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3.95/5 (sur 135 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Allentown, Pennsylvanie , le 03/07/1986
Biographie :

Carmen Maria Machado est une auteure, essayiste et critique littéraire.

Elle est titulaire d'un MFA de l'Iowa Writers' Workshop.

Son premier recueil de nouvelles, "Son corps et autres célébrations" ("Her Body and Other Parties", 2017) a été finaliste du National Book Award de fiction 2017 et a reçu de nombreux prix dont le prix John Leonard 2017 décerné par le National Book Critics Circle.

En 2018, elle a été écrivaine en résidence à l'Université de Pennsylvanie

son site : https://carmenmariamachado.com/
Twitter : https://twitter.com/carmenmmachado?lang=fr

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Carmen Maria Machado: "Her Body and Other Parties" | Talks at Google


Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Lorsque je range ma robe de mariée dans l'armoire avec mon trousseau, je repense à la femme qui, en jouant à cache-cache le jour de son mariage, s'est dissimulée au grenier dans une vieille malle qu'elle n'a jamais pu rouvrir. Elle y est restée prisonnière jusqu'à sa mort. Les gens la croyaient enfuie quand, des années plus tard, une domestique trouva son squelette, en robe blanche, recroquevillé à l'intérieur de cet espace sombre. Les mariées ne s'en sortent jamais bien dans les histoires. Et les histoires laissent pressentir le bonheur avant de le souffler comme une bougie.
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Notre fils a douze ans (...) Son odeur n'est plus celle d'un enfant - la douceur du lait est remplacée par quelque chose de plus violent et pénétrant, comme un cheveu qui grésille sur un poêle.
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La tête du bébé me hante parce qu'elle tient du fruit gâté. Je m'en rends compte maintenant, au milieu de ce désert inifini de sons. Elle est comme cette partie molle de la pêche dans laquelle vous pouvez enfoncer le pouce, sans trop poser de questions, ni demander si ça va. Je ne vais pas le faire, mais j'en ai envie, une envie si forte que je la dépose. Elle hurle de plus belle. Je la reprends et l'appuie contre moi en murmurant "Je t'aime, ma petite, je ne vais pas te faire de mal ", or la première affirmation est un mensonge et la seconde pourrait en être un également. Je devrais éprouver le besoin de la protéger et je ne pense qu'à cette région molle, cet endroit où je lui ferais du mal si j'essayais, si je voulais lui faire du mal.
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Autre fait simple et néanmoins terrible : le système judiciaire vous laisse démuni face à la plupart des violences_ verbales, émotionnelles, psychologiques_ et, plus encore, ne fournit pas de contexte. Il n'y autorise pas la présence de certains groupes de victimes. "En mettent en avant les violences physiques au détriment de toutes les autres subies par les femmes battues, écrit le professeur de droit Leigh Goodmark, en 2004, le système judiciaire a créé des critères qui permettent de hiérarchiser les expériences de ces victimes. S'il n'y a pas d'agression [aux yeux de la loi], elle n'est pas une victime, peu importe la brutalité de son expérience, la dureté de son isolement, ou l'enfer émotionnel qu'elle a subi.
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J'étais nerveuse, excitée. J'avais l'impression d'être une guitare, quelqu'un tournait les clés et mes cordes se tendaient. Ils ont battu des cils contre ma peau et soufflé doucement dans mes oreilles. J'ai gémi, frémi, et je me suis tortillée, au bord de la jouissance pendant plusieurs minutes alors que personne ne me touchait à l'endroit voulu, pas même moi.
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La Maison rêvée à la manière de Lost in Translation.
Ce qu'il faut lire dans sa froideur : elle est préoccupée. Elle est malheureuse. Elle est malheureuse avec toi. Tu as fait quelque chose et maintenant elle est malheureuse, et tu dois savoir quoi pour qu'elle cesse d'être malheureuse. Tu lui parles. Tu dis les choses clairement. Tu penses dire les choses clairement. Tu dis ce que tu as sur le coeur et tu ne le dis qu'après avoir mûrement réfléchi, mais quand elle répète tes paroles, plus rien n'a de sens. C'est ce que tu as dit ? Vraiment ? Tu ne te souviens pas d'avoir dit ni même pensé ça, et pourtant elle te fait savoir que c'est ce qui a été dit, et que c'est bien dans ce sens-là que tu l'entendais. (page 142)
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" Je peux... ? " demande-t-elle et j'acquiesce avant qu'elle ait terminé sa phrase. Elle met sa main sur ma bouche, me mord dans le cou et introduit trois doigts à l'intérieur de moi. Je ris et suffoque, sous sa main.
Je jouis vite, fort, comme une bouteille qui éclate contre un mur en brique. Comme si j'avais attendu l'autorisation.
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Notre fils n’en finit pas de grandir. Il a huit ans, dix ans. Au début, je lui lis des contes de fées — les très anciens, pleins de douleurs, de mort et de mariages forcés qui s’étiolent comme des feuillages jaunis. Il pousse des pieds aux sirènes et ça fait rire. Les méchants cochons repentis quittent de grands banquets sans avoir été mangés. Les vilaines sorcières partent du château et s’installent dans des chaumières où elles passent leurs journées à peindre des portraits de créatures des bois.
En grandissant, cependant, il commence à poser trop de questions. Pourquoi ils ne mangent pas le cochon, alors qu’ils ont si faim et qu’il a été si méchant ? Pourquoi la sorcière a-t-elle le droit de s’en aller du château après avoir été aussi affreuse ? Et l’idée de nageoires transformées en pieds étant trop atroce, il la rejette catégoriquement après s’être coupé la main avec une paire de ciseaux.
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Mais je vous pose la question, lecteurs : avez-vous déjà croisé, lors des délibérations de votre jury, des personnes qui se soient véritablement rencontrées ? Quelques-unes, sans doute, pas beaucoup. J'ai connu un grand nombre de gens au cours de mon existence, et rares sont ceux qui ont subi une coupe radicale, un élagage qui fait que leurs branches repoussent plus saines.
Je suis parfaitement honnête en vous disant que cette nuit dans la forêt a été un cadeau. Nombre de gens vivent et meurent sans s'être jamais confrontés à eux-mêmes dans le noir. Priez pour qu'un jour vous fassiez des petits tours sur le rivage et que, penchés au-dessus de l'eau, vous comptiez parmi les chanceux. (page 284)
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La Maison rêvée à la manière picaresque
Avant de rencontrer la femme de la Maison rêvée, je vivais dans un minuscule trois-pièces à Iowa City. La maison était foutraque : appartenant à un propriétaire peu scrupuleux, elle se dégradait lentement, était pleine de détails hétéroclites et cauchemardesques. Il y avait une pièce au sous-sol – que mes colocataires et moi avions baptisée la salle des meurtres – peinte en rouge sang du sol au plafond, équipée d’une trappe secrète et d’un téléphone fixe hors d’usage. Ailleurs au sous-sol, un système de chauffage lovecraftien projetait ses longs tentacules dans le reste de l’habitation. Par temps humide, la porte de l’entrée gonflait dans son cadre et refusait de s’ouvrir, pareille à un oeil au beurre noir. Le jardin était immense, piqueté d’un brasero et bordé de sumac vénéneux, d’arbres et d’une barrière pourrie.
Je vivais avec John, Laura et leur chat, Tokyo. Ils formaient un couple ; anciens Floridiens aux jambes longues et au teint pâle qui étaient passés par une fac hippie et avaient débarqué dans l’Iowa pour leur second cycle universitaire. L’incarnation de la démesure et de l’excentricité de la Floride et, au bout du compte, la seule chose qui dans l’après-Maison rêvée sauverait la Floride à mes yeux.
Laura ressemblait à une ancienne starlette de cinéma avec ses yeux écarquillés et son style éthéré. Elle était sèche, dédaigneuse et férocement drôle ; elle écrivait de la poésie et poursuivait ses études en science des bibliothèques. Elle se sentait une âme de bibliothécaire, de sage passeuse d’un savoir public capable de vous conduire là où vous deviez être. Quant à John, il ressemblait à un prof excentrique aux faux airs de rocker grunge qui aurait découvert Dieu. Il préparait du kimchi et de la choucroute dans d’énormes bocaux qu’il surveillait sur le plan de travail de la cuisine avec la maniaquerie d’un savant fou ; un jour il m’a raconté l’intrigue d’À rebours avec force détails, notamment sa scène préférée, celle où le vil et excentrique antihéros incruste de bijoux exotiques la carapace d’une tortue et la pauvre bête, « qui n’avait pu supporter le luxe éblouissant qu’on lui imposait », meurt sous le poids de sa chape. La première fois que j’ai rencontré John, il m’a dit : « J’ai un tatouage, tu veux voir ? » J’ai acquiescé. « OK, tu vas peut-être penser que je vais te montrer ma bite mais, promis, c’est pas ça. » Il a soulevé son short haut sur sa cuisse, révélant le tatouage artisanal d’une église, dessinée à l’envers. « C’est une église à l’envers ? » ai-je demandé. Il a souri en haussant plusieurs fois les sourcils – non pas lascivement, mais par pure espièglerie – et a répondu : « À l’envers de quel point de vue ? » Un jour, alors que Laura sortait de leur chambre vêtue d’un short en jean et d’un haut de bikini, John a posé sur elle un regard où se lisait un amour simple et véritable, puis a déclaré : « Toi, je veux creuser un puits en toi. »

