L'écrivain Maxime Olivier Moutier reçoit Mathieu Arsenault, Gabriel Nadeau-Dubois et Emmanuel Carrère.
Les libraires en coulisses, une initiative de l?Association des libraires du Québec (ALQ) et de la coopérative des Librairies indépendantes du Québec (LIQ), ont présenté des rencontres passionnantes lors du Salon du livre de Montréal 2014 avec des écrivains, notamment Janette Bertrand, Michel Tremblay, Katherine Pancol, Gabriel Nadeau-Dubois et Emmanuel Carrère.
Réalisation et montage : Jessica Gélinas
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Faut-il des artistes et des penseurs pour nous faire voir ce que nous ne voyions pas jusque-là? Ce que nous nous refusions de voir au jour le jour, tout aveuglés et occupés que nous sommes à faire ce que nous avons à faire?
Trente-cinq ans plus tard, même si bien de l’eau a coulé sous les ponts, je crois encore que c’est la question de cette professeure de troisième année, en fait, qui m’a réellement traumatisé. C’est de cette parole que je me souviens le mieux. Je ne l’ai jamais oubliée. Alors que tout le reste me semble flou. Assis dans le bureau de la secrétaire, la gueule empâtée dans les gales fraîchement formées et la lèvre enflée. Les yeux bouffis. La question de cette connasse de professeure de primaire sortie de nulle part : « J’espère au moins que tu t’es excusé ? » Je dois me souvenir surtout de ne pas avoir été capable de répliquer. De ne pas avoir eu le réflexe, à l’âge que j’avais, de grimper debout sur ma chaise pour lui foutre une paire de claque à cette vieille pute, et de l’envoyer se faire voir en enfer.
Toujours Paris. Je suis renversé par les Nymphéas. Pourquoi tout à coup? Je n'ai jamais affectionné Monet, ni les impressionnistes. Ce n'est pas la première fois que je les vois, dans ces salles spécialement conçues pour eux à l'Orangerie. Mais là, je comprends. Avec l'art, la notion de temps compte pour beaucoup. Il y a des choses que l'on ne comprend pas, puis tout à coup, dix ans plus tard, vingt ans plus tard, nous frappent avec conviction.
Je désirerais de plus en plus enseigner au cégep. […] Des étudiants intéressés, et d’autres pas du tout, mais que j’aurais conduits de force dans des musées, et à qui j’aurais pu à mon tour présenter des diapositives et des documents PowerPoint, assis dans le noir. Pour leur expliquer que l’importance de l’art est indiscutable. […] J’aurais voulu avoir des étudiants pareils aux étudiants que l’on retrouve en ce moment sur le marché des étudiants. Bien de leur âge et capables d’en prendre. Ouverts à toutes les propositions et pas encore complètement aliénés au monde de demain. Capables d’encaisser et de comprendre ce qu’il y a d’extraordinaire chez Daniel Buren, Anish Kapoor ou Ron Mueck. Des fois que ce genre de vétilles arriveraient à leur communiquer l’envie de rester vivants. Même aux jours les plus noirs de leur vie future, quand ils n’auront peut-être fait que de mauvais choix. J’aurais fait là un travail presque aussi efficient que celui que se fait parfois dans un centre de crise. (p. 454-455).
Tout imprégnait pour toi un sentiment de perte et de fin des choses. Non plus la fin du monde, mais l'écroulement de ton histoire.
C’est la structure de l’amour dans lequel elle se glisse chaque fois. Toujours elle sera celle des deux qui aime l’autre. C’est comme une position qu’elle a choisie d’adopter, dans cette modalité de l’amour, une position hors de laquelle, probablement, la vie ne lui serait pas tolérable. Lorsqu’on choisit d’être aimé, il est vrai que l’on dépend toujours de celui qui nous aime, de l’amour des autres qui, oui ou non, se matérialise. Tandis que quand on aime, on tient soi même les rênes
Le scellé plombé est le quatrième mode de conservation des viandes. Il s'agit d'une pratique abandonnée aujourd'hui, qui consistait à tremper des pièces de viande dans du plomb fondu, afin de les sceller et de neutraliser leur putréfaction naturelle. (...) La viande ainsi exposée à cet élément était une viande empoisonnée. Mais nous ne le savions pas. Le scellé plombé est un mode qui préserve, mais qui tue.
J’ai trente-sept ans. Je tente une sorte de retour aux études, parce que la vie telle qu’elle est ne me stimule plus du tout. Je m’y ennuie. Et comme les voyages dans l’espace, sur une autre planète lointaine, sont hors de prix, je me rabats sur l’université. Je me demande si je fais bien. (p. 7)
l y a beaucoup d’exagération chez certaines féministes d’aujourd’hui, et beaucoup de malhonnêteté aussi. Elles ne veulent voir que ce qu’elles veulent bien voir et s’autorisent à faire une relecture de l’histoire de l’humanité à leur manière. Leur travail est lourdement orienté.
Des conseils, j'en prends, mais les meilleurs conseils, j'me les donne moi-même tout seule.