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Citation de le_Bison


Le monde est une cage remplie d’animaux affamés qui se rendent pas compte qu’ils ont juste à pousser la porte pour l’ouvrir. Alors, ouvrons-la, cette porte !
Au détour d’un virage apparaît dans le faisceau de ses phares un cerf inerte en travers de la route. Il n’a pas le temps de donner un coup de volant – d’ailleurs, c’est une bonne chose, sinon il se serait foutu dans le décor – et il percute l’animal dans un bruit sourd. Il continue à rouler, accompagné du raclement d’un truc qu’il traîne et l’odeur de viande brûlée qui entre par la ventilation.
Il s’arrête sur cette route de campagne, sur un plateau qui domine les ténèbres. Le chant des grillons et des cigales. Les phares de la voiture font ressortir le gris mort des érables, des chênes, des peupliers et des poteaux téléphoniques recouverts de kudzu, la route devant lui et la vapeur qui émane de la calandre de la voiture. Quand il sort, il voit une grande ramure et un corps de la taille d’un sac de paquetage, enfin, ce qui fut un corps, devenu fourrure et muscles entortillés, un abdomen éventré d’où se répand de l’herbe mâchée. Il plonge la main dans le cou de la bête. Ses doigts s’enfoncent, c’est encore chaud là-dedans, la mort est récente, il ressort ses doigts visqueux, inspecte la couleur à la lueur des phares, puis se passe les doigts autour des yeux ; il se peinturlure comme Bob avait coutume de le faire quand ils partaient en virée. Un guerrier au sang de cerf.
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