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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Domaine russe 1944

Léonid Léonov naquit en 1899. Son père était un poète paysan autodidacte, que le police déporta en 1909 à Arkhangelsk. Léonov fit son gymnase, et lorsqu'il l'eut fini, en 1918, entra dans l'Armée rouge. Démobilisé en 1922, il va rejoindre son père et publie cette même année ses premières nouvelles. Celles-ci sont nombreuses. Les plus importants de ses romans sont, dans l'ordre chronologique, Les Blaireaux, Le Voleur, et Subj (nom d'une rivière). Gorki plaçait très haut le talent de Léonov, qui, de livre en livre, paraît s'affirmer comme un des premiers écrivains de l'URSS contemporaine. "De l'intarissable richesse de notre langue, écrit Gorki dans une préface aux Blaireaux, Léonov sait extraire précisément les vocables dont la valeur représentative et l'accent ont un pouvoir particulièrement magique de persuasion, et il n'y a presque point de mot superflu dans ses livres.
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Alexis Tolstoï

Il était dans un drôle de pétrin !

Alexis Tolstoï fut un écrivain soviétique et parce qu'il le fut, la sanction radicale de l'occident aujourd'hui est qu'il est frappé d'une forme d'ostracisme.

Il a écrit autant que Troyat, et c'est qui ce Alexis ? Pas des biographies, ni des louanges aveugles à l'égard du régime : dramaturge, romancier, nouvelliste, poète..

Et bien ce Alexis a été approuvé par Staline qui l'aimait. Il avait donc une notoriété certaine en Union Soviétique. De là à dire qu'il a couvert les crimes de Staline puisqu'il faut parler de ça, je dirais plutôt qu'il y avait une complicité objective : c'était un écrivain-artiste point barre. Il était dans un drôle de pétrin, comme beaucoup d'autres. Il ne m'appartient pas de faire son procès ici sur un site littéraire si tant est qu'il y a lieu de le faire ! Quand je vois le sang versé par les soviétiques contre le IIIe Reich, je ne peux pas les opposer en symétrie sur le terrain de l'opprobre, désolé mais c'est comme ça ! Même si je n'oublie pas les textes de Soljenitsyne.

Il faut dire pour décharger sa conscience qu'il a d'abord été de fait contre les bolcheviks, il était aristocrate, il s'est exilé et la vie hors de sa Russie lui était insupportable. Alors pour se dédouaner de ses idées antisoviétiques, il a dû montrer profil bas et se prononcer ouvertement pour le régime. Que pût-il faire d'autre : rien ou aller se dissoudre la mort dans l'âme en exil. Ben oui ce sentiment là existe, il est même humain .

Sa littérature plaide pour lui, elle est abondante je l'ai dit, pour l'essentiel elle reste axée sur son art. Les écrivains soviétiques comme lui auront comme contrainte d'être des agents sociaux du régime en quelque sorte. Il 'Alexis) se taillera une belle cote, outre son activité littéraire, il sera un des journalistes les plus connus, la qualité de son écriture était de tout premier ordre.

Pour Staline, "les écrivains sont les ingénieurs des âmes", ce n'est pas je sors mon révolver dès que j'entends le mot culture.

Les écrivains soviétiques qui seront dans la liste donc bénéficieront de larges tirages de leur production par les éditions d'Etat

Etre né en 1882 en Russie pour un écrivain né aristocrate c'est assurément aller se fracasser contre cette folie bolchevique, ses purges à grande échelle, ou la fuir à grandes enjambées en essayant de sauver ce qui peut être sauvé, c'est-à-dire pas grand chose. Comme je l'ai noté ailleurs, le sort des écrivains russes exilés n'était guère enviable, pas vraiment reconnus dans le pays d'accueil, inconnus au bataillon dans leur pays d'origine.

La question immanquable est bien entendu le lien avec Léon Tolstoï, et bien le père d'Alexis était un petit cousin à lui côté paternel. Il faut remontrer aux biaïeux pour trouver un lien direct. Ils ne se connaissaient pas.

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Un extrait d'un texte d'Alexis Tolstoï : La Liberté de créer

"Il arrive parfois aux hommes de ma génération d'avoir à réviser certaines notions reçues au berceau et de las restaurer pour une vie nouvelle.

