La méditation est expliquée aux êtres
Selon leur niveau de capacité.
Ceux qui ont les plus grandes capacités
gagnent la liberté par la réalisation de la nature fondamentale.
Ils voient cette nature d'une manière qui est libre
d'un sujet et d'un objet de méditation.
L'apparence phénoménale devient pour eux
l'ouverture libre de la Base ;
leur esprit est libéré de tout effort.
La conscience libre de tout parti pris.
coule comme un ruisseau incessant.
Il n'y a pas de pause dans la méditation.
Aucune différence entre un début ou une fin de cession ne peut être constatée.
Tout est libre et ouvert, c'est le champ de Samantabhadra,
qui est libre de toute mesure et description.
C'est la Base qui se produit d'elle-même, la vaste étendue.
Pour ceux qui, dès le départ, restent
dans cet état d'Ainsité,
il n'y a pas de déviation, il n'y a pas d'endroit où ils pourraient dévier.
Il n'y a pas d'effort, pas de progrès,
pas d'objectif atteint et pas d'objectif non atteint.
Ils le savent avec certitude,
et, libre de toute attente de résultats,
Sont de parfaits bouddhas à l'instant même.
Longchenpa dans Finding rest in the nature of the Mind, Tome 1
L'objet perçu aussi est une image de l'esprit,
Comme le reflet d'une belle forme dans un miroir.
Ce qui, non duel, est duellement perçu
N'est que le fruit d'habitudes et d'imprégnations immémoriales.
Car bien que l'esprit et le rêve soient indissociables,
Pour celui qui est saoul de sommeil, le rêve est comme une apparence.
Sachez qu'en réalité on ne peut les séparer.
La luminosité de l’esprit, telle quelle sans fabrications,
Est l’indistinction de la cause et du fruit et n’a jamais nécessité aucun effort.
Puisque à l’instar de l’espace elle n’est pas produite ni blocable ni statique,
Elle est immobile et immuable dans les trois temps, inexprimable et inconcevable.
Spontanément présente sans qu’on la recherche, on n’y voit ni défauts ni qualités.
Comme rien n’arrête son déploiement ludique, c’est l’espace absolu ;
N’altérez pas artificiellement cette nature unique !
Progressez et vous ne l’atteindrez pas, purifiez-la et il n’y aura point de pureté.
Cherchez-la et vous ne la trouverez pas... détendez-vous donc dans le tel quel !
Accumulations de mérites et de sagesse,
recueillement, purification des prosternations,
Ce ne sont là que des clous de fixation :
Dans l'espace où il n'y a rien à saisir, point d'artifices !
Se tenir le dos droit, les jambes croisées,
Les techniques corporelles, tout cela
Découle d'un attachement excessif au concept de corps.
Dans l'espace sans forme, point d'artifices !
La nature de l'esprit n'a ni base ni origine :
Pareille au ciel, elle ne peut être trouvée par une quelconque recherche.
L'éveil sans naissance
N'est en rien un éveil issu de causes et de circonstances !
Par la musique profonde et mélodieuse
De cet enseignement vraiment utile et bénéfique,
Venue des fracas du tonnerre de la vérité,
Puisse l’Esprit, usé et épuisé par l’agitation, les émotions
Et la croyance en la permanence de tous les êtres,
Trouver aujourd’hui le confort et l’aise.
La vue est exposée dans le plus court tantra du semdé, Rigpai khoudjouk, "Le Coucou de rigpa", ainsi nommé parce que au Tibet le coucou est symbole d'éveil printanier. Il s'agit de l'un des textes les plus fondamentaux du Dzogchen et de l'une des cinq premières traductions de Vairocana, qui figure dans les manuscrits anciens découverts aux grottes de Dun-huang :
La variété des phénomènes est non duelle,
Et dans leur multiplicité même, les phénomènes individuels sont dénués d'élaborations conceptuelles.
N'allez pas penser "c'est ceci ou cela";
Les apparences dans leur totalité sont toutes ultimement bonnes
Abandonnez l'attitude maladive qui s'efforce de saisir
Et demeurez dans la spontanéité, laissant toutes choses dans leur état naturel.
La conduite ne change rien - notre vie est déjà libre !
la méditation ne sert à rien - notre esprit est déjà libre !
la vue ne produit rien - tout dogme est liberté !
la réalisation n'exige rien - nous sommes libres tels que nous sommes !
La conscience de soi a toujours été vide et sans racines depuis l'origine. Comme l'espace, elle est totalement transparente ; elle n'a ni extérieur, ni intérieur, ni d'espace intermédiaire. Vivante, claire et intacte, son éclat est sans entrave. C'est la pureté originelle dans sa forme la plus fondamentale, la conscience nue et vide du dharmakaya.
Le Tantra du Son secret dit :
Sans souvenirs du passé, ni pensées du futur,
Votre esprit, en ce moment très présent,
Est éveillé de façon vibrante, clair comme du cristal et vif :
Reconnaissez qu'il s'agit du dharmakaya.
Dans la base originelle, grande pureté primordiale,
Il n'y a aucune pensée, aucune ignorance, pas d'esprit, pas d'intellect, pas de sujet.
Il en est bien ainsi et, cependant, la Sagesse impartiale,
La Bouddhéité spontanément accomplie, la réalité absolue sans élaboration,
Rigpa libéré des extrêmes, les apparences de la grande pureté et la vue sans opinions ni partialité y demeurent.
Ainsi est-elle vaste, claire, immuable.
Extraits tiré du Rangshar
La nature de l’esprit étant toujours dépourvue de discursivité,
Si vous ne brimez pas ce qui s’y élève à présent,
Apparences et esprit se libèreront dans le champ du Corps absolu non discursif.
Au moment suivant, il n’y aura rien à accomplir dans une telle perfection d’égalité.
Quand s’élèvent les six objets des sens dans l’unique spontanéité,
Il est inutile d’en analyser les détails, demeurez détendu tel quel.
Tout comme la clarté non duelle du miroir et des reflets,
Espace et Sagesse, indistincts, sont spontanément présents ;
Et bien qu’ils émergent comme des objets, ils ne jaillissent pas à l’extérieur
Et ne sont que le déploiement des reflets de la clarté de l’esprit même.