Rien. Je ne suis pas prophète, homme, je ne suis que physicien. La force se lie. C’est tout ce que je sais.
Commenter  J’apprécie          170
Il n’y a pas de doute que le monde des salamandres sera plus heureux que ne l’était celui des hommes ; il sera uni, homogène, régi par un même esprit. Les salamandres ne se distingueront pas des salamandres par la langue, les opinions, la foi ou les exigences. Il n’y aura entre elles ni distinctions de classe ni de culture, seulement une division du travail. Il n’y aura ni maître ni esclave, car tous seront au service de la Grande Entité de Salamandres qui sera le dieu, le roi, l’employeur et le guide spirituel. Il n’y aura qu’une nation et une classe. Ce sera un monde meilleur et plus parfait que ne l’était le nôtre. Ce sera le Seul Nouveau Monde Heureux possible. Allons, cédons-lui la place ; l’humanité qui s’éteint ne peut déjà plus rien faire d’autre que de hâter sa propre fin en lui donnant une beauté tragique pour autant qu’il ne soit pas déjà trop tard.
Commenter  J’apprécie          162
Ah ! Le plus beau et le plus illimité en ce monde, ce ne sont pas les choses, mais les moments, les instants, les secondes insaisissables.
Commenter  J’apprécie          150
- Comment vous appelez-vous ?
R. Andrew Scheuchzeri.
- Quel âge avez-vous ?
R. Je ne sais pas. Voulez-vous rester jeune ? Portez la gaine Libella.
- Quel jour sommes-nous ?
R. Lundi. Beau temps, Monsieur. Samedi, Gibraltar courra à Epsom.
- Combien font trois fois cinq ?
R. Pourquoi ?
- Savez-vous compter ?
R. Oui, Monsieur. Combien font dix-sept fois vingt-neuf ?
- Laissez-nous poser les questions, Andy. Nommez des fleuves anglais.
R. La Tamise.
- Et encore ?
R. La Tamise.
- Vous n'en connaissez pas d'autres, non ? Qui règne en Angleterre ?
R. King George. God bless him.
- Très bien, Andy. Quel est le plus grand écrivain anglais ?
R. Kipling.
- Très bien. Avez-vous lu ses ouvrages ?
R. Non. Que pensez-vous de Mae West ?
- Nous préférons vous poser des questions, Andy. Que savez-vous de l'histoire d'Angleterre ?
R. Henri VIII.
-Que pouvez-vous nous dire de lui ?
R. Le meilleur film de ces dernières années. Décors splendides. Spectacle sensationnel.
- Vous l'avez vu ?
R. Non. Voulez-vous connaître l'Angleterre ? Achetez une Baby Ford.
- Qu'aimeriez-vous voir le plus, Andy ?
R. La course Oxford-Cambridge, Monsieur.
- Combien y a-t-il de continents ?
R. Cinq.
- Très bien. Pouvez-vous les nommer ?
R. L'Angleterre et les autres.
- Quels sont les autres ?
R. Ce sont les Bolcheviks et les Allemands. Et l'Italie.
- Où se trouvent les îles Gilbert ?
R. En Angleterre. L'Angleterre n'ira pas se lier les mains sur le continent. L'Angleterre a besoin de dix mille avions. Visitez la côte sud de l'Angleterre.
- Vous nous permettez de regarder votre langue, Andy ?
R. Oui, Monsieur. Utilisez le dentifrice Flit. Économique, anglais et le meilleur. Voulez-vous avoir une haleine parfumée ? Utilisez ...
- Merci, ça suffit. Et maintenant dites-nous Andy ...

Et ainsi de suite. Le procès-verbal de l'entretien avec Andy comptait en tout soixante pages et fut publié dans The Natural Science. En conclusion, la commission de spécialistes résuma ainsi les résultats de son expérience :

1. Andrias Scheuchzeri, une salamandre du Zoo de Londres, sait parler bien que d'une voix un peu chevrotante ; elle dispose d'environ quatre cent mots ; elle ne dit que ce qu'elle a lu ou entendu. Il n'est pas question de pensée indépendante. Sa langue est assez mobile. Vu les circonstances, nous n'avons pas pu examiner ses cordes vocales de plus près.
2. Cette même salamandre sait lire, mais seulement les journaux du soir. Elle s'intéresse aux mêmes sujets que l'Anglais moyen et réagit d'une manière analogue, c'est à dire selon les idées reçues. Sa vie intellectuelle, dans la mesure où elle en a une, se compose de conceptions et d'opinions courantes à l'heure actuelle.
3. Il ne faut absolument pas surestimer son intelligence car elle ne surpasse en aucune façon celle de l'homme moyen de notre époque.
Commenter  J’apprécie          142
Etrange, cette fin de l'homme qui n'arrête pas la marche de l'avenir.
Pourtant le paradoxe n'est qu'apparent.
Carel Capek n'est pas, en effet, un prophète de désespoir.
Tout au contraire.
Une humanité ne disparaît que pour être remplacée par une autre humanité qu'elle a créée à son image. Grâce à l'amour que celle-ci découvre en même temps qu'elle acquiert la faculté de se reproduire.
Le symbole garde toute sa puissance de message empreint d'idéalisme, en notre temps d'automatisation, sans que rien, cette fois, soit à changer dans cette comédie utopique où apparut, pour la première fois, en 1920, le mot "robot".
(introduction à l'anthologie "Quatre pas dans l'étrange" du "Rayon Fantastique" signée, en 1960, Georges H. Gallet)
Commenter  J’apprécie          140



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Karel Capek (832)Voir plus

Quiz Voir plus

Monstres de la mythologie grecque

Je suis une créature hybride, mi-homme mi-cheval.

Le Minotaure
Le Centaure
La Cavale
La Manticore

12 questions
3401 lecteurs ont répondu
Thèmes : monstre , mythologie grecque , créatures mythologiques , mythologie , mythesCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..