Entretien avec Maria Rosaria Valentini à propos de Magnifica
Dans sa tête elle se sentait mère et grand-mère, même si en réalité elle n'était ni l'une ni l'autre. Parfois il suffit d'aimer pour devenir quelqu'un ou quelque chose.
Parfois il suffit d’aimer pour devenir quelqu’un ou quelque chose.
Ce père, combien de fois l'avait-elle détesté ? Ada Maria essaya d'y penser, de faire un calcul. Elle atteignit un chiffre déconcertant. Combien de fois avait-elle souhaité ne plus jamais le voir ? Plein de fois. Elle aurait voulu le tenir à distance, peut-être même l'oublier. Elle aurait voulu lui dire ses quatre vérités, un jour.
Mais en le découvrant ainsi - fil de fer sans défense, avec d'autres pieds, d'autres mains - elle se surprit à effacer immédiatement tous ses torts.
Elle effaça les blessures, les imprudences, les absences.
Entre eux subsistait à présent - unique, solide - une ribambelle de papillons, d'ailes, d'envols.
Les jours pour Benedikt étaient des coquilles brisées, des lambeaux de tissu, des sacs troués. Les dates inexistantes, vaines, ridicules. Le temps pour lui s'allumait et s'éteignait facilement, comme avec l'interrupteur de la torche ; et il n'avait de sens, de corps et de souffle que quand Ada Maria venait à la Faggeta.
Elle ne comprit ni ses paroles ni ses gestes. Mais elle sut clairement - à cet instant et pour toujours - qu'il n'y a pas de mal, pas de honte, pas de danger, pas d'injonction ni de jugement quand on aime.
Le cœur humain qui s'extasie marche avec joie vers la vie.
Ils avaient le menton en forme de cerise, sans la queue, évidemment.
« Ses yeux couraient pendant ce temps sur les maisons, qui, adossées les unes aux autres, trahissaient les signes évidents d’une reconstruction laborieuse , négligée .
Néanmoins les balcons débordaient de pétunias , de géraniums , de fuchsias, de jasmins et de rosiers qui étreignaient les murs décrépits .
Toutes ces fleurs la remplissaient d’espérance.Elle souriait alors—— sereine
——- devant gentianes , crocus, anémones , campanules et des îlots hirsutes de fers à cheval, sans oublier les papillons .
Elle suivait leurs vols , les capturait avec ruse » ….
« Résille de chenille noire. Il pensa alors à sa maison . À son père déjà mort. À sa mère , depuis trop longtemps veuve et seule. Tout remontait en surface brutalement.
La chair et les os.
Les dettes et les créances . Les illusions et les mensonges . La réalité .
Bénédikt eut l’impression. d’avoir le crâne rempli d’épingles , d’explosions . de grondements répétés et incessants . Lui revint à l’esprit son premier jour de combat et le moment où on lui avait mis une mitraillette dans les mains . Il n’avait pas assez de force » ,…
La douleur n'accepte pas les subterfuges, les paravents, les avis, les conseils, les impressions; elle a besoin de circuler comme le sang.