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Citations de Norge (193)


 Norge
La marguerite

Pendant qu’on chante à la surface
– Allez-y, célèbres chansons,
Allez-y, tambours, contrebasses –
D’autres ronronnent dans le fond.

Nous buvons de hautes lumières
Mais la soyeuse obscurité
Est plus câline à leur paupière
Que le brillant de nos cités.

Bien chatouillés de vermisseaux,
Beurrés de terreaux et de glaises,
Ils sentent dormir sur leurs os,
Dormir et s'éveiller la fraise.

Nous chanterons encore un temps
-Allez-y. tambours, contrebasses,
Nous leur danserons sur la face,
La marguerite entre les dents.

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 Norge
Au petit bonheur

Rien qu'un petit bonheur, Suzette,
Un petit bonheur qui se tait.
Le bleu du ciel est de la fête;
Rien qu'un petit bonheur secret.

Il monte ! C'est une alouette
Et puis voilà qu'il disparaît;
Le bleu du ciel est de la fête.
Il chante, il monte, il disparaît.

Mais si tu l'écoutes, Suzette,
Si dans tes paumes tu le prends
Comme un oiseau tombé des crêtes,
Petit bonheur deviendra grand.




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 Norge
FIN DU MONDE


Ce qui enveloppa le monde pour finir, ce fut  un  grand
ricanement. Ricanement d'une résonnance profonde. On
sentait que ça venait de loin et que ça irait partout. Mais
savoir qui ricanait : le créateur, le destructeur ? Absolument
impossible à dire. En tout cas, ce fut déprimant pour ceux
qui attendaient la juste trompette des anges.


(Oignons, inédits)
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C’est une chaise qui a créé le monde : au commencement, il n’y avait que des chaises. Elles s’ennuyaient. Faisons-nous un homme, dit une chaise, un homme qui posera son séant sur notre siège, qui s’appuiera contre notre dossier, qui nous changera de place, qui nous polira, nous cirera, nous caressera. Cette chaise-là pensa l’homme si fortement que l’homme fut. Et l’homme, enfant de la chaise, vit de plus en plus assis.
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 Norge
Sucre candide

Maman, l'hiver,
m'en donnait un petit morceau
pour la gorge,
quand je partais à l'école.

L'instituteur m'apprit un jour,
qu'on ne dit pas le sucre candide,
mais le sucre candi.

Quelle déception !
Le lendemain, je doutais du Père Noël
et un peu plus tard,
je réfléchis à l’existence de Dieu.
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- Tais-toi, Vénéneux,
Tes molaires mâchent
Un parler squameux
Brugeois ou malgache.
Prends ton violeux,
J'ai ma cornemache ;
Raclons tous les deux
Ce duo fameux
Qui fait rire Dieu
Et pleurer les vaches !
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 Norge
Un chat brûlé qui peigne son pelage,
Un noir chaudron parlant de pucelage,
Un oeuf tordu qui fut merle au printemps,
Une grenouille à rêver dans l'étang.

Un vent manchot retour de Palestine
Et qui tond l'herbe avec sa crinoline,
Puis une truite à moustache allaitant
Une grenouille à rêver dans l'étang.

Un oeil qui traite la montagne de Lure,
Une noix creuse et de bonne figure,
Lavant liquette aux prés et qui l'étend
Sur la grenouille à rêver dans l'étang.

Un boudin fou, bailli de son village,
Comptant les sous que lui devait l'orage,
Voilà qu'a vu que voit, que vit rêvant
Une grenouille à rêver dans l'étang.
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LA MER

Il est difficile de peindre la mer, mais il est simple de peindre des vagues. Toutes les couleurs conviennent, elles sont toujours justes, car il existe des vagues de toutes les couleurs. Voilà pourquoi l'artiste dessine beaucoup de vagues, puis il étend des jaunes, des bleus, des verts, des gris, des bruns même. Enfin, il peint le sentiment. C'est le plus important pour la mer.
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Mon âme et moi, nous nous voyons très peu:
Elle a sa vie et ne m'en parle guère.
Je connais mal ses loisirs oublieux,
Moi, je n'ai pas le temps; j'ai mes affaires.
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 Norge
********************* UNE CHANSON ***************

Une chanson bonne à mâcher
Dure à la dent et douce au cœur .
Ma sœur , il ne faut pas te fâcher .
Ma sœur .

