Klaus H. Carl

J’aime beaucoup la peinture de Franz Carl et j’ai beaucoup apprécié cette biographie tout en finesse et néanmoins riche d’informations.

D’abord, elle prend soin de présenter le contexte historique de l’Allemagne à la fin du XIXe, qui était celui de l’artiste, né à Munich en 1880, au sortir de la guerre franco-prussienne, à savoir la période impériale, de même qu’un bref résumé du tableau économique, culturel et artistique de l’époque.



Ici, point d’anecdotes ou considérations personnelles de l’auteur qui nous suggéreraient quoi penser de l’œuvre et de l’artiste, mais uniquement sa peinture, ses rencontres, ses amitiés.

De Franz Marc intime on restera discret et on se contentera de savoir qu’il aura nocé deux fois, avec Marie, puis avec Maria en 1913, toutes deux peintres.



En 1914 il se portera volontaire sur le front sans pour autant lâcher ses couleurs et entretiendra une correspondance abondante avec ses amis et sa famille, dont cette biographie nous donne de nombreux extraits très émouvants, sachant qu’il n'y aura pas de retour pour lui...



La forme aussi est très intéressante, chaque texte, assez court, est illustré d’un tableau grand format ce qui permet de suivre l’évolution de l’artiste au fil de la biographie.



En tout cas, un grand artiste du mouvement expressionniste qui selon moi fit preuve d’une grande originalité dans la peinture animalière qui constitue l’essentiel de sa production. Ici, les animaux ne font pas figuration dans le paysage mais sont dans leur vérité, féroce ou tendre, et même l’influence cubiste, ne dessert pas leur animalité, au contraire même, la sublime.



Et puis j’aime la fraîcheur de ses couleurs, en même temps que leur intensité, sans pesanteur … et puis, le plus court après tout c’est d’y aller voir vous-même.

Ernst Ludwig Kirchner naît au pays de la bière allemande en 1880, mais son paradis artificiel sera plus hallucinogène que celui d'un ventre à bière, fait de stupéfiants et d'alcools plus hard.



En 1937, les nazis font main basse sur son "Art dégénéré" et son oeuvre sera en l'état quasiment détruite. L'année d'après, malade et souffrant le martyr, il donne fin à ses jours, il avait 58 ans.



Bon, il aura le temps de nous laisser son empreinte quand même, puisqu'il est l'artisan avec quelques autres du mouvement Die Brüke (le Pont), la figure du proue du mouvement expressionniste, né au tournant du siècle. A propos de tournant, il y en a un qu'il a certainement loupé puisqu' il a failli y passer précocement dans un grave accident de voiture : il avait dû confondre un lacet avec une ligne droite.



J'aurais tort bien sûr de réduire Ernst Ludwig Kirchner à ses malheurs, mais désolé à voir ses sujets tourmentés, contorsionnés, caverneux, c'est bien une vie de chien qui l'inspira.



Le mouvement Die Brüke ne se revendique de pas grand chose sinon de n'être enchainé à rien, c'est en même temps sa force, on y voit une forme d'art primitif, l'exécution est rapide et ce qui me réjouit particulièrement ce sont les couleurs : il n'a pas fallu leur apprendre que sur une palette il y a une multitude de couleurs toutes plus sublimes les unes que les autres qui font la vie, en tout cas autre que celle des nazis ..



J'ai toujours en mémoire : La Russe, Bord de canal rouge à Berlin, Nu au chapeau, Artiste de cirque, La Taverne, Pont de chemin de fer dans le Löbtauer Strabe à Dresde-Friedriechstadt ..



Y-a-t-il dans mon top dix, un Kirchner, probablement, je suis conscient qu'il y a là du grand art.

Beau livre de référence pour comparer les cathédrales gothiques, mais aussi des informations sur la peinture, les vitraux, les sculptures