Entraînés vers les perspectives, toujours plus précises et matérielles, de la vie nouvelle, nous nous retournons parfois dans notre marche pour jeter un coup d'oeil en arrière sur le désert aride de l'humanisme. Est-ce vraiment nécessaire ? Pour nous, sans doute, c'est naturel et nécessaire. Mais la jeune génération de ma patrie tournera seulement quelques pages de cette histoire récente, les parcours comme un manuel.

Il peut sembler étrange d'entamer, en la dix-huitième année de la révolution, une discussion sur la liberté ... Mais il se trouve qu'il y a deux libertés comme deux soeurs, - le jour et la nuit comme la vie et la mort.

L'une, la voici devant nous, franche et sûre d'elle-même. L'autre erre comme un fantôme à travers le désert brûlé, entre les croix de bois branlantes. L'amour idéal de l'humanité a abouti aux contradictions méphistophéliques de ce cimetière mondial.

C'est vers elle que je me retourne, vers celle qui a assouvi ma soif créatrice aux fontaines de Castalie. Est-ce bien vous, triste soeur ? Vous êtes immatérielle, comme un mirage.

Vous avez, jadis, réveillé en moi le poète. Vous murmuriez à mon oreille : créer, c'est ressentir sa liberté, - don suprême pour l'élu. Connais-toi toi même. Sois un démiurge, sois Prométhée.

Paroles perfides ! Alors, j'ai cru en elles. La liberté avait de bonnes et anciennes lettres de recommandation de la Convention. Je croyais qu'il était possible de me libérer, de libérer mon individualité des contraintes imposées par la société de classe. Je croyais que mon individualité affranchie monterait, comme un oiseau échappé de sa cage, vers la liberté absolue. Je croyais que dans la connaissance de moi-même, dans l'analyse profonde de mes idées et de mes sensations, je trouverais la révélation de mon oeuvre.

Voici une brève citation :
"Etes-vous indépendant de votre éditeur bourgeois, monsieur l'écrivain ? De votre public bourgeois qui exige de vous la pornographie, la prostitution, comme complément de l'art sacré ?.. Cette liberté absolue n'est qu'une phrase, anarchique ou bourgeoise (car, comme système philosophique, l'esprit anarchique n'est que l'esprit bourgeois à l'envers). On ne peut vivre en société et rester indépendant de la société. La liberté de l'écrivain bourgeois, de l'artiste .. n'est qu'une dépendance camouflée (ou hypocritement masquée) du sac d'argent, de la concussion, de la vénalité .."
C'est de Lénine .."
Alexis Tolstoï

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Il m'eût été agréable de connaître la réaction d'Alexis Tolstoï à Lettre à un révolutionnaire de 1906 de Léon Tolstoï son petit cousin, en supposant qu'il l'ait lue !.. (Léon Tolstoï disait en substance : où était de facto cette légitimité d'un groupe révolutionnaire pour imposer à d'autres ses choix, et sur des bases très discutable à l'analyse ..)

Ce texte d'Alexis Tolstoï La Liberté de créer date de 1935 ! Chacun peut y lire les étranges aspirations, considérations de l'auteur sur la variation de la liberté pour un créateur sous régime soviétique dans son âge d'or !. Je n'aime pas trop quand on lui fait tout dire à la liberté !..
Suite du Domaine russe 1944

Ils sont roulés dans la farine

Le profil idéal du candidat écrivain soviétique bien sous tout rapport, éligible. Oui, parce que ce n'est pas le tout, il faut quand même se demander comment devient-on écrivain soviétique après ce qu'a dit Lénine (voir page précédente) :

Alors ce ne sont pas des règles de sélection impitoyables, qui font tout pour dissuader tout candidat, non, mais c'est quand même mieux quand on les respecte à la lettre et de serrer les fesses au départ si on veut avoir une chance d'entrer dans la nomenKlatura, tout en sachant que ce n'est pas un passeport à vie ; nombreux, très nombreux sont ceux qui l'ont appris à leurs dépens. Car tout doute conséquemment sera une suspicion, et il vaut mieux éviter d'éveiller la suspicion en Union soviétique. On est libre, mais il faut marcher droit et dans le sens du vent ..

