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Critiques de Les Cahiers de l`Herne (36)
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Georges Simenon - Les Cahiers de l'Herne

A commander très vite, cette formidable somme sur l'immense Liégeois globe-trotter, travailleur et artisan infatigable (1903-1989) : parue en 2003 et dirigée humblement par Laurent DEMOULIN.



Grand format, 287 pages, 39 € : on en a vraiment pour son argent !



Les moments les plus formidables ?



Peut-être l'interview de Jacques DE DECKER, "Simenon, romancier de la compassion et du gros plan". On y comprend après coup pourquoi les adaptations cinématographiques du grand Georges font si pâle figure, malgré les belles illustrations qu'offrirent en leurs temps respectifs "Panique" de Julien DIVIVIER, "Monsieur Hire" de Patrice LECONTE ou "Betty" de Claude CHABROL - et dans une moindre mesure, "Le Chat" ou "La veuve Couderc" de Pierre GRANIER-DEFERRE....



L'analyse fine de Michel CARLY, "Simenon : que savent-ils de la douleur d'écrire ?", sorte de panorama mouvant des 117 "romans durs" (vivant leur vie propre auprès des 75 "Maigret" également attachants).



Même "Comprendre et ne pas juger", procès-verbal de la "fameuse" 'interview de G.S. par ce vieux renard de lecteur que fut Bernard PIVOT pour son émission "Apostrophes" (1981) reste émouvant et "vrai"... même s'il parait aujourd'hui presque anecdotique et nous gêne par l'impudeur des deux humains se faisant face. A "La disparition d'Odile" [1971] venait en effet s'ajouter celle de la fille de l'auteur, se suicidant par arme à feu en 1978 (sans le joli "happy-ending" de la fiction citée, où le frère sauve la soeur in extremis)... Marie-Jo était âgée de 25 ans et nourrissait une dangereuse et exclusive admiration amoureuse pour son père. Tragédie intime venant s'ajouter aux "tragédies de l'homme nu" de ses fictions.



Allons, affirmons à nouveau tranquillement - et sans la moindre inhibition - que : " TOUT est bon dans Simenon, tout ! "

Et pour ce "Cahier de L'Herne" ? pareil...
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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Kafka - Les Cahiers de l'Herne

"Le génie de Kafka, il est vrai, dépasse infiniment celui de Joyce parce qu'au contraire de celui-ci il se soucie comme d'une guigne de la technique esthétique, mais empoigne l'esthétique immédiatement à sa racine irrationnelle."



Hermann Broch, "Il ne naît qu'une fois par siècle un génie comme Kafka."





Quel cadeau, et quelle lecture !

Je remercie babelio et Les Cahiers de l'Herne pour ce Cahier consacré à Kafka, lu dans le cadre de masse critique.

C'est la première fois que je lis et que je possède un cahier de l'Herne et j'insiste sur mon contentement : un très beau livre sur un de mes écrivains favoris. Épais et complet, il m'a permis une lecture ambitieuse, et heureuse...



Inédits, contributions multiples d'écrivains venant de divers horizons : Anders, Barthes, Breton, Broch, Deleuze, Camus, Derrida, Genêt, Steiner, Sartre, Kundera, Derrida, Blanchot, Benjamin, Arendt, Döblin, Handke, Guattari, Goldschmidt, P. Roth, Starobinsky S. Mosès, Canetti, M. Robert, P. Pachet, Perec... et beaucoup d'autres... Ils sont nombreux à admirer l'écriture de Kafka, à s'interroger, à partir de lui, sur ce que c'est qu'écrire.

Lire Kafka, c'est entrer dans un monde radicalement ouvert, où le possible et ce qui n'a pas lieu importe et transporte. Comme le dit R. Barthes,



"On le voit, l'allusion, qui est une pure technique de signification, engage en fait le monde entier puisqu'elle exprime le rapport d'un homme singulier et d'un langage commun : un système (fantôme abhorré de tous les anti-intellectualismes) produit l'une des littératures les plus brûlantes que nous ayons connues (...)."



