Citations de L.L. Kloetzer (76)
Il n'est jamais bon de mêler les sentiments et les relations de travail. J'ai été embauché jadis par un seigneur de guerre, un homme au verbe haut, à la parole exaltante, qui voulait que nous adhérions de tout notre cœur à sa cause. J'ai crié comme les autres lorsqu'il passait à cheval devant notre ligne, et j'ai frappé mon bouclier du pommeau de mon épée en un roulement de tonnerre. Mais je n'ai jamais oublié l'enjeu le plus important de la bataille à venir : ma propre vie.
La haine est si ardente entre ces deux-là que ses braises pourraient mettre le feu au quartier.
Il lâche le mot comme ça, penché au-dessus de l'eau, sorcellerie, comme s'il disait cordonnerie ou vannerie, et que ça n'avait pas plus d'importance.
La ville est un creuset, un chaudron où bouillonnent lentement les intrigues à grosses bulles chaudes et acides.
« Qu’est-ce que vous avez fait ? Tout est en train de nous tomber dessus !
— Je suis magicien ! Pas architecte ! »
Le port est l'endroit que je préfère de toutes la ville. J'en aime les sons et les odeurs. Les mâts qui craquent, les cris des mouettes, les parfums de goudron résineux, d'iode et de poisson, les chants traînants des galériens rejoignant en file leur embarquement. Les fritures de poulpe et les grands pots de bière qu'on sert au "Kraken", mon lieu d'échouage favori de ce coin du monde. Sans le port, la ville s'étiole et meurt.
La frontière est fine entre reconstituer le passé et y projeter ses obsessions, et je l’ai passée plusieurs fois, dans les deux sens.
Les dieux sont patients. Ils ont le temps pour eux.
Elle dit que les vies rêvées pèsent tout autant dans la mémoire que les souvenirs vécus
Il vous faudra de l'imagination. Il faudra vous plonger dans une époque qui est devenue largement étrangère à vos contemporains. Et pour moi, il faudra des preuves. Je veux être émerveillé, je veux être convaincu. Je veux la vérité.
Un des chefs de gang lâche une rafale vers le ciel gris et noir, vous prenant tous au dépourvu, les chevaux paniquent et s'élancent, quelques cavaliers tombent, pas toi, ton cheval cauchemar se lance, roule des yeux fous, tu t'accroches debout sur tes étriers de fer, tu accompagnes le galop, tu jouis de la vitesse, de la puissance, tu le ménages, tu prendras une meilleure position dans quelques centaines de mètres, quand les plus jeunes se seront épuisés.
J’ai une forme de prescience, je sens venir les ennuis, j’anticipe la chute. Elle, c’était un gouffre.
On ne reste pas enfermé en bas des mêmes montagnes pendant des années sans se mettre à les craindre autant qu’on les aime.
La Tour sans fins se visse dans les nuages, songe merveilleux de verre et d’acier tiré entre terre et ciel, elle s’illumine pixel par pixel comme les employés du groupe arrivent à leurs postes de travail. A l’intérieur règne une clarté homogène, accordée aux rythmes biologiques, compensant les insuffisances du soleil automnal : le système Skylife lutte contre la dépression et favorise l’éveil.
Je ne sais pas ce qu'il est en train de faire, bien sûr, mais je vais laisser parler mon bon sens et mon imagination, car il nous faut suivre Noon pour comprendre la suite.
Nous sommes habitués aux déceptions. Nos gouvernants nous plument et nous arnaquent depuis des siècles et nous nous résignons à ce qu'ils vivent richement dans leurs palais, entourés d'esclaves, alors que nous nous échinons à arracher de cette vie de quoi la prolonger un peu. Mais nous exigeons de nos maîtres un minimum de dignité, en particulier quand la ville est soumise aux influences d'astres mauvais. En ces instants, les ministres, les archontes, les conseillers, les comices, les Suzerains eux-mêmes sont priés de se tenir, de dire les paroles qui conviennent, d'être à la hauteur. De nous montrer la voie qui nous sortira de la mouise.
-Toutefois... pourquoi est-ce que vous n'avez pas utilisé votre sorcellerie pour sortir du puits?
-Drôle de question. Pourquoi l'aurais-je fait? J'avais une corde.
Chacun peut lire la Torah, tous les mots sont connus, composés des mêmes vingt-deux lettres, et personne ne peut dire comment Dieu a formé le monde.
J’avais lu que les hommes du Moyen Âge ne dormaient pas allongés mais assis, j’ai soudain compris leurs raisons. Le sommeil des dormants est une image de la mort et je ne voulais pas tenter cette dernière.
Nous ignorions qu’il est très dangereux de projeter la carte sur le paysage, car dans ce cas on trouve toujours ce qu’on veut chercher