Donc voilà :
Une origine prolétarienne
Une enfance difficile
La participation à l'un des grands chantiers industriels des années 1930
Un premier roman parrainé par Gorki, suivi de scénarios et de pièces sur l'héroïsme du peuple soviétique, puis des correspondances de guerre, le tout couronné de récompenses officielles.

Alors évidemment pour le lecteur soviétique tout cela est tissé dans de la soie, et il ne faut pas trop enquêter sur le sujet. Tout est évidemment démocratique !

Le train de vie maintenant, une fois qu'on est l'heureux élu :
En pleine année de famine par exemple, les écrivains soviétiques sont nourris comme des pachas. Ils mangent à l'oeil, sont gavés comme des porcs. Il ne faut pas s'étonner après que la visite des camps, toujours préparée pour ne pas contrarier "ces ingénieurs des âmes", s'effectue comme les trois singes de la sagesse, ne pas voir, ne pas entendre, ne pas dire ... Il y a comme qui dirait qu'ils sont roulés dans la farine !...
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Domaine russe 1944
Sémion Kirsanov est né en 1906 et fit publier ses premiers poèmes aux Editions de la ville d'Odessa en 1924. La critique lui reprocha, aux environs des années 25-28 des tendances petites bourgeoises, - ce reproche était du reste adressé à de nombreux poètes durant la période de la NEP. Ses oeuvres ultérieures, comme Piatiletka (Plan Quinquennal) ou Camarade Marx marquèrent à ce point de vue un net changement d'attitude.

Ben oui, c'est à ce prix qu'il fallait se faire bien voir des camarades. C'était évidemment à l'artiste "autorisé" de s'adapter.

Voici un extrait de Arguments traduit par Elsa Triolet et Aragon.

Une porte cochère, sourde aux yeux suppliants, sourde aux larmes
Sésame, ouvre-toi !
Je t'en prie, ouvre-toi, Sésame.
Ca te coûte si peu, va-s-y donc, Sésame : ouvre-toi.
Tu sais quoi, je me retournerai
Et tu t'entr'ouvriras presque pas, toi, S&same.

Je te parle peut-être : ouvre-toi, Sésame.
Ouvre-toi, sinon je t'ouvrirai moi-même.
Pourquoi donc te tourmentes-tu ?
Par pitié, Sésame, ouvre-toi, Sésame !
J'ai quelque chose de très important à te demander, sois gentil,
Si ça ne te gêne pas ,
Ouvre-toi, Sésame ...

Sésame, ouvre-toi !
Une .. Sésame, ouvre-toi.
Deux .. Sésame, ouvre-toi.
Trois ..

On ne traite pas ainsi les gens, je vais être en retard.
Je suis affreusement pressé, Sésame, allons, Sésame ouvre-toi.

Je n'en ai que pour une petite minute, ouvre-toi,
Et tu te refermeras tout de suite, Sésame.

Une porte cochère, sourde aux yeux suppliants, sourde aux larmes
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Petit détail, je ne sais pas s'il est amusant.
Dans les années 20 de nombreux moscovites se croyaient libérés, le bon Dieu ne leur courait pas après, les moeurs libres allaient bon train, on avait déjà les bains douches, mais le plaisir érotique raffiné était de se baigner nu, homme et femme, dans la Moskova. Dix ans plus tard, ce sera considéré comme crime d'Etat, la pudibonderie sera à l'ordre du jour par un retour curieux . La Tchéka ne viendra pas distribuer des maillots de bain pour cacher ces affreuses touffes et protubérances, soyez-en sûrs.
Aujourd'hui, semble-t-il les moeurs se relâchent, il n'est pas rare de voir de beaux éphèbes se montrer nus au bord de la Moskova. Ils commencent à montrer leur tablette de chocolat dès l'entrée du parc et à bander .. leurs muscles. La beauté slave se conjugue aussi au féminin ..
Mais j'avoue que je n'ai pas d'historique suivi sur cette chose des années 20 aux années d'aujourd'hui !
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