Allusion, signe, direction comme dirait Blanchot. L'écriture indique mais ne représente pas. Kafka écrit des choses simples, "fasciné par tout ce qui est petit" selon Guattari et Deleuze, car seul le roman (de Kafka) peut traiter des "multiplicités moléculaires", de "ces agencements machiniques qui ne sont plus des animaux".



A côté des nombreuses contributions très éclairantes sur l'Oeuvre de Kafka, les Cahiers contiennent également des entretiens, des photos, des Lettres, des extraits du Journal, une chronologie de l'écrivain, des repères bibliographiques ainsi qu'un cahier iconographique...

Beaucoup à lire et à voir, à découvrir, et à nouveau, l'envie de lire Kafka.



Aussi, le désir de lire un autre Cahier de l'herne, celui consacré à Blanchot. Blanchot, un grand lecteur de Kafka...



Chez Kafka, le "je" est abîmé, éclaté, insignifiant et multiple. Le "Il" parfois le remplace. La solitude et l'écrit font monde. Sont le monde, son monde ?



"(...) Quand j'ai envie de savoir qui je suis, quand je veux me rencontrer, je descends à la cave. (...) C'est là que vit l'autre moi, mon complice et mon maître."



B. Pingaud, Adieu Kafka ou l'imitation, "l'autre moi"







"Si je pouvais un jour écrire un ensemble représentant un plus grand volume, bien formé du début jusqu'à la fin, alors le récit ne pourrait jamais se détacher de moi et je pourrais écouter tranquillement sa lecture, les yeux ouverts, parent par le sang d'une histoire en bonne santé, mais en l'état chaque petit fragment de l'histoire se promène, sans patrie, et me pousse dans la direction opposée - et je peux encore m'estimer heureux si cette explication est la bonne (...).



Journal, 5 Novembre 1911.



Lire Kafka, c'est se rapprocher de ce sentiment d'étrangeté toujours déjà présent. Sans patrie, et face à des "fragments" toujours fuyants...

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Lovecraft- Les cahiers de L'Herne

Lire les contes fantastiques de Lovecraft (1890-1937) est toujours une expérience inoubliable. L'auteur de "Démons et merveilles" (ce chef d'oeuvre d'onirisme), de "La couleur tombée du ciel", "Je suis d'ailleurs" [Quels titres magnifiques !], "L'abomination de Dunwich", "Le cauchemar d'Innsmouth", "L'affaire Charles Dexter Ward" (dont Roger Corman tirera en 1963 l'excellent film "La malédiction d'Arkham" avec Vincent Price et Debra Paget) était un type secret, et pour tout dire peu fréquentable : raciste maladif, agoraphobe, fuyant l'exercice de sa propre sexualité, sympathisant des paisibles thèses du "Mein Kampf" de l'andouille à mèche... Mais, voilà -- entre son pays natal de Providence et le trauma de ses deux années d'exil intérieur à New York avant son retour au giron maternant de Providence -- cet homme-là a inventé un monde à lui seul, et quel monde !!! Le réalisateur américain John CARPENTER s'en est souvenu dans "L'antre de la folie" ou "Prince des ténèbres", soutenant d'ailleurs en plusieurs de ses interviews que cette lecture très jeune des oeuvres fantastiques et cauchemardesques de l'homme de Providence l'avaient convaincu de réaliser des films fantastiques et s-f "à la manière de H. P. Lovecraft " ! Le bref passage terrestre de Howard Phillips LOVECRAFT fut évidemment un cauchemar, qui s'acheva dans les souffrances occasionnées par un cancer du duodénum (sans doute lié à sa très mauvaise façon de s'alimenter)... Maurice Lévy dans son magnifique et très court essai "Lovecraft ou Du Fantastique" (initialement, thèse de lettres modernes, paru ensuite chez l'éditeur "10/18" en 1972, réédité en 1985) avait également percé le mystère : nous comprenons, grâce à cet ouvrage pertinent, comment nous sommes passés du ressenti et du descriptif fantasmatique des "étrangers" new-yorkais, tous unanimement "répugnants" (Noirs, Italiens, Latinos, etc.) aux tentacules, puanteurs et autres abominations indescriptibles qui semblent naturels aux "Grands Anciens" qui, réunis, formeront la joyeuse tribu de l' "indicible" Mythe de Cthulhu... Sans parler de "l'indice" de la syphilis paternelle... Tel écrivain -- ou écrivant -- français, récemment goncourtisé (heum, heum...), a évidemment palabré sur les aspects les moins ragoutants -- sans doute "fascinants" ? -- de l'homme et son oeuvre. "L'Herne" a, en tout cas, su rendre hommage très tôt à cet écrivain-inventeur -- dont l'importance avait été sous-estimée dans son propre pays --, le mettant ainsi au rang des plus grands du XXème siècle (Claudel, Proust, Breton, Gracq, Simenon, etc.) ... et nous devinons aujourd'hui combien son oeuvre le mérite. L'illustration de couverture par Philippe DRUILLET est convaincante : la statue à l'effigie de l'auteur, aborant une moue dépressive et muni d'oreilles de chauve-souris, s'effrite dans un désert inconnu...
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Dracula. Cahiers

