Lily B. Francis

Il inspira profondément et murmura à son oreille :

"Je voudrais que cette journée ne finisse jamais. Je voudrais que tu restes pour toujours dans ce lit, contre moi, pour que je puisse respirer l'odeur de tes cheveux, pour que je puisse t'envelopper, que je puisse parler, rire et pleurer avec toi... Parce que vraiment, si on n'a aucun avenir, tu es la seule avec qui j'aurais aimé avoir un jour une maison. Tu sais, pas grand chose, juste un endroit où poser mon coeur. C'est juste là, entre tes mains que j'aimerais me poser."

C’est comme ça, avec le temps… « avec le temps, va, tout s’en va ». Je pense à cette chanson et j’ai bien envie de pleurer, mais je ne vois plus vraiment d’intérêt à verser des larmes. Après tout, j’ai eu beau pleurer toutes celles que j’avais, rien n’a changé. Jamais. C’est une perte d’énergie de pleurer, ça fait mal au cœur, ça fait mal au visage, aux yeux qui brûlent et puis très vite, à force de pleurer on ne se reconnaît plus.

C'est mon monde qui s'écroule. Parce que j'ai toujours cru qu'à la fin ce serait lui et moi.
Il n'y avait entre nous que son alliance. Il portait toujours son alliance à la fac, un anneau doré. Je le connais bien cet anneau. Je l'ai étudié longuement quand j'étais son élève de collège, assise au premier rang. Il me saoulait cet anneau d'ailleurs, je ne pouvais pas le saquer. C'était l'élément de trop entre lui et moi. La barrière en forme de cercle, et j'avais l'impression d'être prisonnière à l'intérieur.
Il est donc toujours marié ? C'est ça l'explication ? Il n'a peut-être jamais été que séparé et durant tout ce temps alors qu'il dormait tranquillement à ses côtés dans leur lit conjugal, moi je passais des nuits blanches à me torturer, à me demander pourquoi, pourquoi, pourquoi il ne m'avait pas recontactée ?

L’amour frappe lorsque l’on s’y attend le moins. Souvent avec violence comme un coup de poing en plein ventre. Toujours avec justesse, telle une flèche d’une précision chirurgicale qui atteint et transperce le cœur, là, en plein milieu. C’est douloureux, c’est électrique, c’est magique. Et il est étrange de se dire qu’un si bref instant peut changer la vie à jamais.
Si l’on réfléchit, il y a toujours un moment où tout bascule pour le pire ou pour le meilleur. Un instant où l’on peut se dire, il y a avant cet amour et maintenant il y a après.
Un moment où le chemin de la vie prend un brusque virage.

« — Vous voyez, mademoiselle Julliard, les signes sont lisibles pour chacun de façons différentes. N’y croyez pas une seule seconde, c’est votre esprit qui vous manipule. Qu’est-ce qu’il vous dit votre cœur ? Qu’est-ce que vous ressentez au fond de vos entrailles. Elle est là votre vérité. Pas ailleurs. Votre vérité profonde, votre essence, est là, au fond de vous pas dans votre tête. L’esprit est traître, il manipule, il envoie des signaux contraires pour vous dominer et vous posséder. Mais votre cœur lui, est toujours vrai. «

Parce qu’Éric est plus fort que tout.
Je laisse mon cerveau prendre le dessus et j'obéis. Très facilement en fait. Je ne veux pas souffrir. J'ai trop mal quand je souffre. Alors je fais ce que je sais faire de mieux, j'enfouis ma douleur au fond de moi, je la cache pour ne plus y penser, et je pose une couverture dessus pour lui tenir chaud.
Quand je serai prête, je l'affronterai. Mais actuellement cette plaie est trop à vif.
Le déni est pour moi un mécanisme d'autodéfense salutaire.

Maintenant, il faut que tu saches que tout ce que j’ai fait, je l’ai fait par amour. Je devais tout tenter, même le pire. Une fois que j’ai fait le pire, je me suis rendu compte que même l’amour ne valait pas la peine de tout détruire autour de soi, que j’ai perdu la tête et mon bon sens, même si je n’en ai jamais eu beaucoup, je me suis mis beaucoup d’amis à dos, et je dois bien admettre que Phoeb t’aimera toujours. Alors, ce que j’essaie de t’expliquer,

J’attrape le carnet dans lequel je consigne tous les souvenirs de Laurent. J’ai besoin de le retrouver. J’ai beau être nue dans mes draps, recouverte de la trace des baisers d’un autre, il n’y a toujours que lui. Je n’arrive pas à le laisser partir. Est-ce possible que les vivants hantent les morts ? Comme un fantôme, mais à l’envers. Cela remettrait ma vie à l’endroit.

L’amour frappe lorsque l’on s’y attend le moins. Souvent avec violence comme un coup de poing en plein ventre. Toujours avec justesse, telle une flèche d’une précision chirurgicale qui atteint et transperce le coeur, là, en plein milieu. C’est douloureux, c’est électrique, c’est magique. Et il est étrange de se dire qu’un si bref instant peut changer la vie à jamais.

Comme c'est paradoxal de naître et mourir à peu de chose près au même endroit, un bâtiment, des chambres, des murs roses. Rien n'a changé. Juste une vie qui est passée. Et on vous remet dans du rose. Ça doit faire du bien, le rose au cœur et à l'esprit, je ne vois que cela comme explication. Ce doit être la couleur du bonheur, de l'amour, du "tout ira bien".