Tel un picaro au féminin, j’ai passé l’âge adulte à aller de ville en ville, me liant à des âmes attentionnées à chaque étape ; un groupe de protecteurs qui ont pris soin de moi (les plus doux des protecteurs, les plus précieux des protecteurs). Ma copine Amanda de l’université, qui fut ma colocataire jusqu’à mes vingt-deux ans et dont l’esprit aiguisé et logique, le caractère imperturbable et l’humour pince-sans-rire accompagnèrent mon passage d’adolescente compliquée à jeune adulte perturbée. Anne, une joueuse de rugby à la chevelure rose, la première fille végétarienne et lesbienne que je rencontrai, qui chaperonna mon coming out en bonne fée gay. Leslie, qui m’aida à traverser ma première rupture douloureuse grâce à du brie, du vin pas cher et de bons moments avec ses animaux, notamment un pitbull trapu au pelage marron nommé Molly qui me léchait le visage jusqu’à ce que je sois prise d’un fou rire incontrôlé. Celles et ceux qui ont lu et commenté mon blog sur LiveJournal, tenu consciencieusement de mes quinze à mes vingt-cinq ans, déballant mes états d’âme à une improbable bande de poètes, de queers paumés, de programmeurs, de rôlistes et d’auteurs de fanfiction.
John et Laura étaient ainsi. Toujours présents, intimes l’un avec l’autre d’une certaine façon et intimes avec moi d’une autre, comme si je faisais partie de leur famille. Ils ne veillaient pas sur moi, pas vraiment ; ils étaient déjà les héros de leurs propres histoires.
Mais cette histoire-ci ? Celle-ci n’appartient qu’à moi.
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