Les Cahiers de L'Herne de 1997, date anniversaire de la parution de roman de Stoker. Divisés en cinq chapitres (chacun comprenant les contributions des différents auteurs, tels que Jean Marigny), les Cahiers traitent la "vampirologie "d'une façon très érudite. Depuis les origines du mythe de vampire, passant par Dracula, bien sur; mais aussi par ses antécédents et ses dérivés, la psychanalyse du mythe, les extraits ou les films. Contient un dossier illustré. Les notes et la bibliographie sont exhaustives. Lecture un peu barbante, mais les Cahiers restent une véritable mine d'or pour les intéressés.
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L'image rituelle

En cochant "L'image rituelle" lors du dernier Masse Critique, je ne pensais pas que j'allais recevoir un livre si "scolaire"... Car ce livre est pour un public d'étudiants en anthropologie ou en sociologie éventuellement.

Ces cahiers d'anthropologie sociale, publiés par les éditions de L'Herne, n'est pas écrit à moins de 18 mains ( je vous ferais grâce des noms à rallonge qui compose cette liste...). Et cela se ressent à la lecture des différents chapitres ; on a des chapitres totalement lisibles, compréhensibles, et d'autres, opaques et hermétiques, truffés d'annotations, de références chiffrées entre parenthèses, qui cisaillent le texte, ce qui les rend illisibles.



J'ai tout personnellement apprécié les chapitres suivants :

- Le contexte relationnel du cannibalisme funéraire wari' (Brésil), écrit par Aparecida Vilaça.

- Le chant des flûtes : musique des esprits chez les Wauja du Haut-Xingu (Brésil), par Acàcio T.C. Piedade.

- Technologies cognitives du voyage chamanique. Cas iakoutes (Sibérie), par Charles Stépanoff.



On y prend connaissance de rituels précis permettant de faire communiquer le monde des vivants avec celui des esprits, ou des morts, détaillant les gestes, postures, objets, paroles, mis en scène lors de ces rituels : le rituel est mis à nu. De fait, il perd tout sens, et sa magie. Et ça, aucun des auteurs de ces études n'y a pensé, tout à leur dissection scolaire.

Car ces cahiers sont des publications d'étudiants, de chercheurs universitaires. On reste donc dans un univers "scolaire", et malgré l'intérêt que suscite certains sujets, cela reste un livre réservé à ceux qui étudient, ou veulent étudier l'anthropologie, ou qui auraient des recherches à faire sur le sujet.

Je n'étais donc pas le public parfait pour ces cahiers, mais je remercie toutefois grandement Babelio et Masse Critique, ainsi que les éditions de L'Herne pour ce livre curieux mais très professionnel.
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Les Cahiers de l'Herne : René Guénon

Les Cahiers de l’Herne ne nous réservent jamais de mauvaises surprises. Les articles regroupés dans ce numéro permettront de prolonger la lecture de l’œuvre de René Guénon en l’abordant par ses creux, par ses mystères et par ses abords les moins connus, ou restant encore à approfondir, afin de retourner aux textes avec une curiosité renouvelée.
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Leurrer la nature

Un grand merci à Babelio et aux éditions de l'Herne pour m'avoir permis de découvrir ces Cahiers d'anthropologie sociale, et tout particulièrement celui de juin 2013, intitulé "Leurrer la nature".



