Ayant médité la douceur et la compassion, j'ai oublié la différence entre moi et les autres.
Dans les grands déserts, les hautes montagnes,
Il existe un négoce étrange,
On peut troquer le tourbillon de la vie
Contre l'infinie paix de l'âme.
Le son du tonnerre, bien qu’assourdissant, est inoffensif ; L’arc-en-ciel, malgré ses couleurs chatoyantes, ne dure pas ; Ce monde, même s’il apparaît plaisant, est semblable à un rêve ; Les plaisirs des sens, bien qu’agréables, n’apportent au bout du compte que désillusions
Jetsun Milarepa
Cette chose appelée cadavre, et qui nous fait si peur, vit avec nous, ici et maintenant.
Au début rien ne vient, au milieu rien ne reste, à la fin rien ne s'en va.
« ...
Le bruit de tonnerre est terrible mais sans substance,
Les couleurs de l’arc-en-ciel ravissantes mais éphémères.
Ce monde plaisant à l’esprit n’est pourtant (semblable) qu’(à) un rêve.
Les choses désirées procurent joie et causent la misère.
Ce qui est fabriqué semble éternel mais vite se décompose.
Les biens possédés hier n’existent plus aujourd’hui,
L’homme vivant l’an dernier, cette année se meurt.
L’ami attentif en ennemi s’est métamorphosé,
Les mets délectables sont devenus poison.
Les grandes discordes se guérissent par la bienveillance
Et les méfaits ne blessent que leurs auteurs.
...
p. 89
Au début rien ne vient,
Au milieu, rien ne reste,
A la fin, rien ne part.
En méditant sur le but ultime, on découvrira la non-existence de l'ego personnel et par le fait même l'erreur de croire qu'il existe.
Les douze bonheurs du yogi
Le yogi qui renonce à “ses terres*” est heureux
Comme un condamné réchappé de son trou.
Le yogi qui perd le réflexe de saisir et juger est heureux
Comme un cheval libéré des entraves.
Le yogi qui habite la solitude est paisible
Comme un bête blessée tapie en son repaire.
Le yogi assuré de la philosophie est heureux
Comme l’oiseau royal à l’assaut de l’azur.
Le yogi qui tout pénètre est heureux
Comme vent vagabond dans les cieux.
Le yogi protège le vide radieux de son inspiration est heureux
Comme pâtre dévoué au soin de ses brebis.
Le yogi que rien n’ébranle est heureux
A l’image de Mont Sumeru au “centre du monde”.
Le yogi qui n’interrompt pas son expérience est heureux
A l’image du flot continu des grands fleuves.
Le yogi qui refuse les devoirs est tranquille
A l’égal du cadavre dans un cimetière.
Le yogi qui ne régresse plus est “beau”
Comme pierre métamorphosée par l’océan.
Le yogi qui tout embrase de ses reflets est beau
Comme soleil à l’horizon.
...
* entendre par là “ses biens, ses richesses temporelles”
p. 21-22
Vous aimez aujourd'hui le lacis des maisons
Qui s'accrochent en dessous des châteaux.
Mais souvenez-vous qu'à la mort
Vous partirez par une route désolée.
Vous aimez aujourd'hui sur vos épaules
L'amoncellement des honneurs.
Mais souvenez-vous qu'à la mort
vous partirez sans protection ni refuge.
Vous aimez aujourd'hui la profusion
Des liens de famille et de voisinage.
Mais souvenez-vous qu'à la mort
vous vous séparerez des parents, des amis.
Vous aimez aujourd'hui accumuler
Richesses, fils, assistants, serviteurs.
Mais souvenez-vous qu'à la mort
Vous partirez nu, les mains vides, démuni.
(...)