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Lorsque Bekaay et Simbé, le messager, avaient quitté Djiba, le soleil n’était pas encore totalement levé. Il était maintenant à mi-chemin de son zénith. Les deux hommes avaient décidé de prendre la route qui longeait le fleuve. Ils espéraient que sa proximité allait leur apporter un peu de fraîcheur, même si la chaleur de ces derniers jours, fort heureusement, s’estompait quelque peu. Les deux voyageurs étaient très silencieux. Ils ne s’adressaient la parole que pour échanger quelques banalités. Lorsqu’il était arrivé chez Bekaay, Simbé lui avait juste dit qu’Atépa le demandait d’urgence à la cour, sans aucune autre information. Simbé n’avait pas l’air d’en savoir plus. Bekaay était pensif. Ce qui le préoccupait le plus était la survie du royaume. Qui allait succéder à Kanka ? Le pouvoir n’était pas héréditaire, et si le Roi-Guerrier venait à rejoindre ses Ancêtres, c’est le Conseil, composé de hauts dignitaires religieux ainsi que de représentants laïques, qui serait chargé de désigner son successeur.
Les temps avaient bien changé. Aujourd’hui ils traversaient un pays où les habitants vaquaient paisiblement à leurs occupations. Cela n’avait pas toujours été le cas. Plusieurs conflits avaient secoué ces terres durant des décennies. Un premier leur avait permis de conquérir ce territoire, et un deuxième avait été à l’origine de la naissance du royaume kajan.
Il y avait de cela très longtemps, à une époque qu’il n’aurait pu situer, une grande guerre avait éclaté entre Kajan et Abay.
Les Abay avaient été les premiers habitants du royaume de la Casamance, qui s’étendait dans la partie plus au nord de la région des Rivières du Sud, aujourd’hui occupée par les Kajan. Ces derniers étaient venus de l’est par vagues successives, chassés par la sécheresse qui s’installait là-bas et qui rendait impossible la riziculture. Ils avaient été bien accueillis par les Abay. Le roi de ces derniers leur avait permis de s’installer sur ces terres et leur avait octroyé des parcelles fertiles afin qu’ils puissent y cultiver le riz. La cohabitation s’était passée sans ombrage pendant des décennies. Les Abay toléraient plutôt bien la présence de ces étrangers venus s’installer chez eux. Au début, l’exode des Kajan se faisait par petits groupes, par la suite leur nombre devint de plus en plus important. Ce n’était plus quelques familles qui venaient s’installer mais bien tout un peuple ! Les espaces destinés à la riziculture s’amenuisaient. Les Kajan nouvellement arrivés demandaient au roi de leur donner des terres à cultiver tandis que la population abay, désireuse de protéger ses richesses, voulait, elle, conserver les zones fertiles restantes en prévision de futurs défrichages.
Les nombreux Kajan sans terre s’étaient approprié des espaces à cultiver sans l’autorisation des autochtones. Petit à petit, une profonde hostilité avait commencé à opposer les deux communautés. Un jour, dans le village d’Enampore, sur les rives sud du fleuve Casamance (le fleuve portait le même nom que le royaume qu’il traversait d’est en ouest) une guerre avait éclaté entre les Kajan et les Abay.
En effet, les Abay d’Enampore, qui ne supportaient plus ces Kajan qui grignotaient leurs parcelles cultivables, avaient demandé à leur roi d’agir. Devant la passivité d’un souverain qui était tiraillé entre son envie d’aider les Kajan et les doléances de ses sujets, le peuple avait décidé de régler lui-même le problème. Les Abay avaient demandé aux Kajan du village de quitter les lieux dans les plus brefs délais. Les étrangers qui ne savaient pas où aller avaient opposé un refus catégorique. Les autochtones avaient alors pris les armes, bien décidés à bouter les envahisseurs hors de leur territoire. Ce conflit allait être le début d’une très longue période de guerre civile. Presque partout, Abay et Kajan s’affrontaient. Désormais plus nombreux et redoutables guerriers, les Kajan avaient fini par gagner la guerre. Ils étaient même parvenus à chasser les autochtones, les refoulant plus à l’est. Voilà comment, depuis des décennies, les Kajan étaient devenus les maîtres d’un territoire qui appartenait jadis aux Abay.
