Il ne s'était pas méfié des femmes pour autant, les aimants pour leurs charmes et l'affection qu'elles voulaient bien lui donner. En mal de tendresse, il n'avait jamais refusé celle qu'on lui offrait, prenant sans hésiter la tendresse là où elle se trouvait.
En couple, quel mot étrange.
Au fond, tout ce qu'elle désirait, c'était garder sa propre liberté. Si le soir elle pouvait retrouver ses bras puissants et réconfortants, tant mieux. Ce n'était que du bonus !
Les mauvaises habitudes ne disparaissaient pas si vite !
Une exclamation de joie et quelques larmes de bonheur étant la meilleure réponse à ses yeux. Mais il se contenterait d'un petit oui.
Un animal, ça s'apprivoise.
Inutile de s'attacher à une servante et de lui faire croire qu'elle avait des chances de devenir princesse ! Dans sa chambre, il avait seulement besoin de chaleur sous ses draps, rien de plus. C'était pour cette raison qu'il se retenait de caresser la femme présente en cet instant dans son lit. Ils avaient passé ensemble une merveilleuse nuit. Chaude, épuisante et plus qu'intéressante. Maintenant, la dame devait partir et le laisser à sa vie de prince. Il avait autre chose à faire que de créer des liens inutiles et par la même occasion des problèmes. Oui, une femme apportait forcément des problèmes !
Les légendes sont toujours une base, une vérité, même un simple souffle...
Elle n'aimait pas tuer. Elle avait beau être un chat sauvage, on ne lui demandait pas de tuer des mulots...
Tuer un autre être humain n'était pas chose aisée. Et les cauchemars qui allaient avec étaient tout aussi difficiles à vivre.
Devenir fille de joie aurait été chose aisée ˗ d'une certaine façon ˗ et toujours mieux que la rue et ses dangers tout aussi grands. Quitte à satisfaire un homme, autant le faire dans un lit et payée dans une maison de passe, plutôt qu'au fond d'une ruelle sombre où personne ne pourra vous défendre et vous aider.
Il était L'Ombre. L'homme qui n'avait pas de nom et vivait dans un appartement, sans charme extérieur parmi les humains. Une ombre parmi les ombres de ces mortels qu'il côtoyait.
Quel âge avait L'Ombre ?
Personne ne le savait. Il n'était pas jeune, à en juger sa peau légèrement burinée, ses cheveux blancs et ses yeux expressifs entourés de pattes d'oies. Mais combien d'années s'étaient réellement écoulées depuis sa naissance ? Personne ne le savait, ni les vampires, ni les loups-garous, ni les fées ou le clan des dragons qui vivaient plus à l'Ouest.
Personne.
Personne ne vivant dans ce monde du moins !
Peut-être bien que Lucifer connaissait ce secret... Mais cette déité démoniaque ne visitait pas suffisamment le coin pour risquer de vendre la mèche. Il avait d'autres chats ˗ d'autres âmes ˗ à fouetter !