« - Eh Marco… Si on restait ?
- Ben, on rentre que demain…
- Mais si on restait toujours…
- T’as raison. Je serai gondolier et toi tu voudrais des graines pour pigeons.
- On gagnerait pas beaucoup de sous mais assez pour avoir des bambini, cinq ou six.
- Six : trois garçons, trois filles.
- On habiterait le rez-de-chaussée d’un palais… Et quand il pleuvrait, on aurait de l’eau dans la maison…
- Mais on s’en foutrait. On aurait de grandes bottes et on mettrait le lit sur la table.
- Un grand lit.
- Immense.
- Tu sais, y en a un qu’est pas mal, à l’hôtel…
- Marco ! Marco ! T’as de mauvaises pensées…
- Très mauvaises !
On fonce à l’hôtel.
« Comment vous vous appelez ?
Et tout me revient. La taule, le procès, la piqûre.
Alors, c’est reparti leurs questions à la con !
- Nikita.
J’attends la baffe ou la vanne. Mais lui, il sourit - un vrai sourire - où est le piège ?
- C’est joli.
Il prend un tabouret et s’assoit près du lit.
- C’est un prénom russe ?
- Je sais pas… c’est un copain qui me l’a donné… C’est une chanson d’Elton John.
- Et elle dit quoi, cette chanson ?
- Elle dit qu’il y a une fille derrière un mur. Qu’elle peut pas en sortir. Mon copain il disait que j’étais comme elle… derrière un mur… »
C’est pas un métier pour toi. C’est trop dur, mon amour. T’es un petit oiseau. Une petite reine. Et une petite reine, ça fait pas les sales boulots.
Quand ça s’arrange d’un côté, ça merde de l’autre. Mais lui, malgré ses airs de dur, je crois qu’il vaut mieux le prendre par la douceur.
Dans la vie, on n’en finit jamais de payer pour ce qu’on a fait. Et personne ne vous laisse jamais remettre le compteur à zéro.
« Nikita, c’est un film couleur noire. Après le « bleu », j’avais envie de ça. Ce qui me plaît dans ce qu’on appelle les « films noirs », c’est la non-retenue de leurs héros. Ce sont des gens pour qui la mort n’a pas la valeur qu’elle a pour nous. Des gens qui n’ont peur de rien, ni de perdre leur vie, ni de la faire perdre aux autres. »
« - Buongiorno… Euh, voliamo due… assiettes San Daniele et du formaggio et des frutti et due grandes bouteilles d’aqua… parce qu’on boit beaucoup, mon mari et moi, quand on fait l’amour…
Marco essaie de m’arracher le téléphone mais je tiens bon.
- … Grazzie mille.
Je raccroche.
- T’es complètement folle ?
- Oui, de toi. »
« Je me recroqueville au bord du lit. Je lui tourne le dos et je replonge dans cette nuit d’enfer. Et puis, il se colle contre moi.
Doucement, sa chaleur m’envahit. Il pose ses mains sur mon corps. Tout doucement, il les passe sur chacune de mes plaies, comme s’il savait. Comme s’il m’avait suivie toute la nuit. »
Les ordres et contrordres on connaît. Alors quand on est sur une affaire on aime bien garder un œil… Jusqu’au bout.
« Nikita, c’est l’histoire de quelqu’un qui a commis un acte irréversible et qui va essayer de s’en sortir, d’aller de l’avant, de se racheter et de recommencer. Mais, dans la vie, on n’en finit jamais de payer pour ce qu’on a fait. Et personne ne vous laisse jamais remettre le compteur à zéro. »