Justin laissa échapper un petit rire. Il avait retrouvé tout son calme.
- Ma chérie, tu es à Hollywood ici, pas à Trou-du-Cul-Ville. C'est le show-business qui tient le gouvernail.
- Et le public ? Tu oublies le public !
- Le public ! Ma chérie, c'est nous qui dictons les goûts du public ! Si dès demain on lui bourre le crâne avec un autre oiseau, le public l'écoutera chanter sans broncher.
- Suivez-moi à mon bureau, nous allons remplir les formulaires de transfert du droit de propriété.
La pièce, qui aurait pu servir de placard à balais, était meublée en authentique Roche-Boplastik et sentait la magouille refroidie.
Les rationalistes du XIXe siècle prédisaient que l’éducation ferait disparaître les superstitions et l’irrationnel. Visiblement, ils se sont trompés. Les sociétés à haut degré de scolarisation sont toujours sujettes à ce type de croyance. Les gens croient toujours au paranormal, à l’occulte, au surnaturel. Pourquoi ? Comment se fait-il que l’irrationnel ait encore cours sous le règne de la technologie et de la science ?
Le monde a toujours survécu, et je suis persuadé qu'il survivra encore quelques milliards d'années, jusqu'à la disparition de l'astre qui permet à la vie de s'y développer. Quant aux humains, ils ne sont locataires du monde que depuis fort peu de temps ; des locataires qui ont tendance à devenir envahissants, sales et mal élevés, ce qui pourrait conduire au non-renouvellement de leur bail. Et comme en plus ils sont égocentriques, cette petite péripétie leur apparaîtrait comme étant la fin du monde. Mais bien entendu, c'est parfaitement inexact ; ce serait simplement la fin d'une des innombrables espèces vivantes qui ont peuplé, peuplent et peupleront la terre.
Jean-Christophe Chaumette
Je retins de cet épisode une haine formidable envers les guêpes. Les étés qui suivirent furent très désagréables pour celles qui me tombèrent sous la main : je ne me contentais pas de les tuer, je les torturais avec une joie démoniaque.
C'était le bon temps. Celui où je détestais les guêpes, mais où je n'en avais pas encore peur...
Un vrai bonheur de caporal allemand.
Sur la place Saint-Pierre, un million de quidams pleins de ferveur religieuse. Le pape avale un anxiolytique. On lui retire son baxter. Bob Dylan chante une jolie chanson. Bref, le protocole habituel.[...] Le pape s'avance vers le porte-parole des ET [...] Après les banalités d'usage sur la météo et le dernier film de Sharon Stone, on en vient au sujet principal : la recette de l'osso-bucco. Euh, non, pardon : DIEU !
- Croyez-vous en Dieu ? demande le pape en quarante-huit langues.
- Non, répond l'extraterrestre. (Appelons-le Pierre)
- Ooooh ! fait la foule comme un seul mouton.
- Je veux dire, continue Pierre, nous n'avons pas besoin de croire en lui, puisqu'il existe.
Chouette, un enculeur de mouches, se dit le pape. On est en terrain connu.
- Oui, je ne suis pas sans le savoir, mais...
- Je veux dire, l'interrompt Pierre, il existe réellement. Chez nous, à la télé, il est invité à tous les talks-shows, c'est dire.
- Mon Dieu !
- Oui, c'est bien de lui que je cause.
Les critères auxquels se rattachaient nos parents, après avoir été tournés en ridicule, ont disparu, par désuétude. La société, totalement libérale, tourne à vide, et ne sait plus à quels saints se vouer. Déboussolée [...], elle s'affole. Qu'est-ce qui est bon ? Qu'est-ce qui est mauvais ? Où est le Bien ? Où est le Mal ? Il n'y a plus d'indicateurs.
Vous devez comprendre que le cinéma n'a rien à voir avec ce que l'écrivain veut. L'écrivain a une place un peu au-dessus de celle de la dame pipi mais bien au-dessous de celle du coiffeur du neveu de la femme du producteur. (Mike Resnick à propos de l'adaptation des romans au cinéma)
Se faisant tard, je me laisse déborder par les ailes et profite du langage ordurier de l’auteur [Christophe Corthouts] pour lui poser une question aussi incorrecte que la présente phrase : à quand une histoire de cul ? Je n’espérais pas tomber si bien : "C’est en projet… J’aimerais écrire une série érotique, voire porno, sous un pseudo bien ringard du genre James Labite, Patrick LaTrique ou Armand Jemachatte (Ma préférence va pour ce dernier.) Ça raconterait l’histoire d’un type qui bosse dans une administration communale, qui invente un bidule du genre "le déclic" de Manara, qui s’enfile toutes les bonnes femmes les plus girondes de son boulot et puis qui part à la conquête de Paris… A la fin, il épouse une femelle castor ou une mangouste du zoo de Vincennes."
En fait, elle n'inspirait que pitié à Jameson. La pauvre femme avait gobé toute la panoplie de conneries des années cinquante : votre mari doit se lever le cul, faites une croix sur vous-même et restez à la maison, bâtissez-vous une vie autour d'un troupeau de gosses qui vous abandonneront dès qu'ils seront en mesure de tenir sur leurs pattes arrière. C'est ce qu'elle a fait, ce qu'ils ont fait. Anna Jameson n'était plus qu'une femme aigre-douce ravagée par la ménopause, une femme sans compétence, sans aspiration personnelle et sans avenir, si ce n'est les vingt ans de solitude qui attendent la veuve d'un cadre supérieur victime d'un infarctus.