Une chanson bonne à mâcher ,
Quand il fait noir , quand il fait peur.
Comme à la lèvre du vacher .
La fleur .

Une chanson bonne à mâcher
Qui aurait le goût du bonheur .
Mon enfance , et de tes ruchers
L'odeur .
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LES OIGNONS

LA BREBIS GALEUSE


Justement la plus belle brebis devint galeuse. Comme c'était la plus belle, on aima bien cette gale et d'autres brebis voulurent devenir galeuses. Une seule brebis demeura sans gale. Eh bien on lui tint rigueur, on la mit à l'écart. Et on la nomma la brebis galeuse.

p.125
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LES QUATRE VÉRITÉS
D’enfance

D’ENFANCE
Dieu, qu’elle était belle
Nue à la chandelle,
Ma sœur !
Elle attendait son
Aimable garçon-
Brasseur.

Dieu, qu’elle était nue,
Rosement charnue,
Adèle,
Au moment hélas
Qu’elle soufflait la
Chandelle.

Ténèbres bien faites
Pour ces longues fêtes
Et pour
Ces luttes, ces rages,
Ces fleuves, ces nages,
D’amour !

Je n’ai su jamais
Comment ils s’aimaient,
Ô drames !
La vie et la mort
Faisaient un seul corps
En flammes.

Jamais plus au monde
Je n’écoute rien,
Rien comme
Ces cris de ma blonde
Sœur et du vaurien,
Son homme.

Derrière la porte,
Le ciel commençait,
Torride !
Mon âme, sois forte,
Tout, sauf l’amour, c’est
Le vide.

p.146-147
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DU TEMPS

Dans l'eau du temps qui coule à petit bruit,
Dans l'air du temps qui souffle à petit vent,
Dans l'eau du temps qui parle à petits mots
Et sourdement touche l'herbe et le sable ;
Dans l'eau du temps qui traverse les marbres,
Usant au front le rêve des statues,
Dans l'eau du temps qui muse au lourd jardin,
Le vent du temps qui fuse au lourd feuillage
Dans l'air du temps qui ruse aux quatre vents,
Et qui jamais ne pose son envol,
Dans l'air du temps qui pousse un hurlement
Puis va baiser les flores de la vague,
Dans l'eau du temps qui retourne à la mer,
Dans l'air du temps qui n'a point de maison,
Dans l'eau, dans l'air, dans la changeante humeur
Du temps, du temps sans heure et sans visage,
J'aurai vécu à profonde saveur,
Cherchant un peu de terre sous mes pieds,
J'aurai vécu à profondes gorgées,
Buvant le temps, buvant tout l'air du temps
Et tout le vin qui coule dans le temps.

(extrait de "Cris...") - p.189
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 Norge
Autre vague

Cette vague mourut
Comme toutes les vagues.
Nulle odeur de lilas
Ne courut sur la mer,
Nul adieu ne lui vint
D'une île ou d'un nuage.
Elle mourut gaiement
Et d'un coup l'éventail
Et d'un grand saut d'oiselles.
Mais je verrai toujours
Ses bras, ses jeunes bras,
Ses bras désespérés
Qui hurlaient vers le ciel.
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LA MER

Il est difficile de peindre la mer, mais il est simple de peindre des vagues. Toutes les couleurs conviennent, elles sont toujours justes, car il existe des vagues de toutes les couleurs. Voilà pourquoi l'artiste dessine beaucoup de vagues, puis il étend des jaunes, des bleus, des verts, des gris, des bruns mêmes. Enfin, il peint le sentiment. C'est le plus important pour la mer.
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LE CIEL

Jamais vu le ciel, cet enfant élevé au fond de la mine. Pas de saisons, pas de soleil. La beauté du charbon et la beauté des lampes, la beauté des visages, oui. Mais le ciel ; jamais vu, jamais vu. Les arbres, les oiseaux, n'en parlons même pas. Et toi, tu as vu le ciel, toi ?
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Un arbre vaincu par la cognée,
Mordu par la scie et le rabot.
L'arbre avait encore assez de sève,
De moelle, de pulpe et de mémoire
Pour sentir gonfler ce noir printemps.