En préambule, soulignons que ce volume rassemble les actes d'un colloque tenu au Collège de France les 25 et 26 janvier 2012. Ce haut parrainage, conjugué à ma méconnaissance partielle des enjeux liés à la discipline et du sujet traité, m'a fait craindre une lecture difficile. Sur un plan d'abord formel, mon appétence pour cet ouvrage a été stimulée par la qualité et la clarté de sa présentation : l'introduction dressée par Hélène Artaud met en évidence trois ensembles de textes, que j'ai souhaité lire de bout en bout, et sur lesquels je ne m'étendrai pas dans le détail, préférant renvoyer le lecteur avide à ladite introduction et aux dernières pages de résumés.



Je me permets néanmoins de reprendre ici un élément directeur, emprunté à Hélène Artaud : toutes les réflexions rassemblées dans ce volume se fondent sur une structure triadique stable (leurre/leurrant/leurré), qui a vocation à dépasser "des oppositions substantielles - entre nature et culture, homme et animal, sujet et objet, réalité et fiction". L'extrême diversité des approches aussi bien que des sujets / objets observés démontrent cette "nécessaire érosion des champs disciplinaires", que "travaille ultimement la pensée du leurre".



Ces éléments introductifs me semblent nécessaires pour appréhender l'ensemble de cet ouvrage collectif. L'aridité de certains textes, notamment la contribution d'Andrea Luz Gutierrez Choquevilca, "Face-à-face interspécifiques et pièges à pensée des Quechua de Haute Amazonie", ne doit pas tant nous effrayer mais plutôt nous faire prendre conscience de nos "prédispositions culturelles" pour citer une nouvelle fois Hélène Artaud (p.152). Dans la mesure où nous ne voyons de la "complexité du monde du sujet leurré - humain ou non-humain - que ce que [notre] matrice culturelle [nous] aura prédisposés à voir", les enseignements que j'ai pu retirés de la lecture de ce corpus me semblent également imprégnés de mon "schéma culturel".



Aussi, je ne saurais conclure cette critique sans évoquer subjectivement (comme d'autres l'ont fait) quelques éléments de réflexion, tirés en premier lieu de la contribution de Sergio Dalla Bernardina sur le "roccolo" : sur l'interprétation de la surreprésentation des membres de l'Eglise dans le monde des oiseleurs et le parallèle avec le raisonnement qu'Alain Testart porte sur les femmes et la chasse (avec cette assertion qui depuis ne me quitte plus : "connotés du côté du sang en raison de leur physiologie, elles ne peuvent accéder directement au sang des animaux sans produire une sorte de court-circuit symbolique") puis sur le trait commun que l'auteur relève des oiseleurs professionnels : "l'inachèvement' (que je n'ai pas pu m'empêcher d'appliquer, toutes choses égales par ailleurs, à la catégorie des chasseurs titulaires d'un permis de chasse validés en France, après avoir lu quelque part que 30% d'entre eux sont "inoccupés"). Dans une toute autre mesure, je suis reconnaissante à Muriel Berthou, Julie Noirot et Frédéric Keck pour leurs réflexions sur certaines tendances de l'art contemporain.



