May d`Alençon

- Attendez un peu ! Encore quelques jours d'entraînement et je battrai tous les records ! Que me manque-t-il, en effet, pour devenir un animal de course ? J'ai la forme allongée, aérodynamique qui convient ; ma queue peut servir de manivelle, elle est à l'arrière au lieu d'être à l'avant, mais, bah ! ce n'est qu'une mode à lancer ; et j'imite à la perfection le bruit du moteur avec mon groin. Écoutez : Brrr !... brrr !... brrr !... N'est-ce pas merveilleux ? Une seule chose me chagrine : mon nom. Tout-en-soie ! Cela n'a rien de sportif... Oh ! mais, une idée : je ne garde que les initiales et Tout-en-soie devient T.T.S. ... voilà qui a bon air !
(Le jeune cochon qui n'avait jamais fait de dictées, pensait que son nom s'écrivait Tou-ten-soie. Ces liaisons ! En font-elles faire des fautes d'orthographe !)

Tort ? Ah ça ! Non, vous n’avez pas eu tort ! Moi, du moins, je vous approuve ! Si l’on signait un peu plus le moral des malades, beaucoup guériraient plus vite ! Et c’est surtout la tâche des aides-soignantes, voyez-vous ; les médecins, aux, ont trop peu de temps et, souvent, ils ne savent pas s’y prendre. Une femme est mieux qualifiée : plus douce, plus intuitive…

Et Ali Boron, lui pourtant si douillet, fourra sa tête entre deux fils de fer barbelés, puis ses pattes de devant, puis son corps et les deux autres pattes, la queue enfin, et passa. Il passa, mais dans quel état, mes amis !

Oh ! Le pré d'Ali Boron n'était pas triste. Au contraire. C'était un vaste clos planté de pommiers où poussaient une herbe fine et serrée parsemée de trèfles et de pâquerettes...Mais...DÉFENSE DE SORTIR !

De l'autre côté de la clôture, à un mètre à peine, il y avait un chardon, le beau chardon, dont il avait eu si envie !
Comprenez-vous ce qui s'était passé ?

Du temps de perdu ! Il serait mieux dans une maison de santé. On a déjà trop de malades, pas assez de personnel.