Ah ! plus de racine et plus de branche,
Ni bourgeon futur dans les entrailles,
Mais l'arbre, enfoncé sans pied ni tête,
Debout dans le ciel et bras ouvert,
L'arbre avait encore assez de fibre
Pour senti ces clous qu'on lui plantait,
Pour sentir brûler cette sueur,
Pour sentir saigner cette agonie,
O saigner comme un fleuve infini,
L'arbre avait encore assez de cœur
Et l'arbre sentit mourir Jésus.

Non ! Ce n'est pas vrai, ce n'es pas vrai,
On dit ça pour faire poétique,
Mais l'arbre n'eut pas un tremblement.
Heureux de dormir dans son néant,
Le sang, l'agonie, il s'en fichait.
Il régnait un calme universel
Et Jésus mourut sur du bois mort.
Page 93
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LES QUATRE VÉRITÉS

Insectes et mouches
FOURMI

Une fourmi
Fait un trajet
De cette branche
À cette pierre,
Une fourmi,
Taille ordinaire
Sans aucun si-
Gne distinctif,
Ce matin, juin,
Je crois le sept ;
Elle porte un
Brin, un fétu.
Cette fourmi,
Taille ordinaire,
Qui n’a pas la
Moindre importance
Passe d’un trot
Simple et normal.
Il va pleuvoir,
Cela se sent.
Et je suis seul ;
Moi, seul au monde
Ai vu passer
Cette fourmi.
Au temps des Grecs
Et des Romains,
D’autres fourmis
Couraient ainsi
Dont rien jamais
Ne parle plus.
Cette fourmi,
Taille ordinaire
Sans aucun si-
Gne distinctif,
Qui serait-elle,
Comment va-t-elle ?
Et toi et moi,
Qui sommes-nous,
Et comment tour-
Nent les planètes
Qui n’ont pas la
Moindre importance ?
Que fait l’histoire
Au fond des cœurs
Et comment battent
Ces cœurs d’hommes
Qui n’ont pas la
Moindre importance ?
Que font les four-
Mis de l’esprit
Ce matin, juin,
Je crois le sept,
Sans aucun si-
Gne distinctif.
Il va pleuvoir,
Cela se sent ;
Cela fera
Du bien aux champs.
― Et ta fourmi,
Taille ordinaire,
Qu’en as-tu fait ?
Que devient-elle,
Crois-tu qu’elle é-
Tait amoureuse,
Crois-tu qu’elle a-
Vait faim ou soif,
Crois-tu qu’elle é-
Tait vieille ou jeune
Ou triste ou gaie,
Intelligente
Ou bien quelconque ?
Pourquoi, pourquoi,
Pourquoi, pourquoi
Ça n’a-t-il pas
Plus d’importance ?

p.147-148-149
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Zéphyr

Le joli petit vent du matin
Qui glousse avec sa voix de satin

A flâné toute la nuit dehors
En frôlant les vivants et les morts.

Il a bu d'enivrants clairs-de-lune
Et joué dans le sable des dunes,

Ecouté le récit d'un ruisseau,
Chatouillé quelque sein jouvenceau,

Regardé par les trous de serrure
Les amours aux profondes morsures,

Respiré les désirs, les détresses,
Sinué dans les lentes caresses,

Butiné le miel bleu de la nuit...
Sur la pointe des pieds s'est enfui,

Préférant les fenêtres ouvertes
Où la grappe du rêve est offerte.

Il a même léché le long glaive
Qui parfois sort sanglant de ce rêve

Mais au matin, ce folâtre vent,
Avec son petit air innocent,

Avec son joli nez de fillette,
Ne parlera pas de ses cueillettes.

Il a l'air d'avoir tout oublié
Au sommet de son haut peuplier

Et pareil au chat repu d'oiseaux,
Il viendra nous aimer du museau,

"Pour toujours" dira ce jeune vent
Qui ne va plus durer qu'un instant.
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Éloignez-vous, je veille et pense à vos noces prochaines. Vos yeux verront encore des vignobles dorés émergeant du matin et des villes blanchies à la chaux,
Et vos sommeils seront peuplés de grands portiques suspendus où rayonne la promesse de Dieu.
Mais mon espoir n’est point parmi vos races. Je veux dans ces forêts cacher mon dénuement qui vous serait un sujet de faiblesse.
Et je demeure aux écoutes.
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