Etienne Klein est physicien et philosophe. Il signe dans le "
Cahier de l'Herne", consacré à
André Comte-Sponville, un texte sur
le temps et notre rapport à l'ennui, qui a toujours "une mauvaise réputation", mais qui peut aussi avoir des ressources, être un facteur créatif. le scientifique revient sur les définitions du vide et du néant, deux concepts bien différents qui intéressent les physiciens. Nous ne sommes pas égaux face à l'ennui, face au vide.
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous :
https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/la-grande-librairie-saison-12/1448617-a-quoi-sert-
la-philosophie.html
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" Plus fidèle à son génie qu'à lui-même, il s'est de magnifique façon élevé dans son art au-dessus de son propre déclin. "
Extrait de l'éloge funèbre de Stefan Zweig
(page 302)
Frères, presque indiscernables : insistant, dans une lettre à l'un de ses éditeurs (Jérôme Lindon), sur "le côté commun de Blanchot et Bataille", Georges Bataille se plaira à rappeler la confusion commise par Heidegger, qui aurait dit, vers 1953, que Bataille est aujourd'hui la meilleure tête pensante de France". Heidegger pensait en fait louer Blanchot, dont il avait apprécié l'étude (dans le numéro 7 de critique) consacrée à l'un de ses essai sur Hölderlin.
Seule la littérature est un jeu, qui jette les dés pour atteindre un chiffre imprévisible...
Georges Bataille, Ce monde où nous mourons.
" Mon sentiment sur Gide est connu depuis longtemps, écrivait Bernanos en février 1945. Je défie qu'on trouve dans tous mes livres une ligne à sa louange. Il est vrai que je ne saurais partager la conviction un peu trop sommaire de Paul Claudel ou de Henri Massis qui le croient possédé du diable, mais loin d'être tenté de trop d'indulgence envers lui, j'avoue que je dois faire effort pour rester juste à l'égard d'un grand écrivain - l'un des plus grands de notre littérature - et qui honore notre langue. "
Or, de tous nos illustre écrivains, Bernanos fut le seul, à l'époque de la libération et de l'épuration, à se dresser pour défendre Gide que les inquisiteurs staliniens, alors très puissants, venaient de mettre en accusation.
Jacques Brenner

Le chamane ne décrit pas seulement ses patients, il se dépeint lui-même abondamment au commencement de ses invocations. Cet autoportrait chanté engage souvent une puissante mise en perspective à la fois temporelle et spatiale. Le chamane évoque sa propre histoire en rappelant notamment les épreuves que lui ont fait subir les esprits dans sa jeunesse à travers divers lieux de l'univers avant qu'il n'accède à la fonction de chamane. Il décrit aussi sa situation présente sur la scène rituelle, son chant et ses actions, créant un effet semblable au dédoublement réflexif de l'énonciateur que Carlo Severi a identifié dans les chants chamaniques des Cuna (Severi, 2002). Le positionnement spatial que l'officiant s'attribue dans ces autodescriptions est inhabituel. En voici un exemple (Popov, 2008 : 234, 236) :
Sur le dos de l'immense terre-mère [dojdu ijem] à neuf cercles,
Sur les bosses des vertèbres de la terre colorée à huit cercles,
Je suis assis étendu, assis avec la sombre mère-nuit,
Assis à deux avec l'aveugle et sombre mère-nuit,
Ayant un siège [olboxtonon] grand comme une meule de dix brasses [bylas],
Grand comme un lac, je suis assis [lolorommun].
Mes gens, neuf garçons vivant dans le gris pays du milieu, soyez par ici [bettex] !
Huit jeunes gens vivant dans le pays inférieur et appartenant à huit clans, soyez par ici !
Soyez la force-aide !
Depuis Mai, la rue s'est réveillée : elle parle.
L'imagination consiste à expulser de la réalité plusieurs personnes incomplètes pour, mettant à contribution les puissances magiques et subversives du désir, obtenir leur retour sous la forme d'une présence entièrement satisfaisante. C'est alors l'inextinguible réel incréé.
Surtout, comme dans d'autres textes plus tardifs, Kafka montre que l'oubli est l'une des conditions paradoxales de la reproduction et de l'obéissance à la loi : le fait qu'elle ait été instaurée dans la nuit des temps rend son caractère inexorable plus puissant encore.
"L'écrivain se trouve dans cette situation de plus en plus comique de n'avoir rien à écrire, de n'avoir aucun moyen de l'écrire et d'être contraint par une nécessité extrême de toujours l'écrire... Le signe de son importance, c'est que l'écrivain n'ait rien à dire..."
Kafka refuse à son Dieu la grandeur morale, l'évidence, la bonté, la cohérence, mais c'est pour mieux se jeter dans ses bras. L'Absurde est reconnu, accepté, l'homme s'y résigne et dès cet instant, nous savons qu'il n'est plus l'absurde.
Albert Camus.