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Citation de Ziliz


 Libération
■ Gérald Darmanin doit quitter le ministère de l'Intérieur.
Tribune d'un collectif d'élues et responsables politiques (23 juillet 2020).
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Des élues de gauche (Clémentine Autain, Manon Aubry, Elsa Faucillon...) dénoncent un « mépris vis-à-vis de toutes les femmes » et la « double violence » que constitue pour elles cette nomination.
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Tribune.

Nous, femmes, responsables politiques françaises, prenons la parole pour dénoncer la nomination de Gérald Darmanin à la tête d’un des plus importants ministères pour lutter contre les violences faites aux femmes. Cette parole que nous, femmes, avons eu tant de mal à libérer au travers du mouvement #MeToo, notamment, doit être entendue et respectée. Cette nomination intervient après les dernières élections municipales qui, malgré une abstention qui doit toutes et tous nous interroger, ont permis que la moitié des plus grandes villes de France soient désormais administrées par des femmes ayant conduit des listes de renouvellement citoyen.

Comment, alors, tolérer cet entre-soi « d’homme à homme » dans le choix stratégique du ministre de l’Intérieur ? Gérald Darmanin est présumé innocent. Mais comment justifier la promotion à l’Intérieur d’un ministre mis en cause dans une enquête préliminaire pour viol, harcèlement et abus de faiblesse et dont les avocats ne contestent pas les faits mais leur qualification pénale ? D’un ministère qui doit être celui de la protection des citoyennes face aux violences sexistes et sexuelles toujours aussi nombreuses ? Comment assurer l’équité des parties dans ces conditions ?

Cette indignation transcende les clivages politiques républicains. Nous, femmes en politique, pouvons témoigner de la double violence que les femmes doivent affronter. La violence politique, bien souvent décuplée à leur encontre, et les violences ordinaires que subissent toutes les femmes (compétences sans cesse remises en cause, difficultés à concilier vie familiale qui repose encore trop souvent sur les femmes et vie professionnelle ou militante, etc.).

Depuis le début de la Ve République, seules deux femmes ont accédé au second tour de l’élection présidentielle, et personne ne peut oublier le torrent d’injures sexistes qui a accompagné la nomination de la seule femme Première ministre sous François Mitterrand il y a bientôt trente ans.

Au-delà des convictions politiques, nous, femmes responsables politiques, qui nous nous inscrivons dans la tradition républicaine et démocratique, dénonçons cette injure de trop, faite tout à la fois à l’exemplarité politique et, plus grave encore, à toutes ces femmes qui ont tant de mal à être entendues par les institutions policières et judiciaires de notre pays.

La police républicaine mérite mieux que cette nomination et les femmes en politique comme ailleurs ne se tairont plus ! Gérald Darmanin ne peut rester ministre de l’Intérieur. Son maintien signifierait un égal mépris de la part du président de la République vis-à-vis de toutes les femmes et de leur combat pour le respect et l’égalité.
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• Auteures de la tribune : Claire Monod, coordinatrice nationale Génération·s, conseillère régionale Ile-de-France; Sophie Taillé-Polian, coordinatrice nationale Génération·s, sénatrice du Val-de-Marne
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