ACTE II, scène 1
CLAUDINE : Oui, j'ai bien deviné qu'il fallait que cela vînt de toi, et que tu l'eusses dit à quelqu'un qui l'ait rapporté à notre maître.
LUBIN : Par ma foi ! je n'en ai touché qu'un petit mot, en passant, à un homme, afin qu'il ne dît point qu'il m'avait vu sortir ; et il faut que les gens, en ce pays-ci, soient de grands babillard !
Claudine : Vraiment, ce monsieur le vicomte a bien choisi son monde, que de te prendre pour son ambassadeur ; et il s'est allé servir là d'un homme bien chanceux.
LUBIN : Va, une autre fois je serai plus fin, et je prendrai mieux garde à moi.
CLAUDINE : Oui, oui, il sera temps !
LUBIN : Ne parlons plus de cela. Ecoute.
CLAUDINE : Que veux-tu que j'écoute ?
LUBIN : Tourne un peu ton visage devers moi.
CLAUDINE : Hé bien ! qu'est-ce ?
LUBIN : Claudine.
CLAUDINE : Quoi ?
LUBIN : Hé ! là ! ne sais-tu pas bien ce que je veux dire ?
CLAUDINE : Non
LUBIN : Morgué ! je t'aime.
CLAUDINE : Tout de bon ?
LUBIN : Oui, le diable m'emporte ! tu peux me croire, puisque j'en jure.
CLAUDINE : A la bonne heure.
LUBIN : Je me sens tout tribouiller le coeur quand je te regarde.
CLAUDINE : Je m'en réjouis
LUBIN : Comment est-ce que tu fais pour être si jolie ?
CLAUDINE : Je fais comme font les autres.
[...]