Après cette guerre, certains groupes de Kajan éparpillés à travers le territoire s’étaient regroupés par quartiers dont les habitants étaient liés par un ou plusieurs Ancêtres communs. Plusieurs quartiers constituaient un village. Pour autant, le fait d’avoir chassé les Abay n’avait pas résolu le problème de distribution des terres qui faisait encore éclater des conflits sanglants de temps en temps. Chacun voulait désormais s’approprier le plus de surface possible. Les quartiers étaient repliés sur eux-mêmes, et l’on n’y reconnaissait que l’autorité du plus ancien qui faisait office de chef.
Pour d’autres groupes kajan, des petits royaumes avaient été créés autour de personnages religieux : les Rois de la pluie. C’étaient des Rois-Prêtres qui avaient une grande influence au sein de leur communauté. Leur fonction était essentiellement religieuse, mais ils étaient toujours consultés quand il s’agissait de prendre des décisions importantes
Sur le plan religieux, ils avaient pour principale mission d’entretenir les boekins les plus importants, ceux qui étaient situés dans le bois sacré, à qui ils demandaient de faire tomber la pluie, de fertiliser la terre, de rendre les récoltes de riz abondantes et d’assurer la paix dans le village. Personnage craint du fait de sa proximité avec les forces surnaturelles, le Roi-Prêtre était tenu pour responsable du sort de son peuple qui pouvait soit l’aduler, si ses prières se révélaient efficaces, soit le démettre de ses fonctions et voire, dans certains cas le mettre à mort, si une pluie de calamités s’abattait sur le village. Les candidats à cette fonction ne se bousculaient pas.
Désormais unifié, le territoire kajan était organisé en cinq provinces. Chacune avait élu trois représentants (religieux ou laïques) chargés de défendre ses intérêts à la cour.
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Lorsque Bekaay et Simbé, le messager, avaient quitté Djiba, le soleil n’était pas encore totalement levé. Il était maintenant à mi-chemin de son zénith. Les deux hommes avaient décidé de prendre la route qui longeait le fleuve. Ils espéraient que sa proximité allait leur apporter un peu de fraîcheur, même si la chaleur de ces derniers jours, fort heureusement, s’estompait quelque peu. Les deux voyageurs étaient très silencieux. Ils ne s’adressaient la parole que pour échanger quelques banalités. Lorsqu’il était arrivé chez Bekaay, Simbé lui avait juste dit qu’Atépa le demandait d’urgence à la cour, sans aucune autre information. Simbé n’avait pas l’air d’en savoir plus. Bekaay était pensif. Ce qui le préoccupait le plus était la survie du royaume. Qui allait succéder à Kanka ? Le pouvoir n’était pas héréditaire, et si le Roi-Guerrier venait à rejoindre ses Ancêtres, c’est le Conseil, composé de hauts dignitaires religieux ainsi que de représentants laïques, qui serait chargé de désigner son successeur.
Les temps avaient bien changé. Aujourd’hui ils traversaient un pays où les habitants vaquaient paisiblement à leurs occupations. Cela n’avait pas toujours été le cas. Plusieurs conflits avaient secoué ces terres durant des décennies. Un premier leur avait permis de conquérir ce territoire, et un deuxième avait été à l’origine de la naissance du royaume kajan.
Il y avait de cela très longtemps, à une époque qu’il n’aurait pu situer, une grande guerre avait éclaté entre Kajan et Abay.
Les Abay avaient été les premiers habitants du royaume de la Casamance, qui s’étendait dans la partie plus au nord de la région des Rivières du Sud, aujourd’hui occupée par les Kajan. Ces derniers étaient venus de l’est par vagues successives, chassés par la sécheresse qui s’installait là-bas et qui rendait impossible la riziculture. Ils avaient été bien accueillis par les Abay. Le roi de ces derniers leur avait permis de s’installer sur ces terres et leur avait octroyé des parcelles fertiles afin qu’ils puissent y cultiver le riz. La cohabitation s’était passée sans ombrage pendant des décennies. Les Abay toléraient plutôt bien la présence de ces étrangers venus s’installer chez eux. Au début, l’exode des Kajan se faisait par petits groupes, par la suite leur nombre devint de plus en plus important. Ce n’était plus quelques familles qui venaient s’installer mais bien tout un peuple ! Les espaces destinés à la riziculture s’amenuisaient. Les Kajan nouvellement arrivés demandaient au roi de leur donner des terres à cultiver tandis que la population abay, désireuse de protéger ses richesses, voulait, elle, conserver les zones fertiles restantes en prévision de futurs défrichages.
Les nombreux Kajan sans terre s’étaient approprié des espaces à cultiver sans l’autorisation des autochtones. Petit à petit, une profonde hostilité avait commencé à opposer les deux communautés. Un jour, dans le village d’Enampore, sur les rives sud du fleuve Casamance (le fleuve portait le même nom que le royaume qu’il traversait d’est en ouest) une guerre avait éclaté entre les Kajan et les Abay.
En effet, les Abay d’Enampore, qui ne supportaient plus ces Kajan qui grignotaient leurs parcelles cultivables, avaient demandé à leur roi d’agir. Devant la passivité d’un souverain qui était tiraillé entre son envie d’aider les Kajan et les doléances de ses sujets, le peuple avait décidé de régler lui-même le problème. Les Abay avaient demandé aux Kajan du village de quitter les lieux dans les plus brefs délais. Les étrangers qui ne savaient pas où aller avaient opposé un refus catégorique. Les autochtones avaient alors pris les armes, bien décidés à bouter les envahisseurs hors de leur territoire. Ce conflit allait être le début d’une très longue période de guerre civile. Presque partout, Abay et Kajan s’affrontaient. Désormais plus nombreux et redoutables guerriers, les Kajan avaient fini par gagner la guerre. Ils étaient même parvenus à chasser les autochtones, les refoulant plus à l’est. Voilà comment, depuis des décennies, les Kajan étaient devenus les maîtres d’un territoire qui appartenait jadis aux Abay.
Après cette guerre, certains groupes de Kajan éparpillés à travers le territoire s’étaient regroupés par quartiers dont les habitants étaient liés par un ou plusieurs Ancêtres communs. Plusieurs quartiers constituaient un village. Pour autant, le fait d’avoir chassé les Abay n’avait pas résolu le problème de distribution des terres qui faisait encore éclater des conflits sanglants de temps en temps. Chacun voulait désormais s’approprier le plus de surface possible. Les quartiers étaient repliés sur eux-mêmes, et l’on n’y reconnaissait que l’autorité du plus ancien qui faisait office de chef.
Pour d’autres groupes kajan, des petits royaumes avaient été créés autour de personnages religieux : les Rois de la pluie. C’étaient des Rois-Prêtres qui avaient une grande influence au sein de leur communauté. Leur fonction était essentiellement religieuse, mais ils étaient toujours consultés quand il s’agissait de prendre des décisions importantes
Sur le plan religieux, ils avaient pour principale mission d’entretenir les boekins les plus importants, ceux qui étaient situés dans le bois sacré, à qui ils demandaient de faire tomber la pluie, de fertiliser la terre, de rendre les récoltes de riz abondantes et d’assurer la paix dans le village. Personnage craint du fait de sa proximité avec les forces surnaturelles, le Roi-Prêtre était tenu pour responsable du sort de son peuple qui pouvait soit l’aduler, si ses prières se révélaient efficaces, soit le démettre de ses fonctions et voire, dans certains cas le mettre à mort, si une pluie de calamités s’abattait sur le village. Les candidats à cette fonction ne se bousculaient pas.
Désormais unifié, le territoire kajan était organisé en cinq provinces. Chacune avait élu trois représentants (religieux ou laïques) chargés de défendre ses intérêts à la cour.
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« Des hommes et des chaînes » est une saga historique qui se déroule entre la fin du 18iéme et le début du 19iéme siècle.
Son personnage principal Landing est un jeune homme originaire de la région de la Casamance où vit son peuple depuis plusieurs siècles, les Kajan.
Sa vie bascula le jour où la grande ombre noire jeta le voile de la Terreur sur les rives du royaume kajan, semant mort, destructions, enlèvements et déportations vers un monde inconnu... Son existence paisible ne sera désormais plus qu’une suite d’aventures héroïques qui le mèneront bien loin de la terre de ses ancêtres.
Mêlant fiction et réalité historique, cette trilogie est une œuvre épique qui relate le destin de milliers d’européens et d’africains, transportés dans le tourbillon d’un monde en pleine transformation.
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