De cet ouvrage dense, j'espère pouvoir en tirer d'autres enseignements à la relecture et à l'approfondissement de certaines réflexions.
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L'Herne : Jean Ray

L'épais cahier de l'Herne constitue une référence au sujet du plus grand conteur fantastique, Jean Ray. Publié en 1980 et dirigé par Jacques van Herp, il compile des analyses, témoignages, lettres, entretiens, manuscrits, fragments jamais publiés, contes, textes autobiographiques, le projet d'adaptation cinématographique d'Alain Resnais avorté, etc. Il permet d'approcher l'homme Raymond Jean Marie de Kremer, caché derrière le monstre insaisissable Jean Ray. Les mystères et les affabulations sont si nombreux que l'ouvrage ne prétend pas lever tous les voiles. Il s'agit plutôt de cerner comment le personnage se rêvait lui-même, perdu parmi les strates fictionnelles. Son écriture flamande, les sources possibles d'inspiration, l'importance des descriptions gourmandes, les mondes intercalaires ; tous les thèmes essentiels de l'oeuvre sont finement disséqués. J'ai seulement regretté les passages un peu rapides sur les Harry Dickson et les textes écrits sous le pseudonyme de John Flanders. On se prend à rêver qu'un grand éditeur se relance dans un tel travail de recherche à la lueur de nouvelles sources disponibles, 44 ans plus tard.



EDIT : je n'ai pas encore lu l'imposant ouvrage d'Arnaud Huftier publié en 2011 qui semble constituer la référence absolue...
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Lovecraft- Les cahiers de L'Herne

J'avais découvert Lovecraft dans la défunte revue "Planète" en 1965 ("La musique d'Erich Zann") , puis dans "Fictions" . Cet ouvrage m'a permis de mieux connaître l'ensemble de son œuvre et surtout d'approfondir ma réflexion sur ce personnage et l'étrange mythologie qu'il a crée .Il contient des articles critiques français et américains , des textes de Lovecraft (correspondance , poèmes..) , de l'iconographie (dont une mini BD de Druillet) et une excellente bibliographie ( de l'époque) .
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L'Herne : Julien Gracq

Un pavé conséquent dans la mare aux rêves. "Prêt" dès l'année 1972, ce vingtième "Cahier de L'Herne" consacré à Julien GRACQ fut secrètement augmenté en 1997 pour être réimprimé par la librairie Arthème Fayard.



Tout ce qu'on a toujours voulu savoir sur "Au château d'Argol", "Un Beau Ténébreux", "Le Roi Pêcheur", "Préférences", "Liberté Grande", "Le rivage des Syrtes", "Un balcon en forêt", "La Route", Le roi Cophétua", "Lettrines, "Lettrines 2", "En lisant en écrivant", "André Breton, quelques aspects de l'écrivain", "La forme d'une ville", "Autour des sept collines", "Carnets du grand chemin", "Entretiens", "Manuscrits de guerre", "Les terres du couchant" ... sans jamais avoir pu -- ou eu le temps de -- le demander à leur auteur, natif de Saint-Florent-le-Vieil (1910-2007) ! Car presque tout y est...



L'article de Jean-Louis LEUTRAT, "La reine du jardin " est l'un des plus poétiques et captivants de ce (fabuleux) recueil de cinquante textes...



Quant au (si peu connu) entretien radiophonique de 1971 avec Gilbert ERNST au sujet des conditions génésiques de "Un balcon en forêt" (1958), il est une véritable exploration fine, progressive et patiente des sentiers intimes qui mènent à la diégèse -- par sédimentation -- de tous les récits gracquiens...



Grande curiosité égalment autour des très courts textes de Roger MARGERIT ("Un seigneur") et de Dino BUZZATI ("Lettre"), ou du encore passionnant article de Philippe BERTHIER ("Gracq et Buzzati, poètes de l'événement") comparant la progression des dramaturgies, la poétique et la riche palette de personnages créant la diversité des fastueuses richesses issues des deux romans-frères : "Il deserto dei Tartari" de Dino BUZZATI (1940) et "Le rivage des Syrtes" (1951) de Julien GRACQ...



Je reprendrai simplement ici -- paresseusement --- ma brillante conclusion à la critique du tome 5 de Spirou & Fantasio "Les voleurs du Marsupilami" par André FRANQUIN : "Foncez..."
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Lovecraft- Les cahiers de L'Herne

On oublie souvent de dire que Lovecraft fut admiré et mis en avant par le mouvement Surréaliste. Bien plus que Freud qui les déçut profondément par son matérialisme intéressé et bourgeois. Ce que Lovecraft écrit de l'origine onirique du poème en prose Nyarlathotep justifie pleinement cet engouement.

Quand aux analyses qui basent son inspiration sur une tendance raciste, peut-être n'ont-elles pas complètement tord - ni tout à fait raison, puisque, amoureux des chats, intermédiaires positifs avec l'au-delà qui reviennent souvent dans ses histoires, il avait lui-même appelé son propre matou, Négro.



Premier post scriptum



Je viens de recevoir le livre (on m'excusera d'avoir fait la critique d'un livre que je n'avais pas encore lu et pour tout dire, en ce moment même je n'en ai encore lu que quelques quelques pages à peine mais il fallait que je réponde à une sorte d'urgence à laquelle je ne pouvais pas résister, un peu comme le personnage de Céléphaïs qui est attiré contre sa volonté par les falaises qui bordent son ancien village natal) et je me suis précipité sur la nouvelle Souvenir - entre autres -, pour la simple et bonne raison que j'ai moi-même essayé de la traduire - comme Nyarlathotep. Quelle déception devant le ton tolkiènisant des descriptions : les cornes de la lune se transforment en croissant et la mémoire n'est plus qu'un simple souvenir. Sans parler des choix de sens possibles, entre luxuriant et nauséabond, je laisse imaginer ce qui a été choisi ; de même entre empoisonné et sauvage ; vase et herbe; limoneux et gluant... Du coup, la vallée qui a son propre démon, et qui aurait dû empester l'enfer, devient une pimpante campagne décorée de fabriques digne d'un agréable bocage anglais.



Second post scriptum



Pour information, les Cahiers de l'Herne impriment à l'unité les exemplaires commandés en ligne sur leur site. A 33 euros plus 5 de frais de livraison, ce n'est donné mais d'occasion, même pour la seconde édition qui date de 1983, il faut compter au moins le double. Le livre contient plusieurs cahiers d'illustrations sur papier glacé dont les plus intéressantes sont des fac-similés de plusieurs lettres originales de l'auteur avec des dessins.
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Emil Cioran

Ces Cahiers de l'Herne m'ont permis de découvrir Cioran dont la pensée m'a accompagné pendant de longues années difficiles. Je retrouvais dans ces récits ou témoignages la noirceur dont j'éclairai mon existence. C'est une version « poche » qui permet de découvrir l'auteur, de se faire une bonne idée de son œuvre et de sa personnalité. Mais après la lecture d'une dizaine de ses livres, je me suis lassé un peu des ses points de vue sur l'humanité. Le pessimisme de sa pensée n'était plus pour moi compensé par son humour et m'a paru tout d'un coup assez caricatural. Il m'en reste maintenant quelques réflexions sur le sens de la vie... que je relativise beaucoup.
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Leurrer la nature

Un livre que j'ai découvert grâce à ce site. C'est bien agréable de découvrir un ouvrage très original enfin pour moi. Je ne savais pas que les cahiers de l'herne éditait des conférences ou des tables rondes non littéraires. Donc déjà mon choix était parti sur un malentendu. Mais j'ai eu l'occasion de découvrir le sujet nommé "le leurre" dans le cadre de l'anthropologie sociale. Mes souvenirs universitaires étant très éloignés et en fin de compte assez anciens, même s'ils étaient de qualité me semble-t-il. Ici c'est un ensemble de textes plus ou moins étayés par des éléments précis selon les auteurs. J'ai particulièrement lu le texte sur la chasse en Amazonie, j'ai été complètement désintéressé par le document sur l'art moderne et le leurre. Je pense que certains textes sont d'un bon niveau de rédaction, très agréable à lire par un habitué à la belle écriture, et d'autres où j'ai trouvé peu d'intérêt littéraire mais qui m'ont apporté quand même des informations sur les techniques agricoles (l'acceptation d'un agneau par une nouvelle mère par la ruse).

Ce livre est pour les spécialistes ou les étudiants.
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Dictionnaire sans fin du mensonge

J'ai trouvé ce livre très intéressant, tout d'abord, car il relance le débat de savoir si oui ou non il nous faudrait toujours dire la vérité. A travers la lecture de ce dictionnaire (appelons un chat, un chat), nous avons sans cesse un questionnement sur le mensonge: est-il bon ou mauvais, ou bien est-il à la fois bon et mauvais ? Il n'y a pas de réponse claire à ce sujet, d'après moi il s'agit d'une question où chaque individu à sa propre réponse.

Pour finir, autre que le questionnement sur le mensonge, il y a aussi la remise en question de l'homme et de soi-même. Le fait de réfléchir sur la société et notre place à l'intérieur de celle-ci peut nous permettre de découvrir certaines choses que nous n'aurions jamais découvertes autrement.

Malheureusement, la couverture ne me plais pas vraiment. De plus je pense qu'elle ne reflète pas assez l'esprit du livre.



Ce dictionnaire est très instructif et mérite largement la note de 4.5.
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Kafka - Les Cahiers de l'Herne

En déballant le livre "Kafka" Mijouet découvre une couverture qui interpelle: Kafka un peu comme un papillon épinglé au mur. À la lecture de l'avant-propos de Jean-Pierre Morel et Wolfgang Asholt, il découvre vite qu'il s'agit en fait d'un recueil de contributions et d'archives, parfois à la limite du compte-rendu psychiatrique, voire d'autopsie virtuelle. Mijouet réalise alors qu'il a en main un ouvrage remarquablement documenté, issu d'un congrès consacré à Kafka.

De par sa profession, Mijouet a eu l'occasion de participer à des rencontres ou des congrès importants consacrés à la systématique des poissons d'eau douce. Là, c'est lorsque tous les spécialistes présents déposent sur le tapis les résultats de leurs approches, de leurs efforts, qu'apparaissent les progrès les plus significatifs de la recherche. Généralement, dans les années qui suivent, un mémoire publiant les diverses interventions, rassemble toutes les contributions majeures présentées. Certaines ont fait date dans leur domaine.

"Kafka" publié par l'Herme ressemble fichtrement à ce genre de mémoire. de même ici, la source s'écoule du colloque international de Cerisy d'août 2010 et ce qui en ressort est le regard des autres, le reflet des autres, dans le miroir de Kafka. Là, Mijouet se rend compte que cet ouvrage ne relève pas exclusivement de la littérature pure: il offre un état des lieux, d'un lieu à multiples facettes nommé Kafka, [oui mais!] selon chaque participant.

Comme précisé dans l'avant-propos, cet ouvrage ne prétend pas répondre à toutes les questions et affirmations que soulèvent les trente contributrices et contributeurs: ce serait fastidieux et finalement pas très utile.

Excepté la forme, très soignée soit dit en passant, dans l'état, en faire une critique approfondie paraît complexe, voire utopique.

En visitant les près de quatre cents pages, Mijouet découvre petit à petit un nombre d'informations, d'avis, de notes, de témoignages et de documents qui paraît faramineux.

Mijouet remercie "Masse critique" et l'éditeur de L'Herne et s'engage de proposer, au goutte à goutte, dans une suite d'"à propos de Kafka" sa vision, et ses appréciations, à mesure de son avance de la lecture de ce monument d'encre et de papier.

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Claude Lévi-Strauss - Les cahiers de L'Herne

On trouve dans cette reprise du Cahier de L’Herne publié en 2004 sous la direction de Michel Izard bon nombre de textes rares de Claude Lévi-Strauss (1908-2009. Certains sont inattendus ou surprenants, comme ce compte rendu de Voyage au bout de la nuit, datant de 1933, ou cette étude sur « Les Chats » de Baudelaire, écrite à quatre mains avec Roman Jakobson.


Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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L'image rituelle

Un livre qui s'adresse particulièrement aux personnes passionnées par l'anthropologie et qui est plutôt difficile à lire car très technique pour un lecteur lambda.



J'ai dû entrecoupé ma lecture tellement les informations diffusés à l'intention du lecteur sont techniques tant au niveau du vocabulaire que dans la décortication des rituels. Mais je me suis accrochés, et si je dois avouer ne pas avoir forcément pu digérer la totalité du livre et des analyses, j'ai trouvé la lecture intéressante malgré tout.



D'un point de vue technique, l'analyse des rituels est intéressante et sert à expliquer les différents rôles des objets, acteurs, paroles qui le compose. On voit bien que le titre du livre ne ment à aucun moment sur son contenu. Il doit surement servir de référence aux étudiants en anthropologie. On retrouve dans le livre des illustrations liées aux rituels ce qui permet de mieux visualiser ce que les auteurs tentent de nous décrire.



Les contributeurs de ce livre sont : Julien Bonhomme, Carlos Fausto, Bruna Franchetto, Tommaso Montagnani, Isabel Penoni, Acácio T. C. Piedade, Carlo Severi, Charles Stépanoff, Aparecida Vilaça.



Les sujets abordés sont :

- L'effigie, le cousin et le mort. Un essqi sur le rituel du Javari

- Le contexte relationnel du cannibalisme funéraire wari'

- Langue et musique chez les Kuikuro du Haut-Xingu

- Le chant des flûtes : musique des esprits chez les Wauja du Haut-Xingu

- La voix du mongcngc ou comment faire parler un arc musical

- Technologies cognitives du voyage chamanique, Cas iakoutes

- Être Patrocle. Rituels et jeux funéraires dans l'Iliade



Pour ceux qui ne sont pas rebutés par la liste des sujets abordés ci-dessus ce livre est pour vous pour les autres il ne faut pas s'attendre à un agréable moment de lecture mais à un dur moment de lecture, relecture afin de bien comprendre ce que l'on vous explique.

Heureusement un résumé de chaque chapitre est disponible à la fin du livre en français et en anglais. Vous verrez que ce n'est vraiment pas inutile...



Après coup, je dois dire que je ne m'attendais pas à trouver un livre aussi technique dans une opération masse critique. Il est en effet difficile de faire une critique objective sur une oeuvre aussi complexe sans en avoir les bases suffisantes permettant de la juger.



Néanmoins et c'est ce qui me plait avec les opérations masses critiques c'est que cela nous fait découvrir des œuvres que probablement je n'aurais jamais lues. C'est à chaque fois un enrichissement et c'est pourquoi je tiens à remercier Babelio et aux édition L'Herne pour ce livre un peu hors norme.



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Céline - Cahier de l'Herne

Je commente ici l'édition grand format parue en 1972 et contenant la réédition des cahiers de l'Herne 3 et 5. Concernant Céline , cohabitent en moi , l'admiration pour l'auteur de "Mort à Crédit " et "Voyage au bout de la nuit" , deux de mes plus grands chocs littéraires et le dégoût engendré par ses opinions ( j'avais lu les abominables pamphlets ) . Cet ouvrage permet de mieux cerner le problème. Il contient de nombreux inédits , des extraits d correspondance , des témoignages , des essais , des critiques , des témoignages sur le procès et une bibliographie . A noter que parmi les intervenants du volume on trouve pas mal de noms sulfureux ( Rebatet, Bonnard, Déat, Faurisson, ...) . A lire pour se faire une idée ... Mais mon opinion est que le génie n'excuse pas tout.
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L'image rituelle

Une immersion parfois déroutante dans les rituels de peuplades d'Amérique du sud. Cet ouvrage très sérieux reste assez facile d'accès et agréable à lire. Il propose au lecteur une découverte de rituels parfois déconcertants mais toujours décris avec talent par des spécialistes.

Instructif.
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René Char - Cahier de L'Herne

Un recueil de textes composés pour René Char et un (seul) de lui, Contre une maison sèche.

On retrouve Georges Bataille, Eluard, Octavio Paz et Saint John Perse par exemple dans des hommages très divers, variés, puissants et parfois moins profonds.

Chacun a son style, chacun témoigne à son niveau.

Pour les passionnés de Char (uniquement ?), un beau travail (toujours ?) de l'Herne.
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