Ce manque d’échanges avec des femmes, que ce soit en cours ou dans d’autres circonstances de la vie quotidienne, entraîne chez l’étudiant ségrégué et défavorisé une autre carence handicapante. Il considère volontiers les femmes non comme des personnes, des êtres humains au même titre que lui, qui cherchent à comprendre, grandir et trouver un sens aux absurdités de l’existence, mais comme des objets, des instruments, de êtres déshumanisés.
Quand un homme dit « j’aimerais avoir le point de vue féminin sur cette question », ou encore « les femmes ont vraiment une façon merveilleuse de raisonner », il est aussi condescendant que le raciste qui s’ignore en affirmant que tous les Noirs ont le sens du rythme.
Le mot « sexisme » a cinquante ans. La chose, elle, est sans âge. On pourrait dire du sexisme qu’on nous a souvent fait la chose, oui, bien avant de nous dire le mot. Aussi je dirai quelques mots du mot, qui en diront peut-être, qui sait, long sur la chose
De même que le racisme prétend préserver la race supérieure de tout croisement, la pensée sexiste porte la hantise du métissage des genres associée à des définitions très normatives de la virilité et de la féminité.
Il est si rarement en concurrence avec des femmes, il a si rarement l’occasion d’apprendre l’humilité en n’ayant pas le dessus lors d’une dispute ou d’un débat avec l’une d’elles sur tel ou tel sujet impersonnel, que sa capacité à fonctionner avec les femmes intelligentes qu’il rencontre une fois sorti du ghetto s’en trouve diminuée. Ce qu’il devrait voir comme une occasion stimulante et animée de discussion ou d’échanges de points de vue devient, à cause de sa mentalité façonnée par le ghetto, un défi lancé à sa masculinité.
La vieille injonction faite aux femmes de se cantonner au rôle de muse n’a semble-t-il rien perdu de sa rigueur
votre position est analogue à celle du raciste – et je vous qualifierais donc de « sexiste »
Car ce n’est pas votre innocence que je tiens à vous faire perdre